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TV europee: gli emitteniti pubblici nell'era digitale

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- Le televisioni europee passano al digitale, ma non senza ostacoli. Di fronte ad una popolazione scettica, gli operatori del settore e i distributori cercano in tutti i modi di salvaguardare i propri interessi.

Questo articolo è disponibile in francese.

En un siècle, notre environnement a connu de profondes mutations. Dans ce nouveau contexte technologique, la télévision numérique par voie hertzienne a été préférée au câble et au satellite.

Construire l’avenir: les radiodiffuseurs publics à l’heure du numérique

En un siècle, notre environnement a connu de profondes mutations. Télégraphe, téléphone, radiotélégraphie, radiotéléphonie, radiodiffusion, télévision hertzienne, par câble et par satellite, Internet et services en ligne se sont succédés à un rythme accéléré. Aujourd’hui, le passage des services de radiodiffusion de l’analogique au numérique s’est imposé dans la plupart des Etats développés : l’abandon de la diffusion analogique est déjà programmé. Mais l’impact social, culturel et économique de cette évolution réclame une analyse critique. Car les services en ligne et le multimédia englobent deux menaces, même s’ils ont peu de chances de remplacer les médias traditionnels comme le livre, la presse, la radio ou la télévision. Cependant, ils risquent de créer - comme le livre longtemps réservé à l’élite des lettrés - une nouvelle exclusion, avec l’apparition de deux catégories de citoyens : les «branchés» et ceux qui ne le seront pas. Et avec leur logique de globalisation, les technologies numériques peuvent imposer - comme l’imprimerie a d’abord diffusé la religion - une culture dominante : le village global de McLuhan ou sa version pessimiste du ‘Big brother’ d’Aldous Huxley.
La Société de l’Information et ses Autoroutes transmettant instantanément une information à moindre coût partout sur le globe, doivent être orientées par une vision de l’homme et de la société. Et l’utilisateur des Nouvelles Technologies de l’Information doit apprendre à se situer face à cette forme nouvelle de fragmentation du savoir et de la connaissance, pour éviter de devenir prisonnier des réseaux et manipulé par le message. Présente dans presque tous les foyers, la télévision peut jouer un rôle décisif, en défendant l’ouverture d’un large accès à la Société de l’information et en imposant la diversité culturelle comme une alternative à la culture dominante anglo-saxonne.
Dans ce nouvel environnement technologique, la télévision numérique par voie hertzienne, appelée TNT (Télévision Numérique de Terre) a été préféré au câble dont l’extension sur tout le territoire n’est pas réalisable techniquement et économiquement, et au satellite trop vulnérable en termes de défense et de sécurité nationale.

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La Télévision Numérique de Terre, un choix de société

Nouveau moyen de diffusion, la TNT bénéficie d’une supériorité incontestable sur la télévision analogique hertzienne qu’elle est destinée à remplacer : plus de programmes, une meilleure qualité technique et une interactivité ouvrant à tous l’accès à la Société de l’information. Par ailleurs, elle favorisera la mobilité si les réseaux d’émetteurs choisis intègrent cet objectif.
Cependant, son émergence soulève plusieurs questions. Faut-il profiter de cette mutation de l’analogique vers le numérique pour réaffirmer la primauté du politique sur l’économique? Les choix techniques conditionnés par des impératifs industriels doivent-ils privilégier des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général? Comment garantir la diversité culturelle européenne dans un contexte audiovisuel dominé par la logique commerciale, la mondialisation et les mouvements de concentration horizontale et verticale des opérateurs?
L’échec des premières expériences de TNT en Grande-Bretagne, en Scandinavie et en Espagne, est riche d’enseignements. Ces tentatives qui avaient choisi les services à péage au détriment de l’offre en clair, se sont déroulées sans réflexion politique sur l’impact social de la télévision numérique.

En Grande-Bretagne, ITV Digital n’a pas évité la déroute financière malgré 1,2 millions de foyers abonnés en janvier 2002. Concurrencé par le bouquet satellitaire BskyB (totalement numérique depuis juin 2001) et ses 5,5 millions d’abonnés, ITV Digital a investi 1,5 milliard d’euros dans la distribution gratuite de décodeurs, mais sa situation n’a fait que s’aggraver avec un taux de désabonnement supérieur à 20 pour cent. Ses actionnaires, Carlton et Granada, ont donc jeté l’éponge après le refus par l’instance de régulation ITC d’une alliance avec BskyB et des repreneurs. Un abandon qui s’est produit alors que la BBC a prévu d’investir 425 M de livres par an pour un bouquet de chaînes numériques gratuites et que le gouvernement a fixé la fin de l’analogique pour 2006-2010.

En Espagne, le bouquet à péage Quiero TV, présent sur trois multiplex, a survécu à peine deux ans. Créé en mai 2000, il a cessé son activité en avril dernier, avec à peine 220 000 abonnés au compteur et une ardoise de 140 millions d’euros de pertes. Un bilan insuffisant pour lutter avec les deux bouquets satellitaires : Canal Satellite (1,1 million d’abonnés) et Digital&Via Digital (650 000). Mais depuis le 3 avril 2002, la diffusion en numérique terrestre est assurée par les chaînes hertziennes publiques (TVE 1 et La 2) et privées (Antena 3, Tele 5 et Canal+) concessionnaires d’un multiplex. La loi les a obligées à lancer la TNT dans le cadre du renouvellement de leurs licences, bien que l’industrie ne soit pas en mesure de fournir les terminaux adaptés avant 2003.

En Suède, 60 000 foyers étaient abonnés au bouquet à péage de la TNT en juillet 2001 contre 2,3 millions au câble et 850 000 au satellite. Des difficultés techniques, le coût élevé de l’équipement de réception et des programmes peu attractifs ont lourdement handicapé son démarrage. La possibilité de louer des récepteurs numériques à la société Boxer TV Acces depuis l’automne 2001 a faiblement accéléré la pénétration de la TNT qui utilise des normes différentes de celles du câble et du satellite. Aussi les pouvoirs publics envisagent d’imposer le Simulcast et de distribuer des décodeurs TNT, car tout est prêt pour tourner rapidement la page de l’analogique : les émetteurs numériques doivent couvrir 98 pour cent de la population suédoise en juin 2002.

La majorité des pays européens a déjà programmé la télévision numérique. Des expériences de TNT ont été lancées en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas où presque tous les foyers ont accès à une offre très importante par câble et satellite, mais aussi au Danemark, en France, en Finlande(1), en Norvège et au Portugal.

Outil au service des hommes, l’innovation technologique doit satisfaire l’intérêt général qui ne se réduit pas à la somme des intérêts particuliers souvent contradictoires. C’est à cette condition que la TNT réussira en tant que démocratie audiovisuelle numérique. Aussi le pouvoir politique doit apporter des réponses adaptées : faut-il accepter les objectifs des opérateurs techniques et commerciaux ou offrir à tous un meilleur service audiovisuel, permettre aux industriels de vendre de nouveaux produits ou ouvrir au grand public l’accès à la Société de l’information? De nombreux Etats ont déjà apporté des réponses en répartissant les fréquences numériques (regroupées en multiplex), entre opérateurs de services en clair et opérateurs de services cryptés à péage.

En France, le plan retenu pour la trentaine de chaînes numériques terrestres prévoit un partage à égalité entre l’offre en clair et l’offre à péage. Ce choix est celui d’une logique de service public, afin d’éviter la marginalisation progressive des programmes en clair qui priverait de télévision de qualité ceux ne pourraient pas payer. A contre-courant de l’esprit de consommation, la vision française considère que la TNT doit offrir au public une offre élargie de programmes en clair en dehors des circuits d’abonnement, sans entrer en concurrence avec la télévision analogique hertzienne qu’elle remplacera après une période de transition.

1 - En Finlande, ou la décision prise est d’interrompre l’analogique en 2006, trois multiplex ont été alloués, à compter du premier septembre 200, l’un à la télévision publique YLE et deux à des opérateurs commerciaux. Depuis août 2001, 12 chaînes sont diffusées en numériques, 4 par la télévision publique (les 2 analogiques YLE 1 et YLE 2 et deux nouvelles, l’une d’information, YLE 24, l’autre culturelle YLE Teema) et 8 par les commerciaux, dont les deux chaînes hertziennes analogiques existantes.

La Télévision Numérique de Terre, des choix techniques et industriels

La TNT repose sur plusieurs considérations techniques. D’abord, il s’agit de diffuser plus de programmes avec moins de puissance, en utilisant moins de fréquences et en offrant la qualité de l’image et du son numérique. Aujourd’hui, un canal équivalent à une fréquence analogique permet la diffusion et la réception de cinq à six programmes numériques(1), avec une puissance 20 à 30 fois plus faible que celle d’un seul programme analogique.
La télévision numérique va également introduire l’interactivité : chaque téléspectateur pourra établir un lien direct avec le diffuseur (donc intervenir sur le contenu du programme), et se raccorder aux réseaux Internet et à des périphériques informatiques(2) donnant accès à des services interactifs (dans la limite des capacités imposées par l’utilisation de fréquences hertziennes).
Enfin, la TNT va favoriser la mobilité et les récepteurs portables. En effet, la réception numérique nécessite moins de puissance et n’est pas sensible aux échos. Elle permet donc de s’affranchir des contraintes de «l’antenne râteau» dirigée vers l’émetteur pour capter un signal optimal. Comme pour la radio, cette liberté est favorable à la mobilité, sous réserve des solutions technologiques retenues pour les réseaux d’émetteurs(3).

Au-delà des paramètres techniques, les principales incertitudes liées au développement de la TNT viennent des luttes entre les opérateurs techniques, les industriels et les réseaux de distribution qui avancent des exigences contradictoires pour préserver leurs acquis. Les grands opérateurs de réseaux, souvent en position de quasi-monopole ou de duopole pour la diffusion hertzienne analogique, essayent d’imposer pour le numérique, un modèle calqué sur la télévision analogique. Les fabricants d’équipements de réception, industriels et distributeurs de téléviseurs, préfèrent un développement progressif de la TNT afin de réaliser d’abord des marges importantes sur des récepteurs haut de gamme numériques, alors qu’un essor rapide stimulerait la demande d’adaptateurs bon marché. Autre conséquence de leur logique commerciale : la mobilité ne les séduit pas car elle entraînerait la vente de téléviseurs portables moins coûteux. De leur côté, les fabricants et installateurs d’antennes sont évidemment hostiles aux choix techniques qui permettraient de s’affranchir des contraintes d’antenne. Quant aux opérateurs de bouquets commerciaux du câble et du satellite, ils tentent sous de multiples prétextes de retarder le lancement de la TNT, vue comme un nouveau concurrent. Tirant parti du temps gagné, ils renforcent leurs positions en misant sur la hausse de l’équipement des foyers pour recevoir la télévision numérique par satellite ou câble, afin de restreindre l’espace pour le numérique hertzien. Une stratégie plus élaborée de regroupement de bouquets numériques autour de plates-formes satellitaires nationales est aussi mise en œuvre. Son objectif : renforcer la pénétration du satellite, mais aussi s’imposer comme l’opérateur naturel de l’ensemble des services de télévision numérique par satellite, câble ou voie hertzienne, en mettant en avant la complémentarité des supports de diffusion.(4)


1 - Les progrès attendus des technologies de compression numériques devraient permettre, à terme, de diffuser plus de programmes avec le même niveau de qualité.

2 - Alors que Microsoft développe la technologie Greco qui permet de lire des pages web sur n’importe quel terminal numérique, Sony a passé un accord avec AOL Time Warner en vue de faciliter la connexion au réseau Internet en dotant de connexions tous ces équipements commercialisés aux Etats Unis, y compris les téléviseurs

3 - Deux types de réseaux d’émetteurs permettent la diffusion numérique:
- les réseaux MFM (Multiple Frequencies Network), calqués sur les réseaux analogiques, qui recourent à des émetteurs puissants installés sur des points hauts desservant une vaste zone de réception;
- les réseaux SFM (Single Frequency Network), proche du modèle de la radio en FM, qui revient à installer des émetteurs de petite ou moyenne puissance à proximité des points de réception.
Les réseaux MFM, retenus en Europe par le Royaume Uni et la France pour la TNT, permettent plus difficilement de s’affranchir des contraintes d’antennes les réseaux SFM, adoptés par l'Espagne, le Danemark, les Pays-Bas et l'Allemagne, qui permettent en outre d’utiliser utilisant la même fréquence pour des programmes nationaux ou régionaux.

4 - En France Canal Satellite, faisant valoir son expérience en matière de distribution et de gestion d’abonnés, souhaite se positionner comme l’opérateur commercial de la TNT, comme l’opérateur de téléphonie mobile ORANGE qui met aussi en avance son expérience en ce domaine.

La Télévision Numérique de Terre, des choix économiques

L’approche exclusivement commerciale de la TNT en Grande-Bretagne et l’Espagne s’est terminée par l’échec d’ITV-Digital et de QuieroTV face à la concurrence de bouquets satellitaires proposant pour un coût équivalent une offre infiniment plus large.
En France, où les deux tiers de la population ne reçoivent que les cinq chaînes de télévision hertziennes en clair, les pouvoirs publics ont fait un choix politico-social pour la TNT qui devrait démarrer en 2003 : attribuer à parts égales les 33 canaux numériques à des chaînes gratuites en clair et à des chaînes cryptées à péage. Le 22 mars 2002, l’appel d’offres du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a réuni 69 projets(1) (dont 13 en clair) pour les 22 canaux restant à attribuer(2), car huit canaux numériques sont déjà réservés pour le service public(3) et trois seront affectés ultérieurement à des télévisions locales ou associatives.
Ces nouvelles chaînes représentent de réelles opportunités pour les éditeurs de programmes, mais il faut évidemment disposer d’un financement. Pour les chaînes hertziennes existantes, publiques et privées, il s’agit simplement d’un surcoût généré par la double diffusion en analogique et en numérique, avant la mutation planifiée vers le tout numérique qui fera basculer les ressources des chaînes analogiques, (publicité et redevance), vers les chaînes numériques. Pour accompagner le développement numérique de la télévision publique, le gouvernement a garanti à France Télévisions en novembre 2001 (contrat d’objectif et de moyens) une progression annuelle minimum de la ressource publique de 3,1 pour cent pendant cinq ans, plus une part variable de 0,4 à 0,6 pour cent en fonction des résultats qualitatifs obtenus. France Télévision va également recevoir 1 milliard de francs, dont 350 millions dès 2002. En contrepartie, le groupe public s’est engagé à redéployer en interne 3,2 milliards de francs en cinq ans pour développer la TNT.
Le financement des 25 autres chaînes s’annonce plus incertain, en raison du ralentissement des dépenses publicitaires et de l’énigme représenté par le fonctionnement d’une quinzaine de nouvelles chaînes cryptées alors que les revenus des abonnements sont déjà trop faibles pour la plupart des chaînes à péage du câble et du satellite existantes (chiffre d’affaires 2001 estimé à 6,5 milliards de francs pour 2,5 milliards de recettes). Et ces dernières ne pourront se positionner dans l’offre de la TNT(4) qu’autour de thématiques porteuses : jeunesse, musique, sport, information, fiction, documentaire…
Quant aux trois chaînes locales prévues, leur financement dépend surtout de l’ouverture des secteurs actuellement interdits de publicité : grande distribution, édition et cinéma.
Cette vaste restructuration de l’offre audiovisuelle doit aussi s’accompagner d’une harmonisation des procédures d’accès. En effet, la TNT doit être complémentaire avec le câble et du satellite, comme les radios de la bande FM lors de leur création.


1 - Après examen des dossier le CSA a admis à concourir 66 dossiers.

2 - La loi a prévu que chaque éditeur d’une chaîne hertzienne analogique nationale dupliquée en numérique dans l’offre de la TNT a droit à une chaîne supplémentaire, mais qu’aucun groupe ne peut détenir plus de 5 chaînes numériques.

3 - Les huit chaînes numériques de service public : France 2, France 3, La Cinquième, Arte diffusée 24h/24, France Télévision Info, Une chaîne de reprises des meilleurs programmes des chaînes de France Télévision, Une chaîne régionale découplée entre 8 programmes régionaux, une chaîne civique qui incluerait les programmes des deux chaînes parlementaires.

4 - Les principales chaînes du câble et du satellite en France : Canal J, Teletoon, Fox Kid, Carlton Network … pour la jeunesse ; Eurosport, Pathé Sport, Equipe Tv, Equida, OMTV, pour le sport ; MCN, M- Music, MTV, Mezzo/Muzzik, RFMTV, Fun TV, pour la musique, Planéte/Discovery, Odysée, pour les documentaires, RTL 9, TF 6, TMC, 13éme Rue, Paris Première, Canal Jimy, Comédie… à vocation semi-généraliste.

La TNT, une télévision accessible à tous : des choix juridiques

L’adaptation de l’audiovisuel au numérique nécessite un cadre réglementaire limitant le contrôle de l’opérateur technique sur les programmes et garantissant transparence et liberté d’accès aux téléspectateurs et éditeurs de programmes. Cela implique un accès technique simplifié et un accès commercial ouvert.
Pour capter les chaînes numériques en clair, les téléspectateurs devront s’équiper d’un téléviseur numérique ou d’un décodeur transformant le signal numérique en signal analogique. Pour les services payants, le décodeur doit également décrypter le signal. Et actuellement, chaque bouquet numérique a son propre système et équipement de décryptage et de navigation : le téléspectateur abonné ne peut pas changer d’opérateur sans changer de matériel, ce qui handicape lourdement la croissance des bouquets numériques. Au niveau technique, il faudrait donc adopter de standards ouverts de cryptage et de navigation, pour pouvoir accéder (et s’abonner) avec le même terminal à plusieurs bouquets utilisant des contrôles d’accès différents.
Sur le plan commercial, les opérateurs de plates-formes pourraient dicter leurs conditions avec de systèmes fermés de cryptage et de navigation. Mais l’intérêt général ne peut se satisfaire de cette logique marchande car de nombreux téléspectateurs ne pourraient pas se permettre des abonnements coûteux à des services de télévision à péage.
Pour résoudre ce conflit d’idées opposant les partisans du marché aux défenseurs du rôle social et culturel de l’audiovisuel, un cadre réglementaire adapté est indispensable. Il doit permettre la fluidité du marché indispensable au pluralisme, tout en libérant la télévision numérique du règne des systèmes propriétaires gérés par les opérateurs de bouquet. Le législateur italien a ainsi décidé en mars 2001(1), de séparer les fournisseurs de contenus (titulaires d’une autorisation) et les opérateurs de réseaux (sous licence) qui doivent maintenant ouvrir 40 pour cent des capacités de leur multiplex à d’autres éditeurs. Dans la même logique, séparer les circuits de distribution des équipements de réception et ceux de distribution des abonnements, semble également nécessaire. Et à l’échelle européenne, un cadre normatif doit aussi exister afin de préserver les équilibres actuels et la fluidité d’un marché éclaté qui limite la portée de solutions régionales ou nationales. Par quels moyens? En garantissant l’adoption de standards ouverts de codage et de navigation, tout en limitant le contrôle de l’opérateur technique sur les programmes.


1 - Dans cette loi le législateur italien a fixé à la fin décembre 2006 l’arrêt des émissions analogiques, délai qui ne semble pas pouvoir être respecté.

La télévision numérique, un challenge pour la télévision de service public

En Europe, le pluralisme télévisuel existe grâce à la présence relativement équilibrée d’opérateurs publics et privés. Les mouvements de concentration, à priori une menace pour la diversité culturelle, sont au contraire un atout pour les télévisions de service public. Dégagées de l’obligation de réaliser des profits pour les actionnaires comme les chaînes commerciales, les télévisions publiques doivent optimiser l’utilisation de leurs moyens pour mener à bien leur mission de rassemblement et de cohésion sociale.
Le 17 octobre 2001, la Commission européenne a entériné la possibilité d’inclure dans la définition du service public de la radiodiffusion les nouveaux moyens technologiques et les nouveaux services de la Société de l’information. En développant le numérique hertzien, les télévisions publiques garantissent le pluralisme de l’audiovisuel en évitant le monopole des opérateurs techniques et commerciaux de plates-formes. Elles contribuent aussi à l’existence d’une offre de qualité, car la concurrence de télévisions publiques performantes a toujours contraint les chaînes commerciales à maintenir leur production à un meilleur niveau, tant en volume qu’en qualité.
Pour réussir leur mission sociale et culturelle, les télévisions publiques doivent s’adapter. Fédérant tout le public, elles ont pour vocation de faire partager, grâce à la diversité des contenus, les valeurs culturelles communes à l’audience la plus large. Par ailleurs, en tant que télévisions pour tous les publics, elles vont pouvoir répondre à la demande d’informations de proximité géographique et développer des offres thématiques de proximité culturelle, en multipliant les décrochages régionaux et locaux(1).

Le projet de France Télévisions pour le numérique terrestre s’inscrit dans cette logique. Les trois canaux supplémentaires qui lui sont attribués vont lui permettre de lancer deux chaînes nationales, une réservée à l’information, l’autre à la famille, à la jeunesse et à la culture. Son offre de proximité va également s’étoffer considérablement avec huit programmes régionaux.

Les modalités de la mutation télévisuelle de l’analogique vers le numérique relève de la responsabilité de chaque Etat. Cependant, la mission de service public de la télévision implique plusieurs impératifs. D’abord, il faut assurer la continuité du service : le lancement du numérique ne doit pas priver de télévision les foyers qui ne seront pas équipés de récepteurs nouvelle-génération. Aussi les chaînes analogiques actuelles devront être diffusées simultanément en analogique et en numérique pendant une dizaine d’années (durée de vie d’un téléviseur). Il faut aussi encourager la pénétration du numérique, car seule une offre élargie en clair et de qualité, peut justifier l’achat d’un adaptateur numérique ou le remplacement d’un téléviseur. Et la télévision publique a un rôle moteur à jouer car les opérateurs commerciaux préfèreront attendre la maturation du marché pour développer de nouvelles offres. Enfin, il faut garantir le pluralisme avec des standards ouverts de codage et de navigation et de nouveaux cadres normatifs. Sinon, un nombre limité d’opérateurs imposera des conditions techniques et commerciales et contrôlera la programmation. Mais l’action législative ou réglementaire peut se révéler insuffisante car les puissants opérateurs commerciaux transnationaux sont armés de budgets et de capacités d’investissement de plus en plus importants, en particulier avec la multiplication des fusions et acquisitions. Pour rivaliser, les chaînes publiques nationales doivent acquérir une nouvelle dimension intégrant l’aspect transnational et développer de nouvelles synergies, notamment au sein de l’UER : élargissement concerté de leurs zones de couverture grâce aux technologies numériques satellitaires, développement de formats ou de thématiques communes, d’achats de droits groupés… Fortes de leurs audiences, les chaînes publiques ne doivent pas sous-estimer leur potentiel de développement dans l’environnement numérique. Actuellement, les opérateurs commerciaux mettent en avant leur audience potentielle sur tous les supports, mais il faut garder en mémoire les mésaventures des entreprises de la «Nouvelle Société de l’Information», surévalués sur la seule base de leur audience potentielle alors qu’elles n’avaient pas de clients, et l’effondrement boursier qui a suivi.

En Europe, le service public de la radiodiffusion doit préserver une relation spécifique entre le téléspectateur et la télévision, différente du lien d’un consommateur à son fournisseur. Et seuls les opérateurs de télévisions publiques peuvent empêcher une domination à terme par quelques groupes marchands d’une télévision devenue un simple support de la publicité et du commerce électronique. Pour y parvenir, les chaînes publiques historiques doivent prendre une nouvelle dimension dans l’univers numérique en mouvement, adapter leurs organisations et leurs modes de fonctionnement.

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