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FILMS / CRITIQUES Pologne

Critique : Bad Boy

par 

- Le nouveau film du faiseur de titres à succès polonais Patryk Vega, qui mêle football et thriller mafieux, arrive sur Netflix en Pologne à peine six semaines après sa sortie dans les salles

Critique : Bad Boy
Antoni Królikowski dans Bad Boy

S'il est un réalisateur en Pologne qui est immunisé, en ces temps de Covid-19 et d’interdiction de tourner, c’est Patryk Vega, qui a continué de tourner son prochain film tout mars. Il a ignoré plusieurs appels à fermer la production, notamment de la Guilde des réalisateurs de Pologne (dont il ne fait pas partie). Il fait à présent trois films par an, dont la plupart glanent au moins 1 million d’entrées dans le pays, et il semble inarrêtable. Son modus operandi est bien établi : il enquête sur une industrie ou un thème (la politique, la médecine, la police, les forces spéciales, l’injustice), choisit les histoires les plus juteuses et construit un film autour d’elles. Certains critiques comparent ses travaux à des kebabs, appelant ses réalisations du fast food cinématographique, à la fois pour leur vitesse de production et leur valeur nutritionnelle. Cependant, manifestement, le public adore ses films, et les acteurs aussi : Vega rassemble généralement des troupes impressionnantes garnies de stars polonaises importantes, qu'on voit habituellement au théâtre ou dans des films d’auteurs, comme Joanna Kulig (Ida [+lire aussi :
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), Maja Ostaszewska (Body [+lire aussi :
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), Magdalena Cielecka (United States of Love [+lire aussi :
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), Katarzynka Warnke (Mister T. [+lire aussi :
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) et Maciej Stuhr (33 scènes de la vie [+lire aussi :
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, lancé sur Netflix six semaines seulement après être sorti dans les salles, Stuhr joue un bon flic, Piotr, dont le frère, Pawel (Antoni Królikowski), est un criminel. Quand ils étaient enfants, Pawel a tué leur père abusif, qui était aussi un fervent fan de football – entendre : un hooligan. À présent, Pawel prend le même chemin, car il est le chef, porté à la violence, de la bande de hooligans du coin. Il veut même s’agrandir : il prévoit de prendre les rènes d’un club de football qu'il adore et de gagner des tas d’argent en vendant de la drogue. Piotr se met à enquêter sur son frère avec l’aide d’Ola (Katarzyna Zawadzka, la nouvelle muse de Vega), flic sous couverture et avocate, qui fait semblant d’être la fiancée de Piotr dans le cadre de sa mission. Elle se met à infiltrer l’univers du méchant frère et, bien sûr, tombe amoureuse de lui chemin faisant, aussi parce qu’il est en bien meilleur amant que Piotr.

Dans le monde de Vega, les femmes sont tout aussi avides de frissons et de pouvoir que les hommes, et cet élément est probablement un des motifs qui plaît autant au public féminin et aux actrices. Bad Boy est une bonne vitrine du style du réalisateur polonais : on y trouve beaucoup de scènes de violence, des poursuites en voiture, des plans filmés par drone et des dialogues tranchants, criblés d'obscénités. Ce qui semble être une notion sous-jacente dans les films de Vega (voir, par exemple, le diptyque Mafia Women ou la trilogie Pitbull [+lire aussi :
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), c'est un sentiment universel de méfiance profonde par rapport à tout type de système : médical, politique, judiciaire ou tout ce que vous voudrez. Ce monde est une jungle, et la seule manière d'y réussir, de s'en accomoder ou, plus souvent, d'y survivre, c'est de se servir du langage sans âme et sans compromis des poings, de frapper les autres au lieu de raisonner, de comploter au lieu de débattre ou de négocier. La Pologne, notoirement défiante par rapport au gouvernement et aux institutions publiques, est une cible de choix pour la vision sombre et paranoïaque (du moins, espérons-le) de Vega. Ces films ne se contentent pas d'offrir du divertissement au sens simple, de type fast-food : peut-être que, plus en profondeur, ils permettent aussi d'exorciser la peur de vivre actuellement dans le pire des mondes possibles. Dans ce sens, que peut-on bien avoir à faire d'une pandémie qui n'est que de passage et s’en ira ensuite ?

Bad Boy a été produit par Patryk Vega via la société Vega Investments. En Pologne, le film est distribué par Kino Świat. Il est disponible sur Netflix en Pologne depuis le 8 avril.

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(Traduit de l'anglais)

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