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INDUSTRIE / MARCHÉ France

Selon les participants au débat “Fictional Narrative & the Meaning Factory”, la créativité est une manière de survivre

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- Lors de cette conférence organisée par StoryTANK, des chercheurs et spécialistes en développement de fictions ont discuté des manières dont les histoires qu’on raconte peuvent parler au public

Selon les participants au débat “Fictional Narrative & the Meaning Factory”, la créativité est une manière de survivre
Capture d’écran réalisée pendant le débat en ligne

La question de la fonction des récits était au centre de la conférence “Fictional Narrative & the Meaning Factory”, organisée par StoryTANK le 28 mai dans le cadre de la nouvelle initiative New European Bauhaus de la Commission européenne. L’événement, inauguré par Antoine Le Bos du Groupe Ouest et Xavier Troussard, directeur de la New European Bauhaus Unit, a réuni des gens comme Tomas Axelson, de l'Université d'Uppsala, Samira Bourgeois-Bougrine, docteur en ergonomie et ingénierie des facteurs humains, Ralf Schmälzle, professeur assistant au Département communication de l’Université du Michigan, et Vinca Wiedemann, consultante scénario et superviseure d'histoires, qui a notamment collaboré avec Lars von Trier.

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Schmälzle, quo utilise la neuro-imagerie pour étudier la manière dont les histoires suscitent des réactions convergentes au sein du public ("ce qui est un terme un peu plus technique pour parler de la manière dont les histoires nous unissent", a-t-il précisé), a souligné le fait que si l'action et la violence tendent à être des "aimants d'attention puissants", les histoires personnelles dans lesquelles on se sent impliquées le sont également. "Quand nous avons montré à des gens un mode d'emploi pour magnéto VS, nous n’avons pas obtenu ce genre d'effet. Ma théorie est que quand cela se produit, ça se cristallise autour de sujets critiques, comme l'affection qu’on a pour les autres", a-t-il dit, mentionnant aussi l’épisode Pan ! Vous êtes mort de Alfred Hitchcock Presents, sur un petit garçon qui joue avec un pistolet. "Les scènes riches en suspense, celles où le petit garçon pointe l'arme vers quelqu'un, sont très efficaces pour ce qui est d'unir le public".

Il est vrai aussi que les spectateurs tendent à faire des bonds métaphoriques très créatifs entre une scène spécifique et leur propre vie, comme Tomas Axelson l'a constaté. Tout comme un entraîneur d'équipe de football de filles qui inspirerait ses joueuses avec un monologue repris de Gladiator. "Les gens se réfèrent aux récits mainstream, ceux qu'ils ont autour d'eux, c’est une conclusion possible. Même quelque chose qui pourrait être appelé un film banal, comme Mamma Mia! [+lire aussi :
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,”, a-t-il fait observer, ajoutant que le film à succès Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet était également très présent dans son étude. "Une femme a confessé qu'elle l'avait vu cinquante fois. Elle pouvait puiser dans son histoire personnelle. C’était une situation à plusieurs niveaux", a indiqué Axelson, se référant à ce qu’il appelle "visionnage en épaisseur".

Mais au-delà de l’analyse du présent, certains se sont interrogés sur le futur. Samira Bourgeois-Bougrine a notamment fait écho à l’écrivain Bruce Sterling et son approche de la notion de “design fiction” : "Pour lui, et beaucoup d’autres créateurs de récits de science-fiction, la question est de pouvoir suspendre son incrédulité par rapport à un changement possible. Les films, ou les histoires, peuvent apaiser les peurs qu’on peut avoir par rapport aux technologies futures. Ce qui m'intéresse, ce sont les artefacts, et la manière dont on peut en développer de meilleurs pour améliorer notre environnement ou notre santé. Alors comment créer de la fiction positive, de la fiction qui va aider à résoudre ce genre de problèmes ?". La question étant posée, Bourgeois-Bougrine a mentionné Minority Report et le consultant scientifique du film, John Underkoffler, qui a ensuite développé beaucoup des technologies représentées à l’écran. "Les films peuvent fournir des opportunités de créer un nouveau futur. La créativité est une manière de survivre, tout spécialement quand tout le reste échoue".

Vinca Wiedemann a fait observer que l'impact des récits sur la vies des gens devrait être discuté dans un contexte démocratique. "Prenez la propagande : elle sert à faire en sorte que les gens se comportent d’une certaine manière, a-t-elle souligné. Ce qui est intéressant pour moi, c’est la manière dont le fait de raconter des histoires peut permettre à des citoyens de s’émanciper comme eux jugent bon de le faire". En se référant à son expérience personnelle, elle a avancé l'idée que bien que de nombreux auteurs d'histoires hésitent à partager leurs idées à l'avance, ce peut être très profitable : "Lars van Trier entre dans une pièce, parle aux gens d'une scène ou d'une situation, puis se dirige vers une autre, et fait la même chose. Quand on partage une idée, le risque est que les autres pensent qu’elle est mauvaise, mais votre pire censeur et juge, c'est peut-être vous-même".

Comme Le Bos l'a souligné pendant la session de questions-réponses avec le public qui a suivi la conférence, la pandémie pourrait être le déclencheur de l'apparition d'un surcroît de sens dans les histoires, dans la mesure où beaucoup de gens se tournent, en temps de crise, vers des histoires qui remontent le moral. Cela dit, selon Axelson, ils apprécient aussi d'y trouver un peu d’amertume, tout à fait comme dans le film oscarisé Drunk [+lire aussi :
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: "C’est un film joyeux, mais il a aussi un côté plus sombre. Les films totalement 'guillerets' ne fonctionnent pas, en tout cas pas selon les recherches sur le public".

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(Traduit de l'anglais)

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