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ZURICH 2021

Critique : Love Will Come Later

par 

- Le premier long-métrage de la jeune documentariste suisse Julia Furer met en scène les tourments existentiels de Samir, un jeune Marocain qui cherche le vrai amour

Critique : Love Will Come Later

Le premier long-métrage de Julia Furer, Love Will Come Later [+lire aussi :
interview : Julia Furer
fiche film
]
, qui a fait sa première mondiale au Festival de Zurich dans la section compétitive Projecteurs, avait déjà eu la chance d’être sélectionné à d'importants programmes dédiés aux films en devenir, comme le DOK.forum Marketplace de DOK.fest München, où le projet a gagné, en 2018, le Prix Haus des Dokumentarfilms du pitch, ou le volet Swiss Films Previews de Visions du Réel en 2019.

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Julia Furer, intéressée depuis toujours par la forme documentaire, livre ici le portrait sincère d’un garçon en quête d’un bonheur qui se heurte aux préceptes familiaux et aux règles imposées par une société de plus en plus codifiée. C’est quoi, le véritable amour ? Est-ce qu’un sentiment aussi profond et déstabilisant peut-être vécu en dehors d’un cadre précis qui le canalise et le régule ? Voici quelques unes des questions auxquelles Samir, le sujet du film, cherche à donner des réponses en se confrontant et avec la mentalité occidentale importée par les nombreuses touristes qui peuplent les hôtels de Marrakech, et avec les discours hypertraditionalistes de ses soeurs. Incapable de renoncer à son identité et à sa culture tout en désirant ardemment fuir au loin pour vivre ses sentiments en toute liberté, Samir se sent piégé dans un Maroc plein de contradictions. Julia Furer a accompagné son jeune personnage en scrutant ses états d’âme jusqu’à l’intimité de sa chambre, où il reçoit la proposition de rejoindre son amourette d’été en Europe. Excité, mais en même temps terrifié par une aventure qui l’emmènerait loin d’une structure familiale à la fois étouffante et rassurante, Samir se met en retrait, surprenant beaucoup de ses camarades de sortie. Emprisonné dans un monde complexe fait de soirées en boîte avec ses amis, de flirts passagers avec des touristes en quête d’aventures souvent fugaces et de discussions profondes, qui se transforment en réprimandes, tandis que sa mère et ses sœurs rêvent de le voir épouser une "gentille croyante", le sujet de Love Will Come Later finit par prendre une décision inattendue : celle d’accepter d’épouser une cousine qui vit avec sa famille en France, sans l'avoir jamais rencontrée en personne. Et si "l’amour venait plus tard", après le mariage, comme le lui expliquent des hommes plus âgés que lui ? Vrai ou pas, le film se conclut sur cette grande question qui amènera Samir loin de chez lui, mais seulement d’un point de vue géographique. Incapable d’abandonner complètement un modèle matrimonial fortement patriarcal qu'il cherche toutefois à modeler selon ses propres convictions (égalité entre mari et femme et division des tâches au sein du couple), Samir s'embarque dans une entreprise titanesque pour ne pas dire utopique : celle de concilier tradition (ou plutôt orthodoxie) et progrès. La réalisatrice a fait le choix particulièrement intéressant d’enquêter en profondeur sur un personnage masculin enfoui jusqu'au cou dans une société patriarcale dont il est fatalement imprégné sans toutefois être totalement dominé par elle. Incapable de forger sa propre masculinité, une notion aux multiples facettes qui est toujours en mouvement, Samir fait l'effet de quelqu'un qui se bat contre ses moulins à vent intérieurs, dans sa quête d'un équilibre qui lui fuit constamment (et inévitablement) entre les doigts.

Love Will Come Later a été produit par Freihändler Filmproduktion GmbH (qui s’occupe aussi des ventes internationales du film), la Zürcher Hochschule der Künste ZHdK et la SRF Schweizer Radio und Fernsehen.

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(Traduit de l'italien)

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