email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

KARLOVY VARY 2021 Compétition

Critique : The Staffroom

par 

- Ce premier long-métrage par Sonja Tarokić est une masterclasse de mise en scène avec un message social fort et des émotions puissantes, dans un décor qui représente un microcosme de la société croate

Critique : The Staffroom
Marina Redžepović dans The Staffroom

La réalisatrice croate Sonja Tarokić fait une entrée fracassante sur la scène des festivals internationaux. Son premier long-métrage The Staffroom [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Sonja Tarokić
fiche film
]
, présenté en avant-première à Karlovy Vary, est une étude de la société sous forme de tourbillon de personnages et de situations. Démesuré et à juste titre ambitieux, c’est une œuvre d’une maturité et d’une réalisation enviables.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Notre héroïne est Anamarija (Marina Redžepović, dans son premier rôle principal dans un long-métrage), conseillère d’orientation d’une trentaine d’années dans une école primaire de Zagreb. Lorsqu’elle prend son poste, elle regorge d’enthousiasme, prenant les problèmes des enfants à bras le corps et affrontant les relations compliquées, les jeux de pouvoir et les égos fragiles de l’établissement.

L’optimisme et la confiance qu’Anamarija place dans son propre professionnalisme et dans la décence humaine de base vont bientôt se heurter aux rouages alambiqués, souvent désagréables et profondément ancrés de ce système très complexe. Très tôt, la conseillère fait tout ce qu’elle peut pour aider un élève à problème, un garçon créatif et intelligent, mais aussi ingérable et souvent agressif. Elle ne parvient qu’à se heurter aux obstacles dressés par la directrice Vedrana (Nives Ivanković) et aux relations entre les parents de l’enfant et l’enseignant de la classe. Comme d’autres sous-intrigues, cette ligne narrative va sillonner tout le film jusqu’à la toute fin, avec une scène déchirante impliquant la mère du jeune garçon.

Il y a ensuite les problèmes relevant des scènes filmées par les enfants en classe et postées sur le net, ou encore l’idée d’Anamarija de mettre en relation les groupes artistiques de l’école. Cela va avoir pour conséquence de faire naître des conflits entre l’enseignant en charge du groupe de théâtre et celui à la tête du groupe de comédiens. Et c’est la conseillère qui va finir par en souffrir.

Mais le conflit le plus important d’Anamarija est celui qui l’oppose à Siniša (Stojan Matavulj), un prof d’histoire d’une soixantaine d’années, excentrique et paranoïaque, que l’ensemble du personnel de l’établissement préfère ignorer. Se considérant lui-même comme un érudit d’un autre temps, mais en fait plus proche d’un médiocre enseignant sans envergure, il persiste à enseigner à partir d’un manuel problématique dont il est l’auteur, au grand dam des parents d’élèves. Tout cela amène Anamarija à comprendre qu’elle ne peut pas nager à contre-courant, et qu’elle va devoir sacrifier son intégrité si elle veut survivre dans cet environnement et éviter de finir comme Siniša.

En situant l’action de son film presque exclusivement dans une école, à l’exception d’une sortie scolaire et de quelques scènes chez Anamarija (le spectateur ne doit pas oublier qu’elle a un mari et un fils), Tarokić opte pour une démarche atlmanesque, avec une mise en scène complexe, parfaitement exécutée, peuplée d’adultes et d’enfants, leurs voix formant un murmure persistant. La caméra omniprésente de Danko Vučinović se concentre souvent sur une personne en arrière-plan, au milieu d’une foule ou par une fenêtre. À d’autres moments, elle suit un personnage dans ses déplacements, le filmant de haut en bas. Dans le scénario de Tarokić, le temps pris pour fournir l’information sur des événements clés survenant souvent hors champ renforce l'ambiance de ce chaos à peine contrôlé.

La palette de couleurs est dominée par les rouges et les blancs, notamment en raison de l'art naïf qui recouvre de nombreux murs de l'école. Associée à la musique du groupe folklorique Lado, composée de claquements de mains et de voix rauques, elle renvoie implicitement au clivage entre tradition et modernité, caractéristique de la société croate.

Présente dans presque tous les plans de ce film de 126 minutes, Redžepović brille par son registre de jeu, la désignant comme une future star, après 13 ans de carrière et 34 rôles dans des courts métrages, des longs métrages et des séries télé. Mais c'est la performance impressionnante de Matavulj dans le rôle du professeur d'histoire et le caractère délicieusement manipulateur de la directrice d’allure candide que joue Ivanković qui ajoutent de la tension et du piquant au film.

The Staffroom est une coproduction de Kinorama (Croatie) et KinoElektron (France). New Europe Film Sales est en charge des droits internationaux.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy