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VENISE 2021 Orizzonti Extra

Critique : La macchina delle immagini di Alfredo C.

par 

- VENISE 2021 : Roland Sejko poursuit son travail de mise en avant de l’importance des archives filmées et de ce qu’elles contiennent pour comprendre le monde qui nous entoure

Critique : La macchina delle immagini di Alfredo C.
Pietro De Silva dans La macchina delle immagini di Alfredo C.

Alfredo Cecchetti n’est pas mentionné dans les ouvrages sur le cinéma classiques, et il n’est pas non plus encensé comme un chef opérateur extraordinaire. Il a travaillé pendant vingt ans, avant la guerre, à tourner des images pour le régime fasciste. La situation compliquée des Italiens coincés en Albanie après la Seconde Guerre mondiale est également absente de la plupart des livres sur les retombées politiques de la guerre et l’établissement des régimes communistes en Europe de l'Est. Cecchetti était là pour filmer ce qui s’est passé. La vie du caméraman et les images qu’il a tournées sont au cœur du fascinant film hybride de Roland Sejko, La macchina delle immagini di Alfredo C. [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, présenté à la Mostra de Venise dans la section Orizzonti Extra.

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Le film examine aussi la valeur et la place des images de cinéma en tant qu'artéfacts historiques, la vérité des images et la manière dont les images en mouvement sont utilisées pour contrôler les émotions. La macchina... parle des fake news à l'époque où on appelait ça propagande. Pour explorer la question, Sejko et sa directrice artistique Giulia Chiara Crugnola on recréé plusieurs caveaux d'archives de Luce au moyen d'abris antidéflagrants, de boîtes à bobines et de films d'époque appartenant à l'Istituto Luce Cinecittà, où le réalisateur est présentement directeur du personnel éditorial des Archives historiques de Luce. Il a écrit et réalisé plusieurs documentaires ayant en commun le fait qu'ils sont souvent construits autour de la réutilisation d'images d’archives.

Dans le caveau ainsi reconstitué, Alfredo C. (Pietro De Silva) nettoie sa caméra. C’est une Parvo Debrie de modèle L, celle qu'utilisait les caméramans de Luce, de la marque qui a servi à photographier Benito Mussolini quand il a posé en caméraman dans la célèbre affiche “La cinematografia è l'arma più forte” (litt. “Le cinéma est l'arme la plus puissante”). Il regarde certaines des nombreuses bobines stockées dans le caveau sur un projecteur Moviola.

Avant d’aller en Albanie, Cecchetti était un des photographes officiels du régime fasciste. Il prenait des photos de Mussolini selon des angles dictés par le Duce lui-même. Le film montre ce travail. Les images deviennent beaucoup plus fascinantes et uniques quand Alfredo C. s'installe en Albanie. On voit d'abord les rues et les gens sous la domination italienne et puis les Allemands débarquent, suivis par les Russes, et le film montre les gros efforts de propagande déployés pour établir le régime communiste. Ce sont des moments incroyables. Cecchetti a été employé par le Ministère de la Presse, de la Propagande et de la Culture populaire du Gouvernement démocratique d’Albanie. Il a formé le "Camarade MAK", le premier caméraman de cinéma albanais, dont le nom apparaît à la fin des années 1940 sur presque tous les documentaires de propagande albanais.

Derrière l’histoire des Italiens coincés en Albanie, c’est un film qui parle de cinéma, et de l’utilisation et du placement des images pour leur donner de l'impact. Le réalisateur utilise les moments dans le caveau d'archives pour montrer combien les images peuvent être inoffensives quand on ne les force pas à générer une réaction émotionnelle ou politique. Cependant, alors même que le spectateur se sent enfin à l'aise à regarder les images d'un homme amoureux de son travail, l'attention passe d'un coup sur une scène où des bobines sont en train d’être effacées. On ne sait pas exactement pourquoi, mais cela souligne l’impact et l’importance du matériel d’archives qui est la pièce maîtresse du film. Cela suggère que si le cinéma est bel et bien l’arme la plus puissante, cela signifie que pour certains, les images doivent être manipulées et contrôlées.

La macchina delle immagini di Alfredo C. a été produit par Istituto Luce-Cinecittà, qui en assure aussi la distribution et les ventes internationales.

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(Traduit de l'anglais)

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