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CANNES 2020 Marché du Film

En quoi l’intelligence artificielle peut-elle être utile au cinéma européen ?

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- CANNES NEXT : Largo.ai a pour objectif de prédire très tôt le succès des films au box-office en s’appuyant sur une forme d’intelligence artificielle qui peut servir aux producteurs indépendants

En quoi l’intelligence artificielle peut-elle être utile au cinéma européen ?
Sami Arpa, le DG de Largo.ai, lors de la présentation

Lors de la dernière journée du Marché du Film Online de Cannes (22-26 juin) et de Cannes NEXT, l’équipe qui a créé la société suisse Largo.ai, un programme d’intelligence artificielle (AI) qui peut comprendre les ingrédients d’un film et prévoir les réactions du public, s'est concentrée sur la question de savoir en quoi l'AI peut aider le cinéma européen. Ayant amassé 1,7 million d'euros d’investissements, le programme a été présenté à plusieurs marchés du film, et il a gagné le challenge Zinemaldia & Technology Startup Challenge au Festival de San Sebastian l’année dernière.

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Sami Arpa, le DG de Largo.ai, a entamé la session en présentant une enquête sur la transformation numérique à l'ère post-pandémie, affirmant que leur technologie peut être pertinente à tous les stades de la production et offre des bénéfices en termes de vitesse et de réduction des coûts, car elle arme les convictions viscérales du producteur des possibilités de l'AI. La base de données d’apprentissage automatique comprend des métadonnées sur 400 000 films et séries, 1 800 000 talents et 59 000 scénarios et dialogues qui ont été analysés. De plus, les prévisions financières sont précises à plus de 80%, et chaque projet peut être analysé en cinq minutes. Arpa a souligné l’importance de l’adaptation, car les développements à suivre vont aller de pair avec une utilisation de plus en plus vaste de l'AI, même dès le stade du scénario, en moins de cinq ans.

Comme c’est le cas à chaque présentation dédiée à intelligence artificielle, la crainte que la créativité soit engloutie ou détruite par les robots a été abordée et sur ce sujet, Arpa a argué qu'actuellement, la réalisation de films n'est guidée ou assistée que par les données qu'on a. L’intelligence artificielle ne va pas résoudre les problèmes, mais elle est utilisée pour situer les problèmes auquel l’esprit humain devra ensuite apporter des solutions. Pour démontrer les résultats de la technologie de son entreprise, il a présenté les graphiques de deux films européens analysant le genre et l’évolution de l’histoire de chacun. Il a mentionné qu’un des films a réalisé 462 millions d'euros au box-office, et l'autre seulement 7 millions, après quoi il a demandé aux participants d'élire le film qui avait eu selon eux le plus de succès, uniquement à partir des graphiques. 60 % des présents ont choisi le bon film, uniquement en interprétant les données fournies.

À propos du box-office, une comparaison a été établie entre les marchés américain et européen, or quoique 2,5 milliards d’entrées soient vendues en Europe pour un revenu total de 8 milliards, les productions européennes et non-hollywoodiennes ne représentent que 2,5 milliards d’euros. Si on analyse les chiffres pour chacun des grands pays d'Europe, on voit que la France parvient à placer quatre films locaux au Top 10 chaque semaine, et le Royaume-Uni 2,5, tandis que l’Italie et l’Espagne ont du mal à aller jusqu'à 2, et l'Allemagne n'en place qu'à peine plus d'un par semaine. Ceci amène à la question suivante, la production, car en Europe, environ 1500 films sont lancés dans les salles chaque année pour des dépenses de production d’environ 2 milliards, ce qui fait une moyenne d'1,3 million d'euros par film. Les objectifs principaux, en cette période post-pandémie, sont de mieux comprendre le public européen, d’identifier quels films auront un bon succès commercial et d’élargir le pool d’investissement pour les films locaux qui pourraient être achevés, avec la réduction des risques et des coûts que cela suppose.

À cet égard, Alexandra Lebret, à la tête de l'EPC-European Producers Club, a expliqué pourquoi l'EPC s’est associé avec Largo.ai et en quoi c'est bénéfique pour les producteurs indépendants. Même avant la pandémie, les producteurs étaient dépendants de la suprématie des plateformes de streaming et maintenant, les cinémas étant fermés, sans le contact avec le public ni d'informations provenant des chaînes publiques, désormais marginalisées et en perte d'audience, les producteurs ne peuvent pas identifier ce que le public pourrait bien aimer. Avec l’intelligence artificielle, ils peuvent être plus réactifs à cela, avoir des analyses à leur disposition, protéger leurs IP et se préparer pour la prochaine crise.

Par rapport au partenariat avec Largo.ai, Lebret a mentionné que depuis que la société se sert d’outils similaires à ceux qu'utilisent les concurrents et les grands studios, les producteurs indépendants peuvent anticiper davantage le financement de leurs projets. En identifiant le public et en suivant bien son élargissement, ils peuvent aussi négocier plus efficacement et éviter de perdre leurs droits et leurs revenus quand ils se retrouvent face aux services de streaming. Lebret est également convaincue que ces analyses vont aussi être utiles pour offrir plus d’accès à d'autres investisseurs et diminuer les risques même au stade le plus précoce des projets, car elles permettent d'établir la bonne stratégie, qui pourra ent outre être reprise pour d'autres opérations futures. Pour les professionnels plus sceptiques par rapport à la technologie, Lebret a mentionné que l’AI effectuait une estimation "similaire" à celle qui pourrait être faite avec un agent de ventes, par exemple, mais de manière efficace et fondée sur des données plutôt qu'en supposant à partir de choses subjectives.

Enfin, Ilaria Lauzana, cheffe de la technologie chez Largo.ai, a présenté une série d’études de cas. Les films utilisés pour l'enquête étaient les suivants : Intouchables [+lire aussi :
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et Deux jours, une nuit [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Luc et Jean-Pierre Dardenne
fiche film
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. Elle a mentionné que l’AI utilise différentes variables pour différentes prédictions, de sorte que les données sont aussi importantes que le pool de talents. Pour le pic de revenus de chaque film, plus d’informations procédant de différentes composantes sont requises, c'est-à-dire que le scénario ne suffit pas. L’ensemble de la procédure est automatique. En insérant le scénario, de premiers pans d'information peuvent être extrapolés, mais les prédictions finales pour le box-office dépendent d'autres variables, notamment la manière dont les comédiens auront correspondu à leur rôle, et le génome du film, son ADN pourrait-on dire, est créé en utilisant tous les mots-clés qui peuvent possiblement le décrire. Il y a aussi eu des cas où l’analyse de scénario avait été positive et où la troupe était populaire, mais où elle ne collait pas bien avec le style du film, de sorte qu'il n’a pas fonctionné.

Avant de clôturer cet échange, Arpa a informé ceux qui regardaient qu’il y avait un appel à candidatures pour les producteurs et distributeurs européens : 20 d’entre eux seront sélectionnés et bénéficieront des services de Largo.ai pendant trois à six mois. L'opération est financée grâce au soutien de l'Office fédéral suisse de la Culture et du MEDIA Desk Suisse.

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(Traduit de l'anglais)

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