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ZAGREBDOX 2022

Critique : Bigger Than Trauma

par 

- Dans son premier long-métrage documentaire, Vedrana Pribačić traite des traumatismes des femmes qui ont été victimes de crimes de guerre

Critique : Bigger Than Trauma

Vedrana Pribačić a commencé son parcours professionnel comme journaliste. Elle a travaillé comme reporter et cheffe de rédaction pour plusieurs stations de télévision croates et internationales avant de passer à la réalisation de films. Pour le moment, le sommet de sa carrière dans l'audiovisuel est le moyen-métrage documentaire télévisuel The Factory Is Ours (2017). Son premier long-métrage de cinéma, Bigger than Trauma [+lire aussi :
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fiche film
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, va faire sa première internationale à la prochaine édition du festival canadien Hot Docs, après une première mondiale à domicile, dans le cadre de la compétition régionale de ZagrebDox. On peut s’attendre à ce qu'il passe à d'autres festivals croates et régionaux avant d'arriver sur le petit écran - puisqu’il a été réalisé en coproduction avec la Radio-télévision croate.

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Pribačić ouvre son film de manière conventionnelle, avec un texte apparaissant à l’écran qui explique des faits connus relatifs aux guerres de Yougoslavie survenues dans les années 1990, une période pendant laquelle d'anciens voisins, amis et époux sont devenus des ennemis jurés. Une interview dans le format tête parlante présente ensuite un de ses personnages centraux, Đurđica. Elle a été violée pendant la guerre par des gens qu'elle connaissait de sa ville natale, Vukovar, après quoi elle a intégré et suivi dans son entier un programme d’émancipation dont l’objectif était de proposer la thérapie nécessaire pour les femmes victimes de crimes de guerre. Dans ce cadre, elle a ensuite servi de mentor à de nouveaux groupes de participantes.

Dans la scène suivante, Pribačić change complètement d'approche pour adopter une démarche plus observationnelle, tandis qu’on rencontre progressivement les "personnages" de ce documentaire chez elles, et lors de séances de thérapie de groupe. La réalisatrice suit en particulier trois femmes pendant les séances. Les autres participantes et les thérapeutes (dans différentes spécialités), menés par Marija Slišković, constituent plus des éléments de fond complétant la mosaïque.

Une des femmes, Marija, a été violée par ses voisins qui l'ont tenue en captivité pour qu'elle fasse différentes corvées à leur QG. Elle en a ressenti une honte dont elle n’arrivait pas à se défaire avant de commencer la thérapie. Une autre femme, appelée Katica, a du mal à faire confiance aux gens depuis son traumatisme, qu’elle cache derrière un masque de dureté. La seule femme serbe du groupe, Ana, a été faite prisonnière par l’armée serbe et tandis qu’elle était incarcérée et régulièrement violée, ses voisins serbes ont détruit et pillé sa maison. Elle souffre de solitude et sent le besoin de recourir à l’agression verbale pour se défendre à chaque fois qu’elle se sent attaquée par quiconque. Le film raconte leur histoire et le processus long et douloureux de leur guérison. Ce n’est qu’à la fin qu'on apprend que ce programme, qui fonctionnait pourtant bien, a été suspendu faute de fonds.

Bigger Than Trauma n’est peut-être pas un film tapageur, mais il est bien fait. Le travail de réalisation de Pribačić est habile et le scénario (qu'elle a co-écrit avec la productrice du film, Mirta Puhlovski) bien cadré. La photographie de Dario Hacek sert bien le film : jamais invasive, elle donne l'impression que les personnages ont envie de s’ouvrir. Le montage très assuré de Marta Broz mérite d’être loué pour la continuité qu'il crée à l’intérieur de chaque scène. Le choix d’avoir différentes mélodies (sélectionnées par la productrice-scénariste Puhlovski) avec une certaine couleur ethnique en guise de "thème" pour chaque personnage semble parfois peu approprié, mais il fonctionne bien quand une clef émotionnelle est utilisée pour les décoder. En somme, Bigger Than Trauma est indéniablement un documentaire sincère qui privilégie les émotions des personnages, leurs histoires individuelles et celle qu’elles partagent sur le style.

Bigger Than Trauma est une production croate de Metar60 avec la Radio-télévision croate (HRT) à la coproduction. Le film a été soutenu par le Centre de l'audiovisuel croate (HAVC) et la Ville de Zagreb.

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(Traduit de l'anglais)

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