email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ROSE D’OR 2020

Critique : A Dose of Happiness

par 

- Ce premier long-métrage de fiction plein d’assurance par Yana Titova est un intéressant récit d’avertissement sur l’addiction

Critique : A Dose of Happiness
Valentina Karoleva dans A Dose of Happiness

Le Festival de la Rose d'or (24 septembre-1er octobre), qui est le plus gros événement de Bulgarie consacré au cinéma national, a offert cette année deux très bonnes surprises : deux premiers longs-métrages entièrement indépendants, réalisés par des acteurs. Le premier est Till The Final Caprice d'Ivan Yurukov, le second A Dose of Happiness [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Yana Titova. Ce dernier a si bien séduit le jury présidé par le duo de réalisateurs bulgares Kristina Grozeva-Petar Valchanov qu'il s'est vu décerner le Prix du meilleur premier long métrage. A Dose of Happiness, fonctionnel et direct, parvient bien à mettre en lumière la toxicomanie, un sujet rarement abordé publiquement en Europe de l'Est, et ce malgré l'augmentation du nombre de toxicomanes d'année en année.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Le film, inspiré du livre autobiographique Fall and Salvation de Vessela Toteva, parcourt huit années de lutte contre l'addiction à l'héroïne et à la méthadone. On fait la rencontre de Vessela (incarnée par Valentina Karoleva, la fille de Toteva dans la vraie vie) dès le début, alors qu'elle est une très jeune mère qui, par rejet de la nouvelle passion de son mari (Aleksandar Aleksiev) pour la vie chrétienne, devient une fêtarde. Quelques cigarettes "parfumées" plus tard, un matin, Vessela se retrouve à devoir affronter un sevrage douloureux, sa seule solution étant de continuer à consommer des drogues de plus en plus fortes.

A Dose of Happiness n'est pas un film révolutionnaire dans le contexte du cinéma bulgare, mais son honnêteté et son empathie impressionnantes vont probablement désarmer le public. Le film semble conçu pour devenir un récit de mise en garde, particulièrement à destination des jeunes spectateurs, car il montre à quel point il est facile de devenir accro et difficile de combattre une addiction. On imagine aisément ce film projeté dans les établissements du second degré et les universités, pour ouvrir un débat sur les addictions, et communiquer un message capital : il est possible de s'en sortir.

Titova, qui a aussi écrit le scénario, entoure son héroïne de différents personnages, certains qui sont des anges gardiens, d'autres des démons tentateurs. Parmi eux se trouve Joro (joué par Dimitar Nikolov, toujours impressionnant), un jeune homme de l'entourage de consommateurs de Vessela, qui montre au public à quel point il est facile de se laisser fasciner par un certain monde, de laisser de côté les normes sociales et de céder à l'appel de sa prochaine dose de bonheur.

Le drame montre, de façon quasi documentaire, les effets de l'addiction sur la vie des toxicomanes. Le fait que Vessela ait une très jeune fille, Valentina, est un moyen très efficace de placer l'addiction en contexte : comment peut-on avoir une fille aussi parfaite et ne se préoccuper que de sa prochaine dose ? Titova emploie quelques scènes à vous briser le cœur ; par exemple, celle où elle s'injecte de l'héroïne à l'avant d'une voiture en demandant à Valentina, assise à l'arrière, de garder les yeux fermés. La petite ouvre les yeux, et voit sa mère devenir un zombie alors que l'héroïne coule dans ses veines.

Avec l'aide du directeur de la photographie Martin Balkanski, Titova utilise quelques techniques, dont les jeux de point de vue, pour montrer au public la vision du monde d'une droguée, à la fois avant et après une dose. Des personnages cauchemardesques sont filmés sous des angles inconfortables, dans des couleurs vives, tandis que le temps devient un élément important de l'histoire, montrant comment le toxicomane glisse petit à petit dans l'abîme, détruisant ses relations et trahissant sa famille proche. Difficile de trouver un moyen plus direct et efficace de dissuader un ado de toucher à la drogue.

A Dose of Happiness a été produit de façon indépendante par No Blink Studio, en coproduction avec les sociétés bulgares bTV Studios, Brod Film, B2Y et Dream Team Films, ainsi que la britannique Reason8. Des dizaines d'entreprises et de contributeurs privés ont soutenu la production.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy