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BERLINALE 2020 Berlinale Special

Critique : Paris Calligrammes

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- BERLINALE 2020 : L'artiste allemande Ulrike Ottinger nous ramène dans le Paris des années 1960 dans un film merveilleux qui revient sur ses années de formation

Critique : Paris Calligrammes

Paris Calligrammes [+lire aussi :
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est un documentaire qui représente les mémoires de la peintre, écrivaine et réalisatrice allemande Ulrike Ottinger, récompensée par la Berlinale Camera au 70e Festival de Berlin – depuis 1968, ce prix distingue des personnalités et institutions qui ont apporté une contribution notable à la cinématographie. Quoique Paris Calligrammes pourrait bien être le dernier film d’Ottinger, c’est aussi une formidable introduction à son travail, de la même manière qu'Il était un petit navire [+lire aussi :
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de Marion Hänsel, projeté à Rotterdam, était une superbe introduction à la filmographie de la réalisatrice belge. Paris Calligrammes a été projeté dans la section Berlinale Special, et la réalisatrice, qui vit dans la capitale allemande, était présente pour recueillir ce prix bien mérité, à l’occasion de la première mondiale du film.

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Ce qui frappe avant tout dans Paris Calligrammes, c'est combien ce film est agréable à regarder. Le documentaire procède d'une exposition qu'Ottinger a faite à la fin de l’été dernier dans un des lieux de la Berlinale, la Haus der Kulturen der Welt (HKW). L’événement, également intitulé Paris Calligrammes, établissait un lien entre des matériels d’archives historiques et son travail artistique et ses films, pour créer un sociogramme de l'époque où elle était artiste dans le Paris des années 1960. Ottinger est arrivée dans la capitale française à vingt ans, quand elle n'était encore qu'aspirante-artiste. Pendant la décennie qui a suivi, elle a frayé avec les meilleurs : les réalisateurs de la Nouvelle Vague française, les poètes et les intellectuels qu’elle rencontrait au Deux Magots. Le documentaire accompagnant cette exposition est un mélange d’images d’archives, d’archives personnelles et photos contemporaines, l'ensemble étant lié par la narration d'Ottinger en voix off.

Ces mémoires audiovisuelles sont bien loin des travaux abrasifs qui ont fait d'Ottinger une récipiendaire si digne du trophée berlinois. Son premier long-métrage, Madame X – Eine absolute Herrscherin, sorti en 1977, a choqué le public pour le tableau qu’il faisait de l’érotisme lesbien et de femmes fortes et auto-destructrices. Son documentaire de 2016 Chamisso’s Shadow [+lire aussi :
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, qui se concentrait sur le poète et botaniste allemand du XVIIIe siècle Adelbert von Chamisso et sur l’explorateur britannique du XVIIe siècle James Cook, dure 12 heures. La cinéaste allemande est connue pour les plans très longs qu’elle propose dans ces documentaires, qui forcent le spectateur à étudier l’image, mais rien de tout cela ne se retrouve dans Paris Calligrammes, car, comme elle l'annonce tôt dans le film en voix off, l'idée était ici de faire un long-métrage qui capture l’esprit de sa jeunesse, et c’est bien ce qu’elle fait. Les coupes sont pleines de l’énergie et de l’enthousiasme de cette époque.

Le documentaire est divisé en chapitres accessibles portant des titres informatifs et drôles, à commencer par “Fritz Picard et la Librairie Calligrammes”, qui renvoie à la librairie de Saint-Germain-des-Prés où elle passait du temps avant, à écouter des discussions sur la littérature allemande. Picard et ses clients intello ont été son chemin pour entrer dans la scène artistique parisienne. Il y a aussi des sections sur le colonialisme, les enseignements de Friedlaender, le dadaïsme et le surréalisme.

Le film est un mélange de personnel de politique. C’est un film sur son amour de l'art, sur l’entrée en art, sur l’obtention progressive de l’expérience requise pour matérialiser son désir d’être artiste. C’est aussi une fenêtre sur le Paris de l’époque, bien qu'il soit parfois narré avec les lunettes roses de la nostalgie. Il n'y a pas un seul moment terne dans ce film, et on y sent aussi la politique de l’époque, croisée avec son parcours personnel, à travers une alternance de clips d’archives et d'images du présent. C’est l’œuvre d’une artiste consommée qui comprend l’importance d’adapter la forme à l’histoire.

Paris Calligrammes a été produit par Zero One Film (Allemagne), en coproduction avec Idéale Audience et l'INA côté français.

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(Traduit de l'anglais)

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