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SOLEURE 2022

Critique : Pas de deux

par 

- Dans son premier long-métrage, Elie Aufseesser dépeint la relation complexe qui unit deux frères aux tempéraments et aux ambitions très différentes

Critique : Pas de deux

Dans son premier long-métrage, Pas de deux, présenté en première mondiale aux Journées de Soleure 2022, où il a reçu le Prix Premier Film, le jeune réalisateur suisse Elie Aufseesser tourne sa caméra vers deux frères qui ont à peine plus de vingt ans et sont confrontés aux premiers vrais défis de la "vie d’adulte". Jon(athan) et Peter (Pan), dotés de personnalités et d’objectifs quasi aux antipodes les uns des autres, abordent la vie avec des philosophies bien distinctes : le premier, champion de plongée et étudiant modèle, se concentre sur son départ imminent pour les États-Unis, où il va intégrer l’équipe de la prestigieuse Columbia Univerity ; le second, artiste globe-trotteur avec un goût marqué pour les paradis artificiels, se projette, sans objectif précis, dans son prochain voyage.

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Aussi différents qu’ils puissent être, Jon et Peter font d’entrée de jeu peuvre d'un attachement réciproque très fort qui va bien au-delà des confrontations verbales qui se présentent inmanquablement quand, en famille, ils parlent du futur. Avant le départ (de Jon à New York et de Peter en Jordanie), le réalisateur prend son temps pour nous présenter la famille Suckow, qui comprend aussi une sœur (au milieu des deux frères en termes d’âge), la mère, le père (qui n’apparaît toutefois presque jamais à l’écran ) et les deux grands-parents. Ce qui frappe dès le départ, c’est la liberté avec laquelle les membres de cette famille discutent de leurs aspirations : la sécurité, la réflexion profonde sur le sens des choses dans le cas de Jon, le désir hédoniste de jouir de chaque instant dans celui de Peter. Bien que leur maman et leurs grands-parents ne manquent pas d’exprimer leur opinion, chacun des frères est laissé libre de vivre sa vie comme il l'entend, sans que les choix de l'un soient comparés à ceux de l’autre.

Dans un climat plus pluriculturel et polyglotte (chez les Suckow, on parle français, anglais et chinois) qui a façonné chaque membre de la famille d'une manière différente, tout en leur permettant de puiser dans un bagage commun extrêmement vaste, Jon et Peter s'opposent sans vraiment arriver à se comprendre. Du reste comment justifier qu'ayant tous deux eu les mêmes parents, et vécu dans la même ville, ils puissent avoir des visions de la vie aussi différentes ?

Ce que le film montre c’est que parfois, les fanfaronnades de Peter cachent un malaise profond, un désir de fuir une homologation qui semble courir plus vite que lui – n'est-il pas un peu facile de dire qu'on veut fuir à tout prix le pays où on est né, sachant qu'on pourra toujours y retourner en cas de besoin ? Même si, comme l'admet Jon devant la caméra, son frère ne semble s’intéresser en rien à sa vie (qu'il trouve probablement terriblement prévisible), le lien qui les unit est peut-être précisément la seule chose (avec son rapport très fort avec son grand-père) qui permet à Peter d'avoir encore les pieds sur terre. Réciproquement, c’est le courage et le fonctionnement instinctif de ce dernier qui donne à Jon le courage de surmonter ses peurs. Ce film d'Elie Aufseesser est un pas de deux à la fois intense et un peu maladroit qui met en avant la profondeur de liens qui dépassent les mots. Séparés, Jon et Peter vivent des expériences très fortes, mais c’est le partage qui les rend grandioses, et le mélange de leurs deux univers qui rend ce duo vraiment intense.

Pas de deux a été produit par le réalisateur avec Joshua R. Troxler pour ToïToï et ToïToï US.

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(Traduit de l'italien)

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