email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ARRAS 2019

Critique : Cărturan

par 

- Ce premier long-métrage de Liviu Săndulescu est une méditation captivante sur la mortalité

Critique : Cărturan
Vlad Popescu et Teodor Corban dans Cărturan

Après sa première mondiale en compétition internationale au Festival de Varsovie et sa sortie nationale vendredi dernier, Cărturan [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Liviu Săndulescu
fiche film
]
, premier long-métrage du Roumain Liviu Săndulescu, est présentement en lice dans la compétition européenne du Festival d'Arras (8-17 novembre). Malgré ses défauts et son côté un peu répétitif, ce film reste une intéressante méditation sur la mortalité, soutenu par une bonne performance de la part de Teodor Corban (L'Étage du dessous [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Radu Muntean
fiche film
]
).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

On fait la connaissance du héros du film, Vasile Cărturan, dès la toute première image. Ce sexagénaire fatigué rentre dans son village et on apprend rapidement, par une conversation qu’il a avec ses voisins (Dana Dogaru et Cristina Flutur), qui se sont occupés de son petit-fils Cristi (Vlad Popescu) en son absence, qu’il était en ville pour en savoir plus sur des douleurs mystérieuses qu’il avait au ventre. Ce que Cărturan ne dit pas tout de suite, c’est qu’on lui a annoncé qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre. L’homme décide donc de mettre ses affaires en ordre, et parmi les plus grands défis qui se présentent à lui figure celui de trouver une famille d’adoption pour son petit-fils orphelin.

Ce qui est franchement impressionnant dans Cărturan, c’est que le scénario, écrit par Săndulescu et Bogdan Adrian Toma, est complètement dépourvu de fatalisme. Notre calme héros semble avoir accepté son sort dès que les médecins lui ont annoncé leur diagnostic, et se met à cocher une à une les cases de sa liste de choses à faire avant son départ. Il y a quelque chose d'incroyablement stoïque, austère et serein dans la manière dont il fait face à sa mortalité, et c’est sans doute la plus grande force de ce récit, d’autant que la performance discrète et honnête de Corban donne de la profondeur et de l’humanité à un personnage dont l’impuissance face à la mort devient en réalité son plus grand atout dans son rapport aux autres personnages.

Cărturan, tout en s'ancrant profondément par son sujet dans le registre des drames sociaux qui ont la prédilection des cinéastes de ce qu’on appelle la Nouvelle Vague roumaine, parvient aussi à aborder les thèmes de la corruption, de la bureaucratie et de la capacité du système roumain à parer aux besoins les plus primaires de ses citoyens. Le film explore également un conflit assez anecdotique entre le héros et le prêtre du village (Adrian Titieni, probablement l’acteur roumain qui a à son tableau de chasse la collection de personnages secondaires la plus impressionnante), réticent à officier à une cérémonie d'aumône tant que Cărturan est toujours vivant.

Hélas, certains des choix de mise en scène donnent au film un aspect forcé : certains plans par trop statiques, où deux ou trois personnages sont assis à table, à parler, en deviennent irritants. Les répliques aussi tendent à être répétitives, car beaucoup de personnages affirment la même chose : leur incapacité à aider Cărturan ainsi qu'à vraiment comprendre ce qu’il vit. Ce qui ressort souvent est un contraste exagéré entre la nature extraordinaire de la situation du héros et la banalité de ses échanges, qui pourrait étonner voire frustrer le public. Quand Cărturan reçoit le cercueil qu’il a commandé au charpentier du village, il plaisante : "Est-ce que tu es sûr que je vais rentrer ?". On le saura jamais, mais l'intrigue du film, elle, semble clairement conçue pour rentrer dans certains cadres préétablis qui coupent les ailes de Cărturan et limitent le film qu’il aurait pu devenir.

Cărturan a été produit par Mandragora (Roumanie) en coproduction avec les sociétés suédoises Film i Väst et Doppelganger. Le film est sorti en Roumanie avec la branche distribution de Mandragora, Iadasarecasa.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy