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KARLOVY VARY 2022 Compétition

Critique : A Provincial Hospital

par 

- Ilian Metev, Ivan Chertov et Zlatina Teneva documentent la pandémie de Covid-19 vue d’un hôpital situé dans une petite ville bulgare avec empathie et chaleur humaine

Critique : A Provincial Hospital

Tout au long de la pandémie de Covid-19, nous avons vécu, vu et entendu beaucoup d’histoires sur l’état désastreux des hôpitaux dans les régions les moins développées du monde. Dans A Provincial Hospital [+lire aussi :
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, les co-réalisateurs Ilian Metev (Sofia's Last Ambulance [+lire aussi :
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), Ivan Chertov (le directeur de la photographie sur February [+lire aussi :
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) et Zlatina Teneva ne pouvaient ainsi pas nous apprendre grand chose de neuf. Ceci étant dit, ce documentaire, qui vient de faire sa première mondiale en compétition à Karlovy Vary, propose une observation profonde, humaine et étonnamment rafraîchissante du comportement humain et du caractère des gens dans une situation où la vie est en jeu, le tout sur un ton caractéristiquement balkanique.

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L’hôpital dessert la ville de montagne de Kyustendil, qui a une population d’environ 50 000 habitants et s'est trouvée durement frappée par le coronavirus. Les co-réalisateur suivent ici le Docteur Evgeni Popov et sa petite équipe. Popov, grand, cheveux gris, visage carré, conserve un air d’autorité distingué même quand il est épuisé ou exaspéré. À mesure que le film avance, on constate que tout le monde le respecte, et ce pas seulement pour ses compétences ou parce qu'il est médecin en chef, mais aussi parce qu'il reste accessible et a une approche personnelle de chaque patient.

La plus grande peur qui plane au-dessus de ces derniers comme un nuage sombre est d’aller en soins intensifs, parce que personne n'en ressort vivant. L’un d'eux est une vieille dame émotive, qui chante les louanges du docteur pour avoir sauver sa vie et ensuite, quand on lui dit qu’elle va pouvoir sortir, rit de joie, pour éclater en sanglots la seconde d’après. Il y a aussi un ancien champion de tennis de table, encore assez athlétique, qui se retrouve dans une chambre avec un ami d’enfance, ce qui n’est pas inhabituel dans une petite ville. Le troisième patient sur lequel le film se concentre plus particulièrement est un jeune homme de 32 ans qui refuse d'être placé sous respirateur et demande à rentrer chez lui alors que sa situation est considérée critique. Le Docteur Popov est de fait contraint d'appeler sa famille et le menace de le menotter à son lit.

Ce segment suit la seule mort montrée dans le film, même si beaucoup surviennent hors champ. Après que le corps ait été évacué de la chambre, la caméra reste avec l'infirmière tandis qu'elle retire en slience son équipement de protection et nettoie sa visière. Le bruit et murmure constant du lieu s'efface progressivement jusqu'à disparaître, permettant efficacement au spectateur de se rapporter à l'état d’esprit de la dame.

C’est le seul moment de silence de tout le documentaire, qui n'a pas besoin de faire d’efforts démesurés pour créer des effets dramatiques. Au lieu de cela, les co-réalisateurs observent, à travers une caméra la plupart du temps fixe (qu’elle soit tenue à l’épaule ou sur trépied), sauf quand survient une crise.

Ce qui ressort le plus nettement du film est la résilience, mentale, psychologique et émotionnelle. La jovialité typique des gens des Balkans, pratiquement inévitable dans les hôpitaux et autres institutions publiques, est ici amplifiée par de généreuses doses d’humour noir. On sent très fortement que c’est le seul mécanisme de défense dont les patients comme le personnel disposent contre le désespoir.

L'accès sans restriction à tout l'hôpital que les co-réalisateurs se sont vus accorder leur a permis de manœuvrer dans les espaces exigus de ce complexe sous équipé et sous-financé et, sur 70 jours de tournage, de se rapprocher émotionnellement des personnages centraux. Dans plusieurs cas, ils s’adressent directement à eux, parfois même entrent dans l'image pour prêter main forte. Cette chaleur humaine, cette connexion entre les gens transpire à l’écran et malgré les événements inévitablement tragiques que dépeint le film, le spectateur en sort avec un sentiment d’espoir.

A Provincial Hospital a été coproduit par les sociétés bulgares Agitprop et Chaconna Films avec l'enseigne allemande Sutor Kolonko.

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(Traduit de l'anglais)

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