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VISIONS DU RÉEL 2022 Compétition

Critique : 5 Dreamers and a Horse

par 

- Le film du duo arménien Aren Malakyan-Vahagn Khachatryan nous prend par la main pour nous guider dans l’intimité de personnages à fleur de peau qui se battent pour survivre, chacun à sa manière

Critique : 5 Dreamers and a Horse

5 Dreamers and a Horse [+lire aussi :
interview : Vahagn Khachatryan et Aren…
fiche film
]
d'Aren Malakyan et Vahagn Khachatryan, présenté en première mondiale à Visions du Réel dans le cadre de la compétition internationale longs-métrages, nous confronte avec une galerie de personnages qui cherchent à imposer leur identité hors du champ d’une "normalité" suffocante. Grâce au regard empathique et esthétiquement poétique des deux réalisateurs, 5 Dreamers and a Horse met en scène trois facettes de l’Arménie : celle représentée par la responsable d’un ascenseur d'hôpital qui rêve de devenir astronaute, porte-voix d’un soviétisme urbain exalté, une deuxième dont le héraut est un paysan en quête de la femme parfaite confronté avec un problème de stérilité, exemple tristement parfait d’une société rurale dominée par le patriarcat, et une troisième incarnée par deux personnages queer qui militent pour la liberté d’être simplement ce qu’ils sont – symbole d’une ouverture sur un Occident rêvé et idéalisé.

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Avec 5 Dreamers and a Horse, Aren Malakyan et Vahagn Khachatryan signent un film sur les rêves, sur le désir de vivre un futur idéal dans lequel on peut devenir des héros et héroïnes. À travers la mise en scène à la fois ferme et respectueuse de leurs sujets personnages, les deux réalisateurs arméniens nous offrent une opportunité d’observer leur nation sans les filtres imposés par un gouvernement qui voudrait contrôler tout et tout le monde. Leur film dépeint une nation aux multiples facettes où la tradition se heurte avec l’ouverture mentale des jeunes qui ont déconstruisent les limitations.

La communauté queer montrée dans le film, les concerts clandestins et les discussions apparemment banales tenues sur le toit d'un immeuble (lieu métaphorique d'où on peut observer fièrement la ville de Yerevan), incarne la nouvelle génération arménienne prête à se battre pour un avenir où pouvoir exister malgré un patriarcat suffocant qui se croit immuable. Ce que ces jeunes gens veulent, c’est vivre libres, sans frontières (réelles ou imaginaires), redéfinir un monde dont ils sont exclus, un monde qui s’accroche de toutes ses forces à des traditions antédiluviennes fondées sur la domination de l’homme hégémonique. À cet égard, la quête du paysan qui cherche l’épouse idéale est emblématique. Il cherche une femme disposée à accepter le rôle subordonné qu'il veut qu'elle interprète. Prêt à tout pour se conformer à une société patriarcale qui le veut dominant et viril (au sens traditionnel du terme), le futur mari doit se confronter avec les difficultés d’une quête qui s'avère beaucoup plus compliquée que prévu, car il est victime malgré lui d’une carence de prétendantes et d'une infertilité vécue comme un échec. Qu’est-ce qui lui reste au-delà de la façade, quand le masque grotesque finit par céder sa place au réel ? Comment fera-t-il pour accepter son nouveau rôle : celui de l’homme écrasé, stérile et donc inutile ? Son rêve conformiste semble s’évanouir par le fait d’une plaisanterie du destin, au moment même où l'objectif semblait atteint. Un coup du sort qui le pousse, pour le meilleur et pour le pire, à faire face à une "anomalie" qu'il vit, contrairement la communauté queer, comme une tare encombrante.

Aren Malakyan et Vahagn Khachatryan signent un premier long-métrage élégant et mystérieux sur un pays complexe et contradictoire où les traditions archaïques cohabitent avec une génération de jeunes adultes qui rêvent la révolution. Transformer les rêves en réalité : voilà ce que les deux réalisateurs semblent souhaiter à leurs personnages. Un voeu que nous partageons également.

5 Dreamers and a Horse a été produit par la société allemande Color of May et l'arménienne OOlik Production.

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(Traduit de l'italien)

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