email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SUNDANCE 2022 Spotlight

Critique : Three Minutes – A Lengthening

par 

- Ce documentaire de Bianca Stigter fait la lumière sur le destin tragique de la communauté juive de Nasielsk à partir d'un court film amateur en 16 mm trouvé par hasard dans un placard

Critique : Three Minutes – A Lengthening

Le documentaire Three Minutes – A Lengthening [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Bianca Stigter
fiche film
]
de Bianca Stigter, un titre coproduit par Steve McQueen qui a fait sa première mondiale à la Mostra de Venise, arrive enfin dans la section Spotlight du Festival de Sundance.

C’est un objet filmique complexe, difficile à définir. Ce travail s’ouvre un film amateur en 16 mm d'une durée de trois minutes. Les images sont détériorées et les couleurs très pâles tout du long, mais on peut y voir des gens de tous les âges qui se réunissent, des aperçus de la vie d'une petite ville de province qui pourrait se trouver n’importe où en Europe, des visages qui sourient, quelques personnes qui ressortent d'une synagogue, d’autres qui vaquent à leurs occupations, et c’est tout. Une narration en voix off (confié à la star anglaise Helena Bonham Carter, qui joue son rôle avec tact) entre alors en scène et on découvre qu’en 2009, un homme appelé Glenn Kurtz a découvert cette petite bobine dans le placard de ses parents en Floride. Apparemment, ces images ont été tournées par son grand-père David en 1938, alors qu'il était en vacances en Europe. La ville qu'on y voit est Nasielsk, la communauté polonaise avant tout habitée par des juifs d'où venait David. C’est un document rare qui montre à quoi ressemblait la ville avant l’occupation nazie, qui a laissé moins de 100 survivants après l’Holocauste.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Audacieusement, Stigter et sa monteuse Katharina Wartena décident d'utiliser exclusivement les images contenues dans cette petite bobine de trois minutes et de jouer avec. Dans l’ensemble, le duo y parvient bien, même si certaines solutions créatives sont moins réussies que d’autres. Montrer plus de 150 portraits l’un après l’autre, en laissant au spectateur un moment pour bien regarder chacun d'eux, et les placer progressivement à plat sur neuf rangées est certainement un choix élégant, qui confère beaucoup de dignité aux existences de ces gens et honore la volonté du film de montrer que "les visages sont des traces". S'attarder plusieurs minutes sur un motif flou non-identifiable tandis que la narration en voix off continue d’avancer est hélas beaucoup moins fort et donne au film un aspect podcast qui pourrait facilement affecter le seuil d’attention des spectateurs.

Le documentaire est également enrichi par la présence de plusieurs témoignages directs présentés par quelques survivants, qui parlent non seulement en anglais mais aussi en polonais, en yiddish et en allemand. Leurs touchantes histoires aident à renforcer le lien d’empathie qu'on a avec ces gens et ils sont tous intéressants : on entend par exemple un homme expliquer qu’il est parvenu à sauver sa petite amie en se faisant passer pour un officier nazi grâce à un ample manteau emprunté par son voisin anti-hitlérien.

Vers la fin, Bonham Carter et Glenn se lancent dans une conversation philosophique fascinante sur le rôle des images dans la conservation des souvenirs et des identités, et se demandent si les films et autres artefacts historiques peuvent nous aider à garder mémoire de ceux qui nous ont précédés et des épreuves qu’ils ont traversées. Dans l’ensemble, le documentaire de Stigter représente un effort de création louable et c'est un bon exemple de la manière dont l’usage de la micro-histoire dans le cinéma (passant du général au particulier) peut être efficace pour analyser les réalités derrière les événements mondiaux – en l'espèce la diaspora juive, les traumatismes d’après-guerre, les camps de concentration, et beaucoup d’autres choses.

Three Minutes – A Lengthening est une coproduction entre la société hollandaise Family Affair Films et la britannique Lammas Park. Les ventes internationales du film sont assurées par la société viennoise Autlook Film Sales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy