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VENISE 2021 Hors-compétition

Critique : Republic of Silence

par 

- VENISE 2021 : Dans ce documentaire, Diana El Jeiroudi dépeint les tragédies humaines et sociales traversées par la Syrie sur douze ans de sa vie passée avec son partenaire, Orwa Nyrabia

Critique : Republic of Silence

Republic of Silence [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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de Diana El Jeiroudi, projeté hors-compétition cette année à la Mostra de Venise, est un documentaire dont la fabrication s'est étalée sur douze ans. Le film, produit par le partenaire de la réalisatrice, Orwa Nyrabia, le directeur de l'IDFA, tente de saisir une tragédie humaine et sociétale en suivant une approche narrative délibérément fragmentaire. L’ensemble fait l'effet d'un long journal intime vidéo, ou d'une mosaïque de moments, de souvenirs, de photos et d’images d’archives qui commencent le jour où El Jeiroudi, alors âgée de sept ans, reçoit en cadeau une caméra de la part de son père.

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La plupart de ces aperçus fragmentaires sont séparés les uns des autres par des intertitres. Parfois, ils se contentent de livrer les sentiments ou pensées de la réalisatrice ; d’autres fois, ils dévoilent le contenu de dialogues non-filmés ou fournissent quelques informations contextuelles non détaillées. Republic of Silence est l'histoire d’un écroulement, dominée par un sentiment profond de perte et de danger.

Il est probable que peu des spectateurs qui verront le film soient au courant de l’activisme de Nyrabia et El Jeiroudi, du gros travail qu'ils font dans le champ du cinéma et a fortiori de leurs infortunes. L'oeuvre montre certes quelques moments de vérité et d’intimité, et fournit occasionnellement quelques éléments de contexte basiques (la toile de fond restant toutefois assez floue pour ceux qui ne savent rien des biographies des auteurs et connaissent mal l’histoire récente de la Syrie), mais le risque principal de ce long-métrage de 183 minutes est de vite déborder le spectateur en accumulant ainsi des fragments qui font partie d’une histoire plus vaste, difficile à déchiffrer. Le visionnage en devient une expérience informative hoquetante au lieu d'avoir un impact émotionnel. Le format journal intime vidéo/mosaïque peine à conserver l’intérêt du spectateur sur toute la durée du film, mais le tout n’est pas dénué de solutions de mise en scène, d'images ou de petits détails intéressants qui ont une certaine valeur sur le plan cinématographique. Par exemple, quand on apprend que Nyrabia a manqué un vol (parce qu'il a été arrêté par les autorités syriennes à Damas le 23 août 2012), des intertitres et enregistrements audio présentés en succession rapide parviennent bien à rendre l'atmosphère tendue de ce moment. Plus tard, on entend les commentaires débordants de préjugés de citoyens allemands sur les réfugiés syriens, accompagnés par une image statique de turbines, et il y a beaucoup d’autres petits joyaux de ce type à découvrir tout au long du film.

Le film se termine sur une image de vie au foyer apparemment tranquille. Elle conclut le dernier chapitre du film, et l'image est assez en cohérence avec l'idée que le passé ne peut être défait et que le couple, leurs amis, les activistes qui se battent pour les droits de l’Homme et les Syriens ont tous besoin d’aller de l’avant. L'impression générale est que ce film est probablement plus libérateur pour les auteurs eux-mêmes que pour les spectateurs. Ils étaients probablements mus par une volonté d'affronter leur douloureux passé et d'y mettre un point final comme beaucoup d’autres artistes le font, en profitant du pouvoir guérisseur de l’écriture et de la création. C’est un choix totalement légitime, mais on peut certainement se demander si ce festival était le meilleur endroit pour organiser la première du film et promouvoir ce type de cinéma. Dans l’ensemble, ce titre est sans nul doute un travail très sincère, mais il serait plus facile à apprécier après avoir mené quelques recherches sur les parcours des deux personnages.

Republic of Silence est une coproduction entre No Nation Films (Allemagne) et Les Films d’Ici (France), en association avec Proaction Film (Syrie) et ARTE France et en collaboration avec RAI Cinema (Italie).

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(Traduit de l'anglais)

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