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KARLOVY VARY 2021 Compétition

Critique : Bird Atlas

par 

- Dans son nouveau film, en lice pour le Globe de cristal, Olmo Omerzu use du pouvoir d’un chant d’oiseau pour pointer du doigt la cupidité typique des grandes entreprises

Critique : Bird Atlas
Miroslav Donutil dans Bird Atlas

Bird Atlas [+lire aussi :
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est le nouveau film du Tchèque Olmo Omerzu (Winter Flies [+lire aussi :
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), présenté en avant-première lors de la 55e édition du Festival de Karlovy Vary. C’est un film qui s’élève contre le capitalisme en s’intéressant à la chute d’Ivo (Miroslav Donutil), propriétaire vieillissant d’une usine technologique qui apprend que son entreprise est criblée de dettes. Ses tentatives pour découvrir la vérité sont contrariées par l’insuffisance cardiaque dont il souffre. En effet, son cœur défaillant semble sur le point de lâcher chaque fois qu'on lui rappelle les nombreux millions de dettes contractées par son entreprise. Le voyage qu’il entreprend va le conduire à découvrir certaines vérités sur ses employés et sur ses enfants. Il y a même un lien avec un soldat en Afghanistan. C’est pourtant loin d’être la chose la plus étrange du film dans lequel les pigeons et autres oiseaux font office de chœurs grecs dans cette morne ville tchèque.

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Depuis qu'un pigeon s'est posé sur une branche pour réfléchir à l'existence, il n'y a jamais eu d'oiseaux aussi observateurs et philosophes à l'écran. Ces gazouilleurs débitent le genre de réflexions philosophiques que l'on pourrait voir sur des cartes de Noël à tendance socialiste. "La vraie richesse, c'est la santé physique" et "Le pouvoir des puissants repose sur les larmes des pauvres", pour ne citer que quelques-unes de leurs bêtises. Lorsqu’ils ne prônent pas la compassion, les oiseaux observent avec perspicacité les ravages que l’homme inflige à la planète. Et quand ils ne disent pas qu’il vaut mieux être pauvre et exempt de dettes que riche et usé par la vie, les oiseaux commentent également ce qu’il se passe. Ils n’ont pas vraiment de raisons pour le faire, l’intrigue est plutôt simple, mais cela ajoute un certain degré de bizarrerie et de légèreté au film dont le ton sombre et lourd se fait ressentir dès les premières scènes. On y voit un soldat en action sur le point d’utiliser une arme de destruction massive.

Ivo est le genre de figure patriarcale que tous les films veulent avoir dans le rôle du méchant de nos jours. Il reproche à la police de ne pas en faire assez pour récupérer son argent. Il croit pouvoir résoudre les crimes plus rapidement que les autres et pense que sa méthode est non seulement la meilleure, mais surtout la seule et unique. Aux yeux de ses deux fils et de sa fille, il a toujours fait passer son travail avant le reste. Lui n’est pas d’accord. Le cadrage de Lukáš Milota est étouffant, la musique de Monika Omerzu Midriaková sinistre et le décor des bureaux et des intérieurs est extrêmement ennuyeux à chaque apparition d’Ivo, personnage à la morale douteuse. Ses investigations le conduisent jusqu’à sa comptable Marie (Alena Mihulová), plus disposée à renouer avec son petit-ami sur Internet qu’à l’aider à résoudre le mystère de l’argent disparu. Marie est une femme très secrète et si le film met en scène de nombreux oiseaux et un chien, le seul animal à l’œuvre est un escroc. Mais qui dupe qui ? Ivo vivra-t-il assez longtemps pour le découvrir ? Et pourquoi, au vu de tout cela, Bird Atlas n’est-il pas plus plaisant à regarder ?

Grâce à la structure et au montage de Jana Vlčková, le réalisateur Omerzu fait le lien entre l’appât du gain des entreprises, les conflits en Afghanistan et Internet. Mais, le tout n’est pas concluant, en dépit des oiseaux et des enfants d’Ivo qui tentent d’expliquer que dans la vie, l’argent n’est pas le plus important. Des vacances luxueuses pour les enfants, des politiques écolos pour les oiseaux. Dommage que la justice aille dans le sens d’Ivo, que la criminalité financière soit un délit puni par la loi alors qu’un capitaliste autoritaire et bien-pensant reste parfaitement humain et tout à fait acceptable.

Bird Atlas est une production d’endorfilm, coproduite par Cvinger Film, Punkchart Films et Czech Television. Les ventes internationales sont confiées à la société Cercamon basée à Dubaï.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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