email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

THESSALONIQUE 2021

Critique : .Dog

par 

- Ce premier long par Yianna Americanou est un récit d’apprentissage touchant avec une touche de thriller qui dépeint un jeu cruel entre un père et un fils et remet en question les liens familiaux

Critique : .Dog
Dimitris Kitsos et Nicolakis Zegkinoglou dans .Dog

Sur le mur en dessous du toit où Dimitris traîne avec son meilleur ami, un graffiti annonce “perdre tout espoir était une liberté.” Les deux garçons, bientôt des hommes, partagent une chambre dans un foyer d’asile pour orphelins qui les jettera bientôt dans le monde des adultes. Dans leur situation, l’espoir peut être un outil de survie. Cependant, comme le graffiti le suggère, le perdre pourrait aussi être libérateur. D’une certaine façon, .Dog, le premier long métrage de Yianna Americanou — qui vient de faire sa première mondiale dans la compétition Meet the Neighbours du Festival International du Film de Thessalonique — est justement centré sur ce processus de libération non poursuivit mais éventuellement vécu et douloureux. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Dimitris (Dimitris Kitsos, qui joue l’innocence de son personnage de façon convaincante) espère qu’une fois que son père (Andreas Konstantinou, exprimant un primitivisme répulsif) est sorti de prison, il aura enfin une famille. Il poursuit cet espoir nerveusement et devient complètement frustré quand il réalise que cela fait déjà plusieurs mois que son père est sorti mais qu’il ne souhaitait pas chercher son fils. Quand les deux hommes sont inévitablement réunis, la relation qui se développe entre eux s’avère être plus abusive que solidaire : derrière son envie paternelle “d’éduquer” son fils et de rattraper le temps perdu, en réalité le père exploite ce dernier en essayant de le faire participer en tant “qu’apprenti” dans ses affaires douteuses dans les quartiers turques de Nicosia. Pendant ce temps, Dimitris échoue à son véritable apprentissage dans un garage de réparation automobile, dont la famille cherche à l’adopter. En traitant son fils aussi mal qu’il traite les nombreux chiens qui l’entourent, et surtout en ne parvenant pas à se défendre en tant que figure paternelle méritant le respect, le père perd progressivement la confiance aveugle de son fils, ce qui mène à un résultat logique : le fils se trouve forcé de punir le sens d’impunité et les instincts sauvages de son père. 

Yianna Americanou, une réalisatrice cypriote débutante qui écrit aussi les scriptes de ses films, semble particulièrement intéressée par les relations entre parents et enfant depuis son court métrage à succès Eleni’s Olives (2005), qui montre une connection mère-fille intuitive sur fond de l’invasion turque de Chypre. .Dog, co-écrit avec Peter Speyer (La caméra de bois), semble suggérer de façon subtile que les liens de sang ne sont pas toujours ceux auxquels nous devrions nous tenir. Consciemment ou non, Americanou et Speyer construisent une parabole inversée du retour du père prodigue, un père qui échoue dans son rôle parental et qui force donc son fils à grandir et à prendre seule responsabilité sans espoir de soutien familial. L’histoire suggère un potentiel pour une réflexion profonde sur la psychologie des personnages, mais au lieu de ça elle glisse dans des péripéties situationnelles à l’aspect thriller, avec une dynamique plutôt monotone et un aboutissement prévisible qui devient plutôt lassant à regarder. La palette photographique pâle de Yorgos Giannelis (Petit Crime [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Fish n’Chips [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
) et son jeu habile avec la lumière apportent des nuances à la représentation de l’hésitation de Dimitris, mais cela ne compense guère la transparence générale du récit.

.Dog a été produit par Filmblades (Chypre) et coproduit par View Master Films (Grèce), le Greek Film Center et Hellenic Public Broadcaster (ERT).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy