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SUNDANCE 2020 Compétition World Cinema Dramatic

Critique : Possessor

par 

- Cette coproduction entre le Canada et le Royaume-Uni réalisée par Brandon Cronenberg est une déconstruction SF du capitalisme de la surveillance

Critique : Possessor

Essayer de comprendre ce qui se passe dans le deuxième long-métrage de Brandon Cronenberg fait partie du plaisir qu'on y trouve. son amusement. Possessor, présenté dans la section World Cinema Dramatic Competition à Sundance, est un titre de science-fiction exaltant dont on a l’impression qu’il se passe dans un futur pas trop distant jusqu’à ce que Vos (Andrea Riseborough) se serve de son téléphone portable. Là, on se rend compte qu’on est en 2008, et que les personnages et l’intrigue sont tous des symboles de la manière dont nous menons déjà nos vies en ligne. C’est un univers intrigant, qui donne vraiment matière à penser, car Cronenberg déconstruit ici le fléau qu'est le capitalisme de la surveillance. Ajoutez à ce mélange de la violence exacerbée et des changements de sexe, ainsi qu’une atmosphère étrange et tendue, il devient difficile de ne pas comparer le réalisateur à son père, la légende du cinéma David. Brandon semble accepter pleinement cet héritage en choisissant Jennifer Jason Leigh pour le rôle de Girder, qui rappelle la conceptrice de jeux vidéo cible de tueurs qu’elle jouait dans eXistenZ (1999). À bien des égards, Possessor peut être vu comme le descendant d'eXistenZ, et un descendant qui a une meilleure compréhension de la manière dont les univers virtuels transforment nos personnalités.

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Est-ce que le plus dramatique, dans le prologue du film, sont les fabuleuses combi bleues qu'on y voit ou l’assassinat violent qu'il dépeint : la question se pose. Ce début se termine abruptement, par le réveil de Vos, qui a le cerveau connecté à un appareil qui lui permet d’habiter le corps d’autres gens, de contrôler leurs actions. Riseborough joue Vos comme un personnage toujours sur le fil. Elle tente de fuir la réalité et le fait qu'elle s'est séparée du père de son fils. Quand elle va les voir, elle doit essayer de jouer le rôle de la bonne mère, puisqu’elle ne peut pas être elle-même, à savoir une tueuse. Le conflit entre qui nous sommes et ce qui définit notre identité est un concept central de l’histoire. À chaque fois que Vos habite une vie, elle acquiert aussi les souvenirs de la personne, qui sont fusionnés avec les siens. Elle se débat avant tout pour devenir un être cohérent. Cronenberg joue joyeusement avec l’idée des manières dont on peut contrôler quelqu’un quand on a accès à ses souvenirs, et dont cette personne peut ensuite confondre ce qui est et ce qui n’est pas réel.

Le plus gros boulot qu’on lui confie est d’intégrer le corps d’un dealer, Colin (Christopher Abbott), et d’assassiner son beau-père, John Parse (Sean Bean), directeur exécutif d’une société du data-mining. Cette tâche implique que Vos navigue dans la relation trouble de Colin avec sa petite amie Ava (Tuppence Middleton) et survive 24 heures en faisant son travail officiel, qui est de surveiller la vie privée des gens à travers des webcam placées dans différents. L’objectif de ce voyeurisme n’est pas sexuel, mais commercial. La société veut toute information sur laquelle elle pourra mettre la main pour s’en servir pour la publicité, encourageant ainsi des transactions monétaires. Il y a des similarités entre la manière dont Parse et Girder manipulent, et cela peut aussi être mis en parallèle avec les géants des réseaux sociaux d’aujourd’hui. C’est un monde brutal et sombre dont le moteur est la cupidité des grandes sociétés, avec peu d’attention accordée à la moralité ou au bien social.

La photographie stylée de Karim Hussain et la musique au Jim Williams ajoutent au trouble de l'ensemble. Parfois, le récit confond, car Cronenberg refuse de donner des réponses faciles, ce qui pourrait faire enrager certains spectateurs. Comme dans la vie, il n'y a pas ici de grand moment de révélation, juste une prise de conscience progressive d’une issue fatale imminente.

Possessor est une coproduction entre le Canada et le Royaume-Uni, un film Elevation Pictures et Ingenious Media produit par Rhombus Media et Rook Films, en association avec Telefilm Canada, Arclight Films, Ontario Creates, Particular Crowd et Crave. Ses ventes internationales sont gérées par la société australienne Arclight Films.

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(Traduit de l'anglais)

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