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Peter De Maegd • Producteur

"Le point essentiel est de pouvoir voyager sur différentes plateformes"

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- Producteur indépendant, Peter De Maegd s’est impliqué dans plusieurs projets aux formats innovants, tels que Where is Gary ? ou Miss Homeless, via sa société Potemkino

Peter De Maegd • Producteur

Producteur indépendant, Peter De Maegd s’est impliqué dans plusieurs projets aux formats innovants, tels que Where is Gary ? ou Miss Homeless, via sa société Potemkino. Il a aussi conçu et produit The Spiral, une production interactive qui a été diffusée simultanément dans huit pays, invitant le public à vivre l’histoire à la fois sur le petit écran, sur la toile et dans la réalité.

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Cineuropa a rencontré le producteur à l’occasion de la formation Screen4all – TV augmentée, produire pour les nouveaux écrans. 

Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a conduit à développer The Spiral et son aspect participatif ?
Peter de Maegd: Je suis producteur : depuis plus de dix ans je développe, finance et produit des films, mais aussi des histoires, dont parfois des films documentaires.

Il y a quelques années, en 2009, Jean Baptiste Dumont, un réalisateur, est rentré au bureau et nous a dit : « J’ai été arnaqué par un homme qui s’appelle Gary, et j’ai découvert qu’il a arnaqué des gens dans toute l’Europe. J’ai trouvé des témoignages en ligne et j’aimerais le retrouver à travers les témoignages de ces personnes. Nous pouvons en faire un documentaire, créer un dialogue avec une audience ».

On a créé une architecture et on s’est donné dix semaines pour retrouver Gary, avec deux épisodes par semaine. C’était une expérience réellement positive, entre autre parce qu’on a retrouvé Gary, et la fin du documentaire est une interview avec lui. 

C’était vraiment une expérience très positive où on a pu créer des connexions, lier le potentiel d’internet à un format traditionnel, c’est-à-dire un documentaire de 52 minutes. Ça a commencé comme une expérience en ligne pour retrouver Gary, avec 20 web-épisodes au total, et de ça on a créé un montage de 52 minutes.

Pour nous c’était notre première expérience pour créer une conversation avec l’audience, ce qui est la direction que l’on veut prendre avec tous les projets que l’on développe

Par exemple, cet été nous avons tourné un film qui s’appelle Cub (lit. Louveteau). C’est un long-métrage, un film d’horreur des scouts qui partent en camp dans une forêt parsemée de pièges. C’est un film traditionnel, de haute qualité, avec un budget de plus 2 millions d’euros, etc.

Comment, alors, entamer un dialogue avec l’audience ? La première chose que est de créer une page Facebook. On a eu facilement 1.000 suiveurs (3.000 actuellement) alors qu’on vient seulement de terminer le tournage, c’est une communauté assez active.

Mais on s’est posé la question de savoir ce qu’on allait faire avec cette page. On s’est dit qu’on allait faire une campagne de crowdfunding, pas du film, mais plutôt le crowdfunding d’une chose très spécifique, c’est-à-dire les pièges : « Buy a trap, kill a cub ! » (Lit. Achetez un piège, tuez un louveteau !)

Nous avons rencontré un beau succès : nous avons obtenu 35.000 euros de financements, pu connecter un format traditionnel à un aspect innovant et c’est un peu un pitch pour nous aussi : il y a des louveteaux, il y a des pièges et ils se font tuer. 

Mais dans le contexte de The Spiral, la conversation avec l’audience faisait vraiment partie dans l’univers fictif, non seulement à la télévision, mais aussi en ligne et en réalité. 

C’est vraiment quelque chose qui est né d’une curiosité et d’une petite expérience il y a cinq ans, et maintenant c’est vraiment devenu une nouvelle direction pour tous les projets qu’on développe et finance. Je suis vraiment content d’être ici, parce que je trouve que c’est hyper important de partager ces expériences, et aussi j’espère inspiré d’autres gens à créer des projets similaires et encore plus populaires.

Est ce qu’un projet tel que The Spiral pourrait être transposé au cinéma ? Est-ce possible ou réalisable ?
Je crois que ce qui est extrêmement intéressant dans le cinéma est qu’aller au cinéma est un évènement en soit, c’est un événement social. Tu es immergé dans un univers. Chez toi, il y a beaucoup de distractions.

Je pense qu’il faut respecter les formules qui fonctionnent bien, et un film ou une série TV, une narration fictionnelle, c’est quelque chose dans lequel tu es concentré sur l’image. Si tu ne te concentres pas sur l’image,  cela signifie que la narration n’est pas bonne.

Je crois donc qu’il faut vraiment respecter la narration audiovisuelle traditionnelle, mais le point essentiel est de pouvoir voyager sur différentes plateformes, et je pense que c’est ici que réside le potentiel. Ça, en combinaison avec la communication autour d’une histoire.

Par exemple, dans Cub, toute la communication se fait autour du film, il n’y a pas d’univers fictif. Dans The Spiral, toute la communication, la conversation faisait partie d’un univers fictif. Cependant, c’était tellement fictif que cela en devenait trop fermé.

Donc, dans le futur il faut créer un bon mix entre la conversation fictive et une conversation méta-fictive. Il faut encore trouver les bons mots, l’objectif étant d’expliquer ce qui se passe.

On est sans doute dans une période où il y a un changement fondamental sur la façon de financer, mais aussi sur les méthodes de consommation, de production, de distribution… C’est un changement de toute une industrie, de toute une société. Il faut chercher de nouvelles façons de construire des sociétés, des projets, de nouveaux outils. Si l’on n’accepte pas cela, on deviendra de plus en plus obsolète.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les aspects financiers de cette série très innovante et européenne ?
Le projet est né de deux ambition : créer une collaboration pan-européenne entre plusieurs chaînes publiques, et avoir une narration multiplateforme. En termes de financement, il y a sept chaines, dont une seule commerciale au Danemark ; les autres sont des chaînes publiques de Finlande, Suède, Norvège, Pays-Bas, Flandres et Arte pour la France et l’Allemagne.  Leurs contributions représentent un tiers du budget. L’autre tiers du budget vient des fonds, des fonds en Flandres, au Pays-Bas, en Allemagne et européen, du programme MEDIA, qui était vraiment essentiel pour pouvoir faire ce projet, via Interactive Works et par l’aide pour les séries TV. Le petit tiers restant a été financé grâce aux tax incentives, le Belgium Tax Shelter, ainsi que de fonds qui investissent dans l’innovation, plus un peu de participation de notre côté.

Si on regarde par pays, plus que la moitié du financement venait de Belgique, 10% de l’Union européenne, un petit 10% des Pays-Bas, et autour de 6 à 7% pour les autres pays.

Le budget global était de 6 millions d’euros. De ces 6 millions, plus de 70% ont été investis dans la série TV, et environ 10% dans le volet participatif. Il est important de souligner que le financement du volet participatif n’était pas le même que pour la série TV : les dépenses pour la partie participative de The Spiral n’ont jamais entravé la production de la série, et vice-versa.

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