email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Royaume-Uni

Critique : Host

par 

- Dans ce film compact qui se passe pendant le confinement, réalisé par le talent britannique montant Rob Savage, le cinéma d’horreur arrive sur la désormais omniprésente plateforme Zoom

Critique : Host
Emma Louise Webb, Caroline Ward et Jemma Moore (en haut) avec Radina Drandova (en bas) dans Host

L’Histoire du cinéma regorge d'"avant" et d'"après", des lignes tracées dans le sable à partir desquelles tout nouveau travail doit faire écho aux innovations de son temps. Le film d'horreur Host [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui se passe pendant le confinement et qui a été tourné pendant le confinement par le réalisateur britannique Rob Savage, ne représente donc rien de nouveau sous le soleil, mais c’est un des premiers films notoires à établir sa réputation dans le rude panorama cinématographique établi par la pandémie de Covid-19. Le film, inspiré par un post Twitter viral et bâti par son équipe à distance, grâce à la plateforme Zoom, s'est acquis un beau bouche-à-oreille dès son lancement cet été, via Shudder. Il arrive en Europe cet automne, y compris dans certaines salles.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le cinéma d’horreur a toujours été un genre élaboré entre limitations et opportunisme. Il était donc sans doute inévitable qu’un réalisateur avec une bonne vitesse de réaction capitalise sur un moment comme celui que nous vivons. De fait, Zoom a été un des petits baumes dans nos vies pendant cette période – sans cela, il serait difficile d'imaginer pouvoir passer une année de pandémie sans devenir fou. C’est aussi une des choses les moins effrayantes qu’on puisse imaginer. Ce qui est assez admirable dans Host, c'est que le film est fondé sur une idée pas mauvaise à ordinaire dans le meilleur des cas, mais exécutée bien au-delà de toute attente : en se tenant rigoureusement à la perspective visuelle d’un écran d’ordinateur, Savage parvient à créer une étrange sorte de suspense, un suspense méditatif. Dans une publication qui parle beaucoup de cinéma d'art, on se permettra de s’avancer un peu et de comparer cela avec les exercices de split screen de Brian De Palma, ou même les travaux de Godard dans les années 1970, notamment Numéro deux, où le cinéaste tentait de reconfigurer ce que le cadre cinématographique peut contenir en superposant les images.

Host conserve aussi le motif typique du cinéma d’horreur qu'est celui des héros qui, pour le dire simplement, n'ont pas inventé l'eau chaude. Sans guère d'explication, on est directement catapulté dans l’intrigue principale et on assiste à une réunion Zoom qui se déploie en temps réel. Haley (Haley Bishop) a rassemblé quatre amies proches, Jemma (Jemma Moore), Emma (Emma Louise Webb), Radina (Radina Drandova) and Caroline (Caroline Ward), pour une séance de spiritisme dirigée par le spécialiste des phénomènes occultes écossais Seylan (Seylan Baxter). Contrairement à Haley, ses copines ont plus tendance à prendre la chose à la rigolade, sapant l’atmosphère de componction que voulait instaurer l'instigatrice de l'opération pour communiquer avec les esprits de l’au-delà. Une blague de Jemma va déranger l'équilibre fragile du monde des esprits et convoquer un démon, dont les participantes à la séance vont à présent devoir se débarrasser.

Elles puisent autant qu'elles peuvent dans leur sens de la ressource mais, comme d’habitude dans les films de found footage, pas assez pour avoir l'idée appeler la police ou juste éteindre leurs fichus appareils électroniques, ce qui nous permet d'assister à chaque seconde de cette histoire. Pendant la dernière demi-heure, les frayeurs et sursauts se produisent à un rythme plaisamment soutenu qui prend de l'élan et devient haletant – quoique la teneur de ces coups de frayeur reste de l'ordre du "Attention ! Derrière toi !" façon Paranormal Activity. Savage ne montre aucune pitié et aucun sentimentalisme vis-à-vis de ses personnages, ce qui est peut-être le seul lien subtil du film avec le climat créé par le Covid-19, le virus représentant toujours un danger majeur alors qu’on se dirige vers l'année 2021 sans vaccin. Host colle trop aux pires conventions du genre pour totalement épater, et fonctionnera probablement mieux auprès des spectateurs plus jeunes et moins exigeant. Il n'en reste pas moins que c’est un exemple puissant de film qui regarde une catastrophe dans les yeux et refuse de se replier sur les vieilles méthodes.

Host est une production britannique qui a réuni les efforts de Shadowhouse Films et Shudder.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy