email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IDFA 2019

Critique : Speak So I Can See You

par 

- Ce documentaire de Marija Stojnić relate l'histoire de Radio Belgrade, une des plus vieilles stations de radio d'Europe

Critique : Speak So I Can See You

Radio Belgrade a commencé d'émettre il y a 90 ans et c'est aujourd'hui la seule station de radio de Serbie à encore proposer des émissions culturelles riches à ses auditeurs. Le documentaire Speak So I Can See You de Marija Stojnić, projeté dans la section First Appearance de l'IDFA de cette année, est un hommage expérimental de 73 minutes aux souvenirs et l'importance historique de la station de radio. Avant de filmer son premier long-métrage, Stojnić a réalisé quelques courts-métrages, tels que Between Dream and Dream (2008) et Girl Who Opposed the Sun (2014), et elle a aussi travaillé dans le domaine du documentaire, principalement à la production.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

En théorie, réaliser un long-métrage documentaire expérimental sur la valeur culturelle d'une station de radio publique n'est pas une mince affaire. Cependant, la réalisatrice accomplit sa mission et offre aux spectateurs une expérience audiovisuelle plaisante et captivante. Le titre, qui provient d'une phrase d'Érasme de Rotterdam à Socrate, est sans aucun doute un choix pertinent, car tout le film est centré sur le pouvoir et la beauté du son radiophonique, capable d'envoûter son audience et de la rendre capable d'apprendre, d'espérer, de rêver et de réfléchir. Stojnić adopte une double approche cinématographique, alternant les scènes d'observation (qui montrent généralement le personnel en train de discuter ou de répéter leur programme) et les scènes plus abstraites, où la musique, les annonces, les feuilletons radio, les vieux enregistrements et d'autres extraits audios remplissent les espaces vides du bâtiment de Radio Belgrade.

Pendant qu'on regarde ces scènes, on a le sentiment d'explorer les contenus d'une capsule temporelle. À certains moments, la caméra se déplace d'une manière et à une vitesse qui évoquent les images satellites, ce qui confère au bâtiment une aura particulière et laisse place à la réflexion et la contemplation. Dans une de ces scènes, par exemple, la caméra fait lentement basculer le plafond, et la voix d'un présentateur exprime des pensées fascinantes sur l'immensité de l'univers et de ses origines, accompagnée d'une piste instrumentale qui va progressivement crescendo. Ce n'est qu'à la fin, lorsque la musique disparaît, que le présentateur révèle que ce sont des mots de l'astronaute américain Carl Sagan, cité depuis son livre de vulgarisation scientifique populaire Cosmos.

Pendant ce temps, d'autres parties sont imprégnées d'une ambiance plutôt originale et "dérangeante" où le mélange de voix, de sons, d’échos et de lumières rappelle l'esthétique des films d'horreur, ce qui accentue le fort pouvoir synesthétique du film. En général, le documentaire est riche de ces moments brillants, qui contribuent tous à éclairer des décennies d’histoire yougoslave et post-yougoslave, comme en témoigne la station de radio, plongeant ainsi le spectateur dans une expérience cinématographique assez unique. Il laisse aussi, et c'est tout à son honneur, de la place pour l'ironie.

Speak So I Can See You a été produit par la réalisatrice elle-même ainsi que par Milos Ivanovic pour les sociétés serbes Set Sail Films et Bilboke, en collaboration avec la chaîne publique finlandaise YLE. Ses ventes mondiales sont actuellement gérées par Wouter Jansen de la société Square Eyes (Nimègue).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Chloé Matz)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy