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AJB DOC 2021

Critique : Wait for Me

par 

- Dans son premier long-métrage documentaire, Damir Markovina étudie les dynamiques, les relations et les émotions au sein de sa propre famille

Critique : Wait for Me

Il est généralement difficile de naviguer dans les dynamiques familiales, parfois même on peine à les supporter, et c’est amplifié si les différents membres d'une même famille sont séparés par une distance physique de plusieurs centaines de kilomètres et des frontières. Voilà justement le contexte du premier long-métrage documentaire de l’acteur de théâtre, télévision et cinéma Damir Markovina, Wait for Me.

Le film a fait sa première mondiale plus tôt cette année à ZagrebDOX. Sa première internationale a eu lieu au récent festival AJB DOC (où il a recueilli le premier prix, lire l’article). Le format moyen-métrage du film (42 minutes) et son étiquette de film d’étudiant (l'Académie des arts dramatiques de Zagreb, où Markovina fait un Master en cinéma documentaire, fait partie des producteurs) pourraient entraver la circulation du film dans le monde, mais on ne sera pas surpris de le voir à des festivals spécialisés dans la région des Balkans, et sa présence à AJB DOC a garanti sa diffusion à la télévision, sur la chaîne Al Jazeera Balkans.

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La famille qu'on observe ici est celle de Markovina. Celui-ci ouvre son film sur un plan statique pris dans l’encadrement d’une porte donnant sur l’intérieur d’un appartement de l’ère socialiste, où une femme âgée se déplace lentement. C’est son appartement, et elle a clairement des problèmes de santé. Le plan suivant se situe dans une voiture : les parents de Markovina, Zina et Roko, sont embarqués dans un grand voyage en voiture de Zagreb à Belgrade, par Markovina lui-même. L’atmosphère est légèrement tendue, et la nécessaire conversation des papiers à produire à la frontière le souligne bien.

Quand la famille atteint sa destination, on se rend compte que la dame âgée est la mère de Zina, Šefika, et qu’elle n’est pas dans un bon état de santé (la famille discute sa toux et parle de démence sénile, et elle-même affirme qu’elle a perdu la volonté de vivre et se fiche de mourir), et que les visites de Zina et Roko sont une sorte de rituel familial. L’atmosphère n’est pas plaisante et les chamailleries constantes, que ce soit entre Zina et Šefika ou entre Zina et Roko. Tout culmine dans une scène cathartique, vers la fin, où on voit Zina se lancer dans un monologue face à Damir et sa caméra : elle y confesse toutes ses faiblesses, dit qu'elle en a assez de vivre une vie nomade entre cinq endroits dans trois pays et qu’elle aussi vieillit, et de fait fatigue, en plus de vivre dans la peur de perdre sa mère. Le titre du film renvoie à un rituel entre les deux femmes quand elles doivent se dire au revoir.

Si la situation présentée ici est un peu le template de tous les documentaires que produit dernièrement l’Académie des arts dramatiques de Zagreb, ce film fait totalement authentique, du fait du niveau d’engagement bien dosé de Markovina, à la fois comme observateur des dynamiques entre les deux générations au-dessus de la sienne et comme participant actif dans ces dynamiques. Il ne craint pas d'être aussi présent devant la caméra, comme sujet et non comme acteur, et le dilemme éthique qui se pose pour lui, entre perpétuer les archétypes exemplifiés par ses parents et les exploiter ou les dénoncer, est résolu en faveur du premier choix.

Comme Markovina s'est occupé lui-même de l'image et de la prise de son, le niveau technique du film est juste passable, mais c’était la seule option pour éviter un sentiment d’intrusion dans la vie privée des gens. Afin de créer l’illusion d’une durée plus compact, Markovina s'est appuyé sur le montage précis d’Elena Radošević, qui fait de Wait for Me un documentaire immersif et émotionnellement fort.

Wait for Me a été produit en Croatie par la société de Markovina, Osoba D, et l'Académie des arts dramatiques de Zagreb.

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(Traduit de l'anglais)

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