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SUNDANCE 2022 Compétition World Cinema Dramatic

Critique : Girl Picture

par 

- Ce film inégal de la Finlandaise Alli Haapasalo s’attaque aux tourments de l’adolescence et aux mugs Moumines – quelle combinaison !

Critique : Girl Picture
Aamu Milonoff, Eleonoora Kauhanen et Linnea Leino dans Girl Picture

Girl Picture [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Alli Haapasalo
fiche film
]
d'Alli Haapasalo, qui s'apprête à rallier le volet Generation de Berlin après avoir décroché le Prix du public World Cinema Dramatic Competition de Sundance (lire l'article), est un petit film tout à fait fonctionnel, quoiqu'un peu trop encombré de contenus, sur trois filles (Aamu Milonoff, Eleonoora Kauhanen et Linnea Leino) en quête de choses dont elles pensent qu'elles vont les rendre heureuses. L'une, jeune promesse du patineuse artistique, cherche son triple Lutz, qu’elle a apparemment perdu ; une autre recherche le plaisir sexuel. Et pendant ce temps, d'autres histoires surviennent : ça tombe en amour, ou en désir charnel (le tout généralement parmi des smoothies aux noms ridicules), il y a des tensions familiales et un monologue tarabiscoté sur une connexion improbable entre le sperme et les mugs Moumines. Utilisez des gobelets en plastique la prochaine fois. Franchement.

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Si cette description semble un peu cafouilleuse, c’est parce que le film l'est : Haapasalo passe sans ménagement de scènes assez réalistes censées produire les émotions qu'on attendrait d'un film dramatique à thématique sportive (c’est d'ailleurs sans doute la sous-intrigue la moins intéressante) à un marathon mais-où-diable-est-le-Sex-dans-cette-City. ville.Tandis que Rönkkö continue d’enchaîner les échanges sexuels rapides sans alchimie, en s'entêtant à vouloir qu'on l'admire (Kauhanen est délectable dans ce rôle, et débite d'idiotes histoires sans fin à la hauteur de celles de Rose Nylund dans Golden Girls), Emma et Mimmi se mettent en couple. C’est là que les choses se mettent à jurer, car bien que les comédiennes choisies par Haapasalo fassent un assez bon travail prises individuellement (enfin plus ou moins selon le cas), ensemble, elles ne convainquent pas, surtout pas dans une configuration romantique.

Et puis, c'est juste too much, nom d'une pipe. On pourrait attribuer ça aux personnages, qui sont elles-mêmes complètement éparpillées – du genre à annoncer qu'elles veulent "une nouvelle bite" et à craquer dans la foulée parce que leur parent absent continue de les ignorer. Mais une grande partie de la faute incombe au scénario, qui tente trop ambitieusement de saisir autant d’expériences que possible. Bien que le résultat final soit inégal, c’est un film qui a clairement écouté beaucoup des voix qui se sont élevées ces derniers temps, et livré ce qu’elles demandaient : on se fiche de l’orientation sexuelle des gens, il suffit que le sexe soit consensuel et il n’a pas besoin de signifier quelque chose – et s'il se trouve qu'un type regarde trop de porno, il n'y a pas à pinailler : il faut lui dire. Il est en outre assez cocasse de constater à quel point les histoires de jeunes ont dû drastiquement remonter la barre au niveau des maquillages et de la mode depuis la frénésie Euphoria – quand on voit les sourcils décolorés de Mimmi et les lèvres rouges sang de Rönkkö, le message est clair, mais un jeune Finlandais vêtu comme un (pardon d'avance) maquereau des années 1970 enroulé dans sa fourrure reste une vision à laquelle on ne peut se préparer.

Ce qui fonctionne en revanche, c’est que malgré tous les mini-drames que traversent ces filles, Haapsalo présente un monde qui est à vrai dire très accueillant pour elles. Aucune menace ne guette à chaque coin de rue quand elles se baladent en ville, et aucune rencontre violente. Franchement, c’est un soulagement. Vu le nombre de films qui prennent une agression sexuelle comme prétexte pour lancer leur intrigue, voire s'ouvrent sur l'image d'un cadavre féminin de plus retrouvé dans un coffre, on pourrait vraiment se mettre à croire que quand une femme arrive à rentrer chez elle saine et sauve, ça mérite d'ouvrir le champagne.

D'ailleurs c’est probablement ça, la seule vraie réussite de Girl Picture : c'est tout de même agréable de voir des filles qui, pour une fois, n’ont pas à gérer ce genre de problème, qui n'ont pas à se poser mille questions pour déterminer s'il est prudent d'aller à tel endroit ou de parler à telle personne. Et si ce seul détail place ce film dans le champ du fantastique, eh bien ainsi soit-il. Mais être une fille devrait être chouette, et ce serait bien qu'elles puissent s'en rendre compte.

Girl Picture a été produit par la société finlandaise Citizen Jane Productions. Les ventes internationales du film sont assurées par LevelK.

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(Traduit de l'anglais)

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