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KARLOVY VARY 2021 Compétition

Critique : Every Single Minute

par 

- Erika Hníková se penche sur les questions difficiles qui se posent aux parents par rapport à l’éducation de leur enfant

Critique : Every Single Minute

Dans la première scène du documentaire Every Single Minute [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Erika Hníková
fiche film
]
, en lice pour le Globe de cristal lors de la 55e édition du Festival du film de Karlovy Vary, nous entendons la voix off de Michal sur les images de son mariage. Il raconte qu'au moment même où les jeunes mariés se disaient "oui", les Hanuliak savaient que leur vie serait désormais consacrée à leur fils Miško. Mais avant même que nous apprenions que leur fils serait élevé selon la méthode Kamevéda, le public sait que quelque chose ne tourne pas rond, car aucun homme ne devrait porter un smoking banc le jour de ses noces.

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La méthode Kamevéda s’adresse aux parents qui souhaitent que leur enfant soit le meilleur dans tout ce qu’il fait. L’enfant doit parler plusieurs langues, gagner toutes les courses, bien manger et avoir une attitude exemplaire. Cette méthode comporte également des règles pour les parents : ils doivent consacrer leur vie à leur enfant, même au détriment de leurs relations avec les amis et la famille. La réalisatrice Erika Hníková accomplit un exploit de taille en parvenant à filmer Michal et Lenka tout en restant une observatrice passive. Elle s’assure ainsi que le film n’est pas une étude des bonnes et mauvaises manières d'élever un enfant selon la méthode Kamevéda, mais plutôt un regard porté sur la parentalité en général.

L’une des premières scènes se déroule lorsque Miško a trois ans et neuf mois. Son père est sur YouTube où il compare les compétences de jeunes prodiges du hockey sur glace de l’âge de son fils. Il précise que leur fils ne se mesure pas seulement aux enfants tchèques ou slovaques, mais à ceux du monde entier.

Les chapitres du film indiquent le jour de la semaine et le mois de l’année. Nous observons l’évolution de Miško, qui a désormais quatre ans. C’est un enfant plutôt bien élevé, qui semble se réjouir de toute l’attention que ses parents lui portent. Ce qui paraît par-dessus tout intéresser la réalisatrice est la difficulté que représente, pour des parents, l’éducation d’un enfant. Quelle est la bonne méthode ? Le succès est-il garanti ? Lorsque les parents de Lenka lui demandent s’ils envisagent d’avoir un deuxième enfant, d’autres questions se posent : pourraient-ils accorder la même attention à un autre enfant ? Et y a-t-il seulement assez d’heures dans une journée pour le faire ? La meilleure séquence du film est celle où les parents en discutent dans la voiture, et où la caméra reste sur Miško pour observer sa réaction.

On voit souvent Lenka faire le ménage, et l’appartement familial est toujours d’une propreté impeccable pour la caméra : le couple s’efforce tellement de donner une image parfaite de leur vie que l’on n’est pas surpris lorsque les choses se gâtent. Hníková filme un appel téléphonique au cours duquel Michal informe Lenka qu’il finira de travailler tard, trop tard pour mettre son fils au lit. Il reconnaît, à l’autre bout du fil, que leur couple connaît quelques turbulences. De son côté, Lenka utilise Miško pour tenter de persuader son mari de rentrer à la maison. Nous avons le sentiment que les exigences de la méthode Kamevéda sont plus dures pour les parents que pour les enfants, et qu’il va falloir faire quelque chose pour que les failles dans leur relation ne deviennent pas abyssales et les séparent. La réalisatrice n’observe jamais la famille autrement que dans son rôle de parents, et si cette démarche singulière s’avère efficace, elle est aussi quelque peu frustrante dans la mesure où le public n’a que très peu d’informations sur les parents en tant que personnes et qu’adultes qui travaillent.

Every Single Minute est une production d’Endorfilm, et une coproduction de Punkchart Films et de la télévision tchèque.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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