email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2022 Panorama

Critique : Calcinculo

par 

- BERLINALE 2022 : Le deuxième long-métrage de Chiara Bellosi, tout en retenue, est un récit d’adolescence délicat sur le sujet du "body shaming"

Critique : Calcinculo
Barbara Chichiarelli et Gaia Di Pietro dans Calcinculo

Le "body shaming", exacerbé à l’ère du numérique par les réseaux sociaux, qui débordent d'injonctions sur l'apparence qu'on devrait avoir, est encore plus dévastateur quand il survient discrètement, affectueusement, en famille. Ça fait plus de dommages quand c’est votre propre mère, qui se maintient parfaitement en forme et vit dans le regret de n’avoir pas réalisé son rêve de devenir danseuse de spectacles musicaux, et qui vous dit que vous êtes très belle, mais que vous devriez juste perdre un peu de poids, 10 kilos à peu près. C’est ce qui arrive à Benedetta (jouée par Gaia Di Pietro, débutante à l'écran, mais très communicative), l’héroïne de Calcinculo [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Chiara Bellosi
fiche film
]
, le deuxième long-métrage de Chiara Bellosi, de retour à Berlin, dans la section Panorama, après y avoir présenté son premier long-métrage, Palazzo di Giustizia [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, en 2020, dans le volet Generation 14plus.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Benedetta, qui a 15 ans, un regard clair très doux et très bon caractère, évolue sur une ligne droite entre chez elle et l’école, dans une périphérie romaine opalescente et raréfiée. Son amie Claudia méprise sa mère à elle, parce qu’elle a laissé revenir à la maison son mari infidèle. À l'inverse, la famille de Bénédicte semble en tous points parfaite. Sa mère Anna (l'excellente Barbara Chichiarelli), femme au foyer, s’occupe des deux petites sœurs de Benedetta, son père Marco (Giandomenico Cupaiuolo) travaille comme vitrier, mais sa passion est de démonter et réparer des voitures anciennes et "rendre visite" à la voisine sexy. Benedetta ne veut pas finir comme sa mère ; elle mange de la salade au déjeuner et dévalise le frigo la nuit (et si on mange du poulet cru, c’est qu’on a vraiment faim), et s’enferme dans sa chambre pour dessiner des visages féminins.

Quelque chose change quand une nuit, une file de voitures et roulottes débarquent et installent une petite fête foraine dans le champ situé entre la maison et l’école de Benedetta, qui rencontre par hasard un des forains. Cette nouvelle connaissance se fait appeler Amanda. C’est une jeune personne transgenre et à première vue débordante de confiance en elle, interprétée par Andrea Carpenzano, un acteur de la toute dernière génération dont la performance l’annonce comme un possible héritier d’Elio Germano. Attentif à ne pas trop forcer le trait sur la caractérisation du personnage pas facile à jouer qui lui a été confié, Carpenzano pourrait avoir pris comme modèle cisgenre le Jared Leto de Dallas Buyers Club, la séropositivité et la toxicomanie en moins. Quand Amanda parle à Benedetta, elle dit "les gens comme nous...", l'inscrivant tout de suite dans le cercle des gens rejetés par la société, et l’invite dans sa roulotte. Elle lui demande aussi de l'accompagner à un casting pour un spectacle, l'emmène danser, lui fait prendre des drogues en comprimés, la défend contre les gens qui la malmènent. La jeune fille entrevoit ainsi une échappatoire et n'y réfléchit pas à deux fois quand Amanda lui demande de la suivre dans son itinéraire de forain vagabond.

Le film, scénarisé par Maria Teresa Venditti et Luca Bellosi, prolonge le propos sur le regard des adolescents sur le monde commencé par Chiara Bellosi dans Palazzo di Giustizia. Dans Calcinculo, deux êtres humains qui fuient les stéréotypes et les préjudices voudraient simplement vivre leur propre identité de genre et leur corps comme il leur semble bon. La métaphore du manège (le titre du film se réfère à celui qui se compose de petits sièges volants) comme une pure joie, une aventure initiatique et une évasion, est désormais un topos dont le cinéma a déjà bien usé et abusé (on pense à L’arminuta [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Giuseppe Bonito
fiche film
]
, pour citer un exemple récent), et ne nous offre plus de surprises. Le film reste sciemment dans la retenue, il ne prend pas de risques : les thèmes abordés sont traités avec délicatesse, mais jamais de front, et l’histoire reste en suspens, comme si c’était au spectateur de décider du sort des personnages.

Calcinculo est une coproduction italo-suisse qui a réuni les efforts de Tempesta, Tellfilm et Rai Cinema avec la contribution du Ministère de la Culture et de RSI, et avec le soutien de la Région Latium. En Italie, le film sera distribué par Luce Cinecittà. Ses ventes internationales ont été confiées à Vision Distribution.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy