email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2022 Forum

Critique : Shall I Compare You to a Summer’s Day?

par 

- BERLINALE 2022 : Dans cette interprétation expérimentale du sonnet de Shakespeare, Mohammad Shawky Hassan montre un groupe d’hommes qui détaillent les écueils rencontrés dans leur vie amoureuse

Critique : Shall I Compare You to a Summer’s Day?
Nadim Bahsoun, Ahmed El Gendy, Hassan Dib et Ahmed Awadalla dans Shall I Compare You to a Summer’s Day?

C'est du célèbre Sonnet 18 de William Shakespeare, où un locuteur non identifié loue la beauté d’un jeune homme, que s'inspire très librement Shall I Compare You to a Summer’s Day?, un film expérimental hybride, semi-théâtral, par l'Égyptien Mohammad Shawky Hassan, qui a fait sa première mondiale dans la section Forum du Festival de Berlin. Ce récit assez lâche dans sa confection se concentre sur deux hommes et leur attraction fatale.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le long-métrage, composé de différentes sections séparées par des inserts, tourne comme un manège autour d'une idée simple : deux hommes se rencontrent dans une boîte ou un bar : l’un d'eux est égyptien, l’autre vient d’Amérique latine. L’attirance est instantanée, et une relation sexuelle va suivre peu après. Après ce moment d'intimité qui se déploie de la fin de la nuit aux petites heures du matin, ils se mettent à parler de leur vie amoureuse. L’un deux a eu une vie assez polyamoureuse, alors que l’autre est encore en train de se découvrir. Un futur où ils s'engageraient l'un vis-à-vis de l’autre, et où ils n'amèneraient pas leur passé assez endommagé, semble impossible.

C’est là que s'arrête la partie compréhensible de l’intrigue. Le reste est un assortiment expérimental de dialogues, d’interviews et de chansons qui s'éloigne de l’intrigue principale, où la complémente de manière abstraite. L'ensemble étant joué par une troupe chorale d’hommes LGBTQ placés dans différents scénarios impliquant des mises en contexte réduites à l'essentiel, des décors minimaux et une toile de fond totalement noire, on peut être amené à penser qu'on a affaire à la version filmée d’une production théâtrale artistique. Ce cadre dépouillé alterne avec des animations de peintures de monuments égyptiens, des mondes subaquatiques et des installations lumineuses qui cassent la monotonie des visuels.

Hassan semble rechercher una variation des points de vue : tandis qu’il répète la même histoire, encore et encore, à chaque fois, la perspective et le récit subissent un glissement. Le commencement du film se présente comme la promesse de quelque chose ou comme un panneau d'avertissement. Dans le cadre du récit fictionnel de la rencontre amoureuse, les rôles de chacun des joueurs sont clairement assignés alors qu’en dehors du récit fictionnel, les hommes s'interviewent les uns les autres sur leurs propres expériences. Des rendez-vous Grindr, des plans à trois et des trahisons sont saisis par la caméra, et rattachés au motif shakespearien d'un jour d'été qui "se flétrit".

À cette approche assez sombre du futur est juxtaposée la narratrice de l’histoire. Reprenant certains thèmes des Mille et Une Nuits, Sharazad (Donia Massoud) présente d’abord au spectateur les deux hommes. Sa narration a toutefois un ton plus optimiste et romantique que tout ce que les comédiens expriment dans leurs conversations.

Entre les dialogues et les interviews se font entendre des chansons sur le fait de se languir, d'aimer et d'être abandonné. Les audios de vieux films romantiques et la musique tout en émotion enrichissent les scènes sur le plan acoustique. C’est une fusion des genres, mais qui laisse perplexe. Hassan essaie de nous intéresser avec des séquences en partie trop explicites, en partie trop stylisées des deux hommes interagissant et exprimant leur intimité. La sexualité parfois trop ostentatoire pourrait sembler provocante à certains spectateurs, mais même ces scènes deviennent vite redondantes. On a du mal à se dire que le film ne dure que 66 minutes, car il fait vraiment l’effet d’être beaucoup plus long.

"Je me demande pourquoi il continue de me raconter des histoires que je connais déjà", songe un des personnages vers la fin. En tant que spectateur, on ressent la même chose. Difficile de déterminer si Hassan voulait raconter l’histoire d’une peine de cœur ou mettre le public au défi, mais quoiqu'il en soit, aucun de ces angles ne fonctionne vraiment. Le produit final fait plus l'effet d'une création dans l'esprit "l'art pour l'art" que d'un matériau qui donne vraiment matière à réfléchir.

Shall I Compare You to a Summer’s Day? est une coproduction entre l’Égypte, le Liban et l’Allemagne, pilotée par Amerikafilm.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy