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LOCARNO 2022 Piazza Grande

Critique : Delta

par 

- Le réalisateur italien Michele Vannucci livre un western particulièrement humide situé dans un monde que même le soleil a oublié

Critique : Delta
Alessandro Borghi et Luigi Lo Cascio dans Delta

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de Michele Vannucci, qui a fait sa première dans la section Piazza Grande du Festival de Locarno, pourrait (peut-être devrait) être une série TV au long cours. Ce n’est pas exactement une plainte qu’on formule ici, mais l'univers créé ici se prêterait très bien à une production d'une envergure plus large qui serait aussi une occasion de composer un vrai récit italien noir situé sur le delta du Po. Mais bon, "stop avec l'Italie et les Ferrari", dit quelqu’un ici. On est ici dans un monde différent que même le soleil a oublié.

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Bien que les personnages soit principalement des ébauches, Delta reste un film bien exécuté, qui tire tout le profit qu’il peut de son étrange décor brumeux, que les gens continuent d’aimer et pour lequel ils sont encore prêts à se battre, bien qu'on ait du mal à dire pourquoi, tant le delta donne déjà l’impression d’être mort, gris et abandonné (il ne reprend vie que dans les souvenirs ou les vieux enregistrements). Jadis, apparemment, il était plein de rire et de joie, et de familles qui vivaient la vie qu'elles avaient choisie. Après, encore une fois, les souvenirs sont menteurs eux aussi : la brume était probablement là dès le départ.

Dans cette zone dont les belles années sont loin derrière, des conflits de toutes sortes sont en train de dévorer la petite communauté qui y vit. Il y a de nouvelles règles qui ont été fixées pour protéger l'endroit, mais elles sont mauvaises pour le commerce, il y a un risque réel que des déchets industriels détruisent le peu qu’il reste, et des braconniers avec des pistolets à impulsion électrique. D’une certaine manière, il y a quelque chose dans cette histoire qui rappelle le gagnant de l'Ours d'or berlinois de l'année, Alcarràs [+lire aussi :
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de Carla Simón : ici aussi, des familles entières doivent abandonner leurs vieilles manières de vivre, même si elles n'en ont vraiment pas envie. Sauf que cette fois, elles vont aussi être confrontées à la violence, au feu et à des visages qui puent la haine.

Vannucci commence par une sorte d'observation sociale, mais il ne tient pas du tout à nous livrer du slow cinema et se déplace dès que possible sur le terrain du cinéma de genre. La situation s'envenime vite et le récit universel répondant au schéma "nous" contre "eux" devient vite un duel entre Elia (Alessandro Borghi de Suburra [+lire aussi :
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) et Osso (Luigi Lo Cascio). À partir de là, Delta fait l’effet d’un western particulièrement humide, avec deux hommes qui deviennent obsédés par une guerre dont ils auraient probablement du mal à re-situer l’origine. Ironie du sort : il pleuvait fort lors de la première de Delta, et c'est probablement dans ces conditions que ce film devrait toujours être projeté.

Le film vire ensuite au mélo masculin, et le fait que les personnages féminins soient extrêmement minces n’aide pas (tout ce qu’elles font, c’est fournir encore plus d'excuses pour que la folie continue, et commenter l’eye-liner de leur copine). Ceci étant dit, Borghi (déjà excellent cette année dans le titre cannois Les Huit Montagnes [+lire aussi :
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) est tout simplement fantastique : c’est un homme-ours portant des mitaines qui essaie de protéger la famille qui l'a accueilli, mais se rend compte qu’il est demeure seul. Quand il est confronté avec une tendresse soudaine, il s’écroule. Le parcours de Lo Cascio est encore plus sombre : il passe de protecteur de la rivière, avec une chanson qui joue constamment dans sa tête, à quelqu’un qui semble tout simplement jaloux, qui a besoin de gagner, au moins une fois. "Pourquoi faut-il toujours que tu souffres ?", lui demande sa sœur. Mais tout le monde souffre ici, dans le delta du Po.

Delta à été produit par Groenlandia, Kino Produzioni et RAI Cinema. Les ventes internationales du film sont assurées par True Colours. En Suisse, le film sera distribué par Xenix Filmdistribution.

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(Traduit de l'anglais)

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