email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2021 Compétition Premiers Films

Critique : The Score

par 

- Le scénariste et réalisateur britannique Malachi Smyth présente un potentiel pionnier cinématographique : un film de braquage "chanté"

Critique : The Score
Will Poulter dans The Score

Malheureusement ou pas, The Score [+lire aussi :
interview : Malachi Smyth
fiche film
]
n’est pas un Ocean’s Eleven d’opérette. Ce film au ton étrange est d’un genre assez nouveau au cinéma, où l'artificialité des comédies musicales et la cruauté de l’univers du crime se côtoient rarement. Mais ici, le réalisateur débutant Malachi Smyth parvient à créer une union tardive et techniquement accomplie des deux. La distribution est excellente et étonnamment connue. On retrouve Will Poulter, le grognon de Midsommar et Naomi Ackie, future Whitney Houston au cinéma, qui mettent tous deux leur talent et leur voix au service du film. Cela donne à The Score la légèreté d'un projet passionné et artisanal, un projet réalisé sur les périodes creuses entre des missions en studio moins intéressantes (et pendant la première vague de la pandémie, en prime). Le film a été présenté en compétition Premiers Films au Tallinn Black Nights.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Hormis le duo de bandits de la comédie hollywoodienne des années 1950 Kiss Me Kate, et le film oscarisé Chicago, la plupart des réalisateurs semblent avoir compris le danger d’une union entre les meurtres de gangsters et les comédies musicales, et ont donc évité le sujet. C’est au contraire ce sur quoi Smyth a axé son premier long métrage (après de nombreux courts métrages et scénarios salués par l'industrie cinématographique), et il ne fait aucun doute qu'il réussit parfaitement, aussi légèrement incertain que ce mélange puisse paraître. La bande-son est intégralement signée Johnny Flynn, chanteur-compositeur-interprète, et co-star du film (Mia Hansen-Løve a également utilisé un morceau présenté ici à la fin de son film Goodbye First Love [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Mia Hansen-Love
fiche film
]
). Sa musique aux douces notes de folk-pop agrémente de manière incongrue l'intrigue dont l’action se situe quasiment dans un seul endroit, et qui vise elle-même le sarcasme incisif de Martin McDonagh ou de Tarantino dans Les Huit Salopards.

Poulter est Troy, un brave garçon, pas très futé, frère cadet de Derek, le chef de Mike (Flynn). Derek, un escroc, est actuellement derrière les barreaux. Il a caché la somme de 20 000 livres sterling pour que les deux hommes puissent financer d'autres transactions illégales (que le scénario se garde pudiquement d’expliquer). L’improbable duo se retrouve donc dans un café curieusement isolé, situé au bord d’une route, à attendre qu’un contact leur apporte l’argent. Pendant ce temps, Gloria (Ackie), avec ses nattes roses, travaille à la caisse. Elle se retrouve en danger, lorsqu'une escroquerie parallèle se met en place. Une alchimie s’installe entre elle et Troy. En dépit des résultats scolaires pitoyables dont il se vante, ce dernier fait preuve d’une certaine vivacité d’esprit lorsque les choses se compliquent au troisième acte.

Le format comédie musicale crée une sorte de transparence et de réalisme émotionnels. Les acteurs, qu’ils jouent seuls ou ensemble, ne disposent que d’un moyen pour exprimer tout ce qui bouillonne en eux : des chansons tristes ou gaies. C’est ce qui donne toute sa vertu à The Score. Difficile cependant d’imaginer à quel public le film pourrait s’adresser. Smyth risque tout, sans crainte du ridicule ou de la maladresse, et il aboutit à quelque chose de puissant. Mais on peut se demander pourquoi, par exemple, les personnages de Reservoir Dogs ou de Fargo ne laissent pas souvent leurs armes à feu et ne se mettent pas chanter. Ce film est la définition même du film d’auteur, c’est-à-dire une œuvre issue de la vision d'un créateur que l'industrie cinématographique pourrait être incapable d'accueillir, plutôt que d’une "branchitude" dont The Score n’a, sans le vouloir, peut-être rien.

The Score est une production britannique de Sentinel Entertainment et Stigma Films. WestEnd Films est responsable des ventes à l’étranger.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy