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HOT DOCS 2021

Critique : School of Hope

par 

- Le combat pour l’eau continue dans ce film de Mohamed El Aboudi, qui a remporté le Prix spécial du jury à Hot Docs, laissant son public le gosier sec

Critique : School of Hope

School of Hope de Mohamed El Aboudi, qui a reçu le Prix spécial du jury du meilleur long-métrage documentaire international à Hot Docs 2021 (lire l'article), est à vrai dire un film qui se laisse bien regarder. Il y a de l’humour dedans, et quelques sourires aussi, même si le film s'intéresse à la tribu marocaine Oulad Boukais, qui souffre d'une sécheresse qui semble déjà durer depuis des temps immémoriaux. C’est vrai : leur monde, qui fait partie des victimes silencieuses du changement climatique, ne saurait être plus aride. Ils vivent cernés par des terres craquelées, et pas grand-chose d’autre, il faut le reconnaître, et leurs conversations les plus enflammées tournent autour du thème de l’eau – on a l'impression de revoir Mad Max: Fury Road, sauf que la réplique "Ne deviens pas accro à l’eau, ça va s'emparer de toi et quand il n'y en aura plus, tu vas mal vivre son absence" se met à résonner comme le leitmotiv personnel dont tout le monde se serait bien passé.

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Comme on pouvait l'imaginer, ces gens font partie des derniers nomades qui vivent encore là, et bien que certains s’accrochent aux vieilles traditions, leurs enfants préféreraient choisir un futur différent, un futur qui comprendrait un emploi stable, de préférence. C'est là qu’entre en jeu le bâtiment d’argile du titre, dirigé par un nouvel enseignant, Mohamed. Quoiqu'il n'ait pas grand-chose d'autre que ces quatre murs pour faire classe, car même les bureaux d'écoliers sont tous cassés, il n’est pas du genre à abandonner : Il est déterminé à se battre pour ses élèves de 11 ans, et ce bien que son lieu de travail donne vraiment un sens nouveau à l’expression "au milieu de nulle part", ce qui conduit à de longs moments de silence... Après tout, il n’y a personne à qui parler de toute façon dans les parages.

S'il y a quelque chose de familier dans School of Hope, qui est un joli film quoiqu'il n'ait rien de révolutionnaire non plus, c’est avant tout pour le motif du "professeur qui inspire" – mais sans le grand moment "Ô capitaine, mon capitaine !" façon Cercle des poètes disparus, et ce pas uniquement parce que les bureaux sont branlants. Si cet enseignant obtient des victoires, pour être importantes quand même, elles sont toutes petites, et les problèmes, hélas, sont du genre habituel : par exemple, les familles, qui survivent tant bien que mal, préféreraient que leur enfant s’occupe des bêtes au lieu d’aller à l’école, ou se demandent si leur fillette de 13 ans n'est pas trop vieille pour être éduquée, maintenant que tout "son corps change". Parfois, une mère vient aider, et conseille à un autre membre de la famille d'aller "se jeter contre la barrière" s’il n’est pas d’accord pour donner une chance à sa fille, mais globalement, rien ne change, même s'il n’y a pas moyen de revenir en arrière, de retrouver l'état d'avant. Pas étonnant que quand on interroge les enfants sur le sens du mot espoir, ils restent là à fixer le maître sans rien dire, le regard vide.

El Aboudi sait leur parler, cela dit, et ils s’ouvrent bel et bien à lui, ce qui est l'élément le plus touchant du film. Clairement, ils préfèrent parcourir en marchant (ou en vélo) ces 12 kilomètres, même en l’absence de toilettes, que vaquer à leurs corvées quotidiennes. Ils sont encore juvéniles, joueurs même, mais cependant déjà résignés à leur destin, d’une certaine manière, ce qui est indicatif de ce que semble penser toute la communauté : "Tout le monde souffre ici. Mais pour quoi ?".

School of Hope a été produit par la société finlandaise Illume Ltd, en coproduction avec Bellota Films (France), Vulcan Productions (États-Unis) et La Prod (Maroc).

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(Traduit de l'anglais)

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