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HOT DOCS 2022

Critique : The Killing of a Journalist

par 

- Ce documentaire par Matt Sarnecki sur le meurtre du journaliste Ján Kuciak examine les effets de la corruption en Slovaquie et semble tendre un miroir à de nombreuses démocraties autoproclamées

Critique : The Killing of a Journalist

The Killing of a Journalist [+lire aussi :
interview : Matt Sarnecki
fiche film
]
, le nouveau documentaire de Matt Sarnecki, producteur et cinéaste américain installé à Bucarest, vient d’être présenté en avant-première au Hot Docs. Le film traite du double meurtre du journaliste slovaque Ján Kuciak et de sa fiancée, Martina Kušnírová. En plus d’offrir des informations surprenantes, ce documentaire d’investigation explore comment la proximité du crime organisé avec un gouvernement, un système judiciaire et une police corrompus, peut concrètement marquer la vie d’un pays européen théoriquement démocratique.

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Le personnage principal est Pavla Holcová, une collègue de Kuciak du site web Aktuality.sk. Ensemble, ils ont collaboré pour dénoncer les liens entre les plus hauts responsables et l’oligarque Marian Kočner, mais aussi avec la mafia calabraise 'Ndrangheta. Sarnecki interroge également des confrères journalistes, des sociologues, les familles et avocats du couple assassiné, mais également l’avocat de Kočner.

Kočner s’avère être le personnage central, qui effectivement, a régné sur le pays jusqu’à son arrestation pour fraude fiscale quelques jours seulement après le meurtre. Oligarque caractéristique et violent des années 1990 avec voitures tape-à-l’œil, chaines en or et IPhones personnalisés, il a conservé son pouvoir jusqu’à l’adhésion à l’UE de l’une des économies les plus prospères d’Europe de l’Est dans les années 2000, du moins sur le papier. Mais tout était pourri de l’intérieur. C’est exactement ce qu’Andrej Kiska, alors président, a déclaré à la nation dans une allocution (d’une honnêteté discutable) juste après le meurtre, prenant ses distances vis-à-vis du Premier ministre Robert Fico, du ministre de l’intérieur Róbert Kaliňák et du chef de la police Tibor Gašpar.

En l’espace de seulement deux semaines après l’assassinat, poussés par l’augmentation des manifestations publiques, Fico et Kaliňák ont démissionné. Gašpar, lui, est resté en poste deux mois de plus. Pourtant, même à ce moment-là, les choses étaient loin d’être terminées. Il était difficile de prouver les liens avec le crime organisé et le système judiciaire regorgeait de procureurs et de juges sous le contrôle de Kočner. Mais, Holcová a ensuite reçu, d’une source anonyme au sein de la police, un grand nombre de documents confidentiels, parmi lesquels les mails et les relevés téléphoniques de Kočner.

Avec des caméras de vidéosurveillance installées dans l’ensemble des villes slovaques, retrouver le tireur, le conducteur et l’intermédiaire n’a pas été compliqué. Une incroyable vidéo nous montre le tireur avec la police lors d’une reconstitution dans laquelle il indique et explique la manière dont il a assassiné le couple. Dans un témoignage filmé, l’intermédiaire conclut un accord de plaider-coupable et se retrouve face au commanditaire présumé du double meurtre : une femme proche de Kočner, sorte de Mata Hari infiltrée parmi les hauts responsables politiques.

En dépit de toutes les preuves, il n’est pas certain que Kočner soit déclaré coupable. Mais le suspense est secondaire face à l’exploration du niveau de corruption au sein du gouvernement. Sarnicki développe ses arguments avec brio à travers des interviews approfondies, imbriquées dans une histoire captivante montée par Janus Billeskov Jansen.

Lorsque Fico veut répondre aux affirmations de Kiska, il demande "Pourquoi le président a-t-il rencontré George Soros à New York en 2017 ?" Cela fait suite à un numéro organisé pour la presse, où il a mis un million d’euros sur la table pour obtenir des informations sur le tueur. Une telle arrogance de la part d’un haut dignitaire, et sa déconnexion d’avec la réalité, parleront aux habitants de Pologne, de Hongrie, de Roumanie, de Bulgarie et de Serbie. Mais l’objectif du film et la manière avec laquelle il va l’atteindre résonneront partout dans le monde.

The Killing of a Journalist est une coproduction de Final Cut for Real et Go Fat Productions (Danemark), Frame Films (République tchèque) et le Organised Crime and Corruption Reporting Project. Cinephil est responsable des ventes internationales.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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