email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

JIHLAVA 2019

Critique : FREM

par 

- Ce documentaire de la Slovaque Viera Čákanyová, tourné dans l'Antarctique, essaie de sortir du cadre de la pensée anthropocentrique pour proposer une vue du monde débarrassée des humains

Critique : FREM

En 2019, la crise du réchauffement climatique se profile à l’horizon, tandis qu’une nouvelle "espèce" d’être semble de plus en plus susceptible de jouer un rôle significatif dans la vie sur la planète Terre : l’intelligence artificielle. Nous les humains, qui avons été au centre de notre propre monde pendant plus de cinq siècles, nous sommes poussés sur le bas-côté tandis que des questions plus pertinentes se présentent, telles que : comment empêcher une catastrophe qui changerait de manière permanente le climat sur terre et éteindrait complètement d'autres êtres vivants. En même temps, nous devenons de plus en plus conscients du fait que nous sommes très insignifiants et passagers face aux changements qui se produisent depuis 4,5 milliards d'années sur la planète que nous habitons. Car aussi loin qu’on puisse se souvenir, nous pensons à nous-mêmes comme les héros et maîtres de la vie sur terre, mais l’histoire de la planète remonte beaucoup plus loin que le début de notre existence. Sommes-nous même, du moins dans la société occidentale, encore maîtres de nos seules vies – sans parler du monde ? Ou alors : la manière dont nous vivons enchevêtrés avec la technologie pourrait-elle permettre à quelque chose de nouveau de prendre le devant de la scène, quelque chose qui régule notre existence de tous les jours plus qu'on ne s’en rend compte ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Voilà certaines des questions de départ de Frem [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Viera Čakányová
fiche film
]
de Viera Čákanyová, présenté dans les sections First Lights et Czech Joy du 23e Festival international du documentaire de Jihlava. Le documentaire ne s’attarde sur des tableaux de la vie quotidienne des humains que quelques minutes au début du film, après quoi ces images liées aux humains se dissolvent dans une série de fragments visuels et audio qui affectent jusqu'aux sous-titres. Le film nous amène ensuite dans l’Antarctique, un endroit où la vie humaine pourrait être la moins susceptible d’exister. L’intention est claire : envisager un regard déshumanisé (peut-être le regard d’une intelligence artificielle) où les règles traditionnelles de la réalisation de films, comme les gros plans et la vue à hauteur d’œil, ne s’appliquent plus, parce qu’elles ont été conçues dans le cadre d'une perspective anthropocentrique. La dissolution des sous-titres semble indiquer que cette déshumanisation ne survient pas seulement au niveau du récit, mais au niveau métatextuel également, au niveau du film en tant que produit lui-même.

L’Antarctique peut sembler un endroit solitaire pour un être humain, mais pas pour une intelligence artificielle. Il y a, à l’infini, des tas de neige et de glace à regarder, les mouvements de la mer, des rochers gris, des phoques gisant immobiles jusqu’à ce qu’ils décident de glisser sous la surface de l’océan, des pingouins qui se rassemblent et, en l’absence d’humains, adoptent un langage corporel qui les fait paraître très humains pour l’observateur humain. Il y a des trous dans la glace et il semble y avoir quelque chose de l’autre côté, mais sans humain en vue, les proportions du paysage ne sont pas claires. Finalement, un homme apparaît, nu et gelé, qui rampe en dehors de l’océan. La caméra ne fait pas franchement attention, cette silhouette humaine est petite comme dans une peinture traditionnelle chinoise, insignifiante par rapport au paysage.

Bien sûr, un film réalisé par un être humain ne pourra jamais adopter un point de vue complètement déshumanisé. Après tout, le cinéma lui-même est un concept humain, une invention humaine. Malgré tout, le film de Viera Čákanyová constitue une expérience intrigante, qui pose des questions et met en avant des arguments intéressants et, avant tout, refléchit sur ce que cela pourrait signifier que de sortir du cadre qui nous définit.

Ce film a été produit par la société tchèque Hypermarket Film et la slovaque Punkchart Films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy