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VISIONS DU RÉEL 2020 Visions du Réel Industry

Visions du Réel discute de l'industrie du film aux temps du Covid-19

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- Nyon a causé marchés en ligne, nouvelles ressources pour le développement, coproductions et manières de garantir continuité et cash flow pour les producteurs européens

Visions du Réel discute de l'industrie du film aux temps du Covid-19
Daniela Elstner (Unifrance), Heino Deckert (Deckert Distribution), Roberto Olla (Eurimages), Violeta Bava (Visions du Réel), le modérateur John Hopewell, Laurent Steiert (OFC), Marit Van Den Elshout (IFFR Pro) et Jérôme Paillard (Marché du Film) pendant la table ronde en ligne

La crise générée par la pandémie du Covid-19 a fonctionné comme un puissant accélérateur de processus qui étaient déjà en cours, à différents niveaux de la filière : voilà l’idée qui a rassemblé tous les participants à la table ronde en ligne “Industry Talk #2 – Film Industry under Corona-times”, qui s’est tenue le 28 avril dans le cadre du festival Visions du Réel.

Les premiers à en convenir sont les marchés du film, représentés par Jérôme Paillard, le directeur du Marché du Film de Cannes, et Marit van den Elshout, qui s'occupe d'IFFR PRO, la section industrie du Festival de Rotterdam, qui ont mis en avant le fait que la volonté était déjà en train de s’affirmer, parmi les professionnels, de mettre un frein aux voyages constants vers les marchés et festivals de cinéma du monde – une question très intimement liée au respect de l'environnement, par exemple. "Peut-être que cette pandémie va donner une grosse impulsion à la décision des professionnels de ne fréquenter les marchés qui sont à l'autre bout du monde qu'un an sur deux, en intercalant avec une participation en ligne".

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Hot docs EFP inside

Mais au-delà de cette possibilité, il y aura aussi celle de "participer pour la première fois à un marché qui était avant inaccessible à ceux qui ne pouvaient pas y prendre part physiquement", ajoute Paillard, qui a précisé en quoi cette première édition en ligne du Marché du Film sera expérimentale : "Nous projetterons les films à la même heure dans les différents pays, sans tenir compte des fuseaux horaires". L'expérience permettra d'avoir "le don d'ubiquité", notamment grâce aux sessions parallèles, comme Cannes Docs, qui coïncidera avec Sunny Side of the Doc, "avec qui nous sommes en train de travailler pour trouver une forme de coordination, de sorte que les gens pourront être à Cannes et à la Rochelle en même temps". Sur le front de l’animation, même chose : des négociations sont en cours avec le Festival d’Annecy pour organiser une session "Annecy goes to Cannes", qui accompagnera les speed meetings dans le champ de l’animation.

La fermeture des frontières rend particulièrement difficile d’envisager des coproductions, qui pour certains pays constituent pratiquement la seule option existante pour produire des films compétitifs sur le marché. "Il est important de relancer et de maintenir les contacts pour les coproductions, et surtout, il faut encourager les producteurs plus jeunes, pour lesquels la présence physique et le contexte sont particulièrement importants, souligne Laurent Steiert du département Cinéma de l’Office fédéral de la Culture en Suisse, et il sera certainement nécessaire que les fonds nationaux fassent preuve de plus de flexibilité par rapport aux conditions artistiques et techniques que les coproductions doivent remplir".

Évidemment, la production va beaucoup ralentir, et c’est la raison pour laquelle "de nombreux fonds nationaux sont en train de reverser leurs ressources de la production au développement", fait observer Roberto Olla, le directeur exécutif d'Eurimages. Le programme du Conseil de l'Europe qui soutient les coproductions internationales n'a pas eu le temps d'entrer dans une vague de panique, son système de soutien étant basé sur un processus de décision qui implique 41 États-membres. Olla explique : "Nous avions une date-butoir le 16 avril, qui a été maintenue. Nous avons donc introduit une procédure écrite, à laquelle seront à présent soumis les nouveaux projets, après avoir été analysés à Strasbourg et discutés en vidéo conférence".

Le mot d’ordre : garantir un minimum de continuité et de cash-flow aux producteurs européens, "ceux qui étaient déjà en tournage et qui ont dû interrompre leur travail et à qui nous avons tout de même versé la première tranche du financement, via une disposition sur les cas 'de force majeure' qui était dans notre accord. Pour faire cela, nous avons achevé le processus de dématérialisation sur lequel nous travaillions déjà, et qui nous permet à présent d’effectuer des paiements et de signer tous les contrats de manière numérique". Après, il y a la question de la partie du financement qui arrivait après la sortie des films dans les différents pays coproducteurs, un autre cas prévu par la clause de force majeure : "Nous paierons aussi cette dernière partie, à ceux qui ont décidé de renvoyer la sortie à une date ultérieure comme à ceux qui ont choisi de lancer leur film sur des services de VàD".

Un autre pan important de cette stratégie consistant à faciliter la procédure est la réduction du nombre de traites par lesquelles s'effectuent les paiements, qui va passer de trois à deux : "cette opération aussi était déjà programmée, mais là, le comité de direction l'a approuvée et ça me semble un bon signe pour l’industrie : nous paierons 70 % de l'aide au premier jour du tournage et cela va apporter, je crois, une grosse bouffée d’oxygène aux producteurs".

Olla a parlé, pour conclure, d’autres mesures qu’il compte soumettre à la direction d'Eurimages, et qui dérivent de deux suggestions en provenance du European Producers Club : "La première est de prolonger le délai de validité de notre soutien avant le début du tournage : pour le moment le délai est d’un an, mais je vais demander de passer à deux. La deuxième, plus compliquée mais importante, porte sur la diminution du pourcentage de financement nécessaire dans chaque territoire pour faire une demande à Eurimages, qui pour le moment est de 50 %. Cette mesure concernerait les films avec un budget plus élevé, c’est-à-dire ceux où, par la force des choses, interviennent plusieurs sources de financement, notamment une chaîne ou un distributeur (qui ne bénéficient pas, seulement des ressources publiques, comme c'est le cas pour les films d'auteurs). Je parle de budgets d’un minimum de trois ou quatre millions d’euros, pour lesquels, à ce jour, il est compliqué que les chaînes adhèrent (du moins jusqu'à ce qu’il redevienne possible de faire des castings) ou que les distributeurs soient prêts à accorder un minimum garanti. C’est dur, dans ces conditions, d'arriver à 50 % ; on risque d’entrer dans un cercle vicieux, et c’est pour cela que je veux porter à l’attention du comité de direction cette proposition, ainsi que celle de diminuer le niveau de coopération technique et artistique demandé pour les coproductions".

Sur les produits finis, en revanche, surtout s’il s’agit de séries ou de documentaires, il y a beaucoup de demande de la part des chaînes, qui pourraient en revanche, d'ici quelques mois, se retrouver à court de contenus, note Heino Deckert, qui dirige l'enseigne allemande Deckert Distribution, société de production, de distribution et de ventes internationales. Son conseil : "Arrêtez de proposer des films réalisés par leurs auteurs seuls chez eux, pendant le Coronavirus. J’en ai déjà reçu une dizaine et pour être honnête, j’en ai moi-même proposé un à une chaîne italienne qui l'a refusé, parce qu’ils en avaient déjà un autre !".

La vidéo complète de la conférence est ici.

En collaboration avec

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(Traduit de l'anglais)

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