email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Espagne

Critique : Invisibles

par 

- Gracia Querejeta rend visible, à travers un film de conversations dans un parc, un problème qui affecte les gens après 50 ans : le fait que la société ne veut même plus les regarder

Critique : Invisibles
Adriana Ozores, Nathalie Poza et Emma Suárez dans Invisibles

Julia, Elsa et Amelia sont en toujours en sweat avec des chaussures de sport à leurs rendez-vous hebdomadaires, tous les jeudis matin, tôt, avant d’aller au travail, dans un parc où elles se promènent et font un peu d’exercice. Tandis qu’elles avancent, à un pas plus ou moins rapide, elles font des étirements et après la séance, elles vont se détendre autour d’un café, et parlent sans discontinuer : elles se font des confidences, se réprimandent et parfois se fâchent vraiment, quand la conversation atteint un niveau d’agressivité qui frise le manque de respect. En somme, elles sont comme tout autre trio d’amies. Ces trois personnages sont les héroïnes absolues d'Invisibles [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Gracia Querejeta
fiche film
]
, le nouveau film de la Madrilène Gracia Querejeta, qui arrive ce 6 mars dans les cinémas espagnols.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Faisons un peu plus leur connaissance : Elsa (interprétée par Emma Suárez) continue d’essayer de séduire tous les machos de l’espèce humaine qui croisent son chemin, comme elle le fait depuis qu'elle a des seins ; Julia (Adriana Ozores) et désanchantée, indifférente à tout, et prône un scepticisme qui désarmerait jusqu'à l’optimiste le plus tenace ; la pauvre Amelia (Nathalie Poza) est capable de supporter des relations toxiques, des petits abus et autres humiliations simplement pour vivre en couple pour et ne pas être confrontée à la "terrible" solitude. Comme on dit en Espagne, "chacune est la fille de son père et de sa mère", c’est-à-dire qu’elles ne se ressemblent rien. Et malgré tout, elles ont construit quelque chose qui ressemble bel et bien à un lien amical.

De cette manière, à travers trois types de personnes (car il pourrait aussi s'agir d’hommes avec le même genre de caractéristiques) et leurs conversations quand elles se voient, Querejeta et son co-scénariste habituel, Antonio Mercero, ont élaboré un film "de parc", du moins un long-métrage dont les personnages ne cessent de se mouvoir, à pied, dans une enceinte verdoyante située dans une ville de province, en l’occurrence Cáceres (Extremadura). Sur les différents sentiers, bancs et terrasses de ce territoire vert et ensoleillé, nos "Thelma et Louise + une" vont rencontrer d'anciennes amies aujourd’hui libres comme le vent, des homme mystérieux, un vieux couple et des hordes de jeunots qui les doublent sans effort, tant par la droite que par la gauche.

Sauf que les trois amies ne cachent pas de pistolet dans leur sac, seulement trois bouches bavardes d’où s'expriment les angoisses, peurs et frustrations de l’âge mûr. Elles disent aussi parfois des choses drôles, car l'humour ne manque pas ici, bien qu’il soit parfois noir. Entre son charme, son montage (qui ne laisse jamais retomber le rythme) et surtout les trois magnifiques interprétations des actrices, le film finit par se muer en cri contre la discrimination, en appel à plus d’attention de la part du système égoïste et absurde dans lequel nous vivons, et en un bel hymne à l’amitié. Ici, point de précipice d'où sauter au bout du chemin, mais un monde fichtrement cruel dans lequel il faut vivre courageusement tous les jours, une fois ressorties du microcosme complice que ces trois héroïnes contemporaines construisent toutes les semaines dans un parc.

Invisibles a été produit par Nephilim Producciones S.L. et Orange Films A.I.E. avec la participation de Movistar Plus+, TVE, Telemadrid et Canal Extremadura et le soutien de l'ICAA. La distribution du film et ses ventes internationales sont gérées par Wanda.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy