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FILMS / CRITIQUES Royaume-Uni / États-Unis

Critique : Désigné Coupable

par 

- Tahar Rahim est époustouflant dans cette captivante adaptation par Kevin Macdonald des mémoires de Mohamedou Ould Slahi, Les carnets de Guantanamo ; sortie mondiale du film prévue en février

Critique : Désigné Coupable
Tahar Rahim dans Désigné Coupable

Tahar Rahim livre l'interprétation de sa carrière dans le rôle du détenu à Guantanamo Mohamedou Ould Slahi, au centre du captivant Désigné coupable [+lire aussi :
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de Kevin Macdonald, qui sortira pour le monde entier en février. À partir des mémoires écrites par Slahi en prison, Les carnets de Guantánamo, classé best-seller par le New York Times, MacDonald combine une description des mauvais traitements infligés aux détenus et un drame judiciaire à la hauteur des fictions de John Grisham, qui place face à face Jodie Foster en défenseuse déterminée de la justice et Benedict Cumberbatch en procureur militaire. On retrouve dans cet assemblage réussi entre biopic et thriller le MacDonald du Dernier Roi d'Écosse [+lire aussi :
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, et il ne serait pas fou d'imaginer Rahim prenant à son tour, comme Forest Whittaker pour Le Dernier Roi..., le chemin des Oscars.

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, Rahim a toujours fait preuve d'un talent remarquable pour ce qui est d'injecter de la chaleur humaine dans les personnages les plus accablés rien qu'en ouvrant ses yeux lumineux, ou à travers des expressions faciales très fines. Il le fait extraordinairement bien dans le rôle de cet homme qui s'est battu avec les moudjahidines contre les Soviétiques. Il donne à Mohamedou une dose d’humanité, tout en laissant de la place pour le doute quant à son implication, ou pas, dans des crimes affreux. Sans qu'on sache comment, il parvient à dessiner un Slahi obstiné, mais également chaleureux et courtois. Il donne envie de croire que ses mots sont vrais, mais s'arrange pour que dans le même temps, on ne soit pas nécessairement tout à fait convaincu.

L’action commence juste après l'attentat du World Trade Center. Slahi est arrêté devant sa mère en Mauritanie, au nord-ouest de l’Afrique, puis emmené à Guantanamo, la base américaine notoire à Cuba, où le gouvernement des États-Unis a incarcéré tous ceux dont il pensait qu’ils pourraient apporter des informations susceptibles de conduire à la capture d'Oussama ben Laden et à la destruction du réseau Al Qaïda. Presque tous ces hommes ont été détenus pendant des années sans avoir été inculpés. Ils ont été soumis à des tortures physiques et mentales, ainsi que des abus sexuels. Et pourtant, ceci n’est pas un film sur les crimes, bien qu'ils y abondent : c’est un film qui essaie de saisir les moments d’humanité. Il y a une séquence touchante où Slahi se lie d’amitié avec un autre détenu avec qui il partage un ballon de foot et échange des plaisanteries sur Omar Sharif.

Désigné coupable emprunte un chemin similaire s'agissant des avocats, en se concentrant sur leurs bonnes intentions. Le gouvernement américain, sous pression face au reste du monde qui lui demande de respecter le droit international, identifie Slahi comme un des détenus qu'il sera plus facile d'inculper devant les tribunaux et demande au Lieutenant Colonel Stuart Couch incarné par Cumberbatch de le poursuivre. Ce dernier étant lié à un des pilotes d'avion disparu dans les attentats, il est résolu à faire condamner à mort Slahi, mais c’est aussi un homme intègre qui croit en l’État de droit, même si son gouvernement continue de piétiner cette notion. Il fait face à l’avocate principale interprétée par Foster, Nancy Hollander, et son associée Teri Duncan (Shailene Woodley), toutes deux déterminées à garantir que tout le monde ait droit à un procès équitable, en dépit des preuves qui semblent peser en leur défaveur – et c'est un régal de voir Foster, qu'il est presque un crime de sous-utiliser autant comme actrice, dans un rôle aussi juteux. Sa Nancy ne vit que pour son travail ; on la voit recruter Teri, parcourir des piles de paperasse, avoir plusieurs conversations dramatiques avec Slahi et un rendez-vous étonnamment courtois avec Couch.

Ce récit serait celui d'un triomphe contre toutes attentes s'il n’était pas si bouleversant, à passer constamment de l'exultation au désespoir et inversement. Il n’y a pas de vrais gagnants ici, et tant de perdants, ce qui est une bonne approximation de ce qui s’est passé à Guantanamo.

Désigné coupable est un titre britannique et américain de STXfilms, 30 West et Topic Studios en association avec BBC Films et Great Point Media. Le film a été produit par Shadowplay Features, SunnyMarch et Wonder Street production.

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(Traduit de l'anglais)

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