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LE CAIRE 2018

Critique : Rafaël

par 

- Le réalisateur originaire d'Amsterdam Ben Sombogaart propose un film plein d'assurance où il traite de la crise des réfugiés d'un point de vue très européen

Critique : Rafaël
Melody Klaver dans Rafaël

Rafaël [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, le nouveau film du Hollandais Ben Sombogaart, qui a fait son avant-première au Festival du film des Pays-Bas et joue à présent au Festival international du film du Caire (20-29 novembre), s'ajoute aux très nombreux films qui parlent de la crise des réfugiés, mais il aborde le sujet habilement, selon une perspective très européenne. Ce titre, tourné en hollandais, en anglais, en arabe, en français et en italien, raconte l'histoire (co-scénarisée par Tijs Van Marle et Massimo Gaudioso) de Kimmy, une fille au caractère bien trempé (incarnée de manière très crédible et compétente par l'actrice néerlandaise Melody Klaver), et du Tunisien Nazir (le comédien belge Nabil Mallat), qui tombent amoureux dans la ville tunisienne de Sousse et, très vite, se marient.

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Hélas, les choses vont mal tourner, car ils se marient juste avant le début du Printemps arabe, et le chaos qui s'ensuit les force à partir pour l'Europe, plus précisément les Pays-Bas, avec leur ami Rafaël (Mehdi Meskar), toujours optimiste. Tandis que la situation empire et qu'ils essaient de quitter le pays Nazir est empêché d'accompagner sa femme enceinte en Europe, car il n'a pas les papiers nécessaires. Ainsi, contre son gré, elle doit poursuivre sa route seule, laissant Nazir et Rafaël tenter la traversée de la Méditerranée de manière clandestine. Leur deuxième tentative sera fatale pour Rafaël, mais Nazir parvient à Lampedusa, où il est enfermé dans un camp de réfugiés et tente désespérément de Kimmy. Les époux arriveront à se retrouver, mais bien que Kimmy parvienne à prouver qu'il est son mari, il ne sera pas autorisé à quitter le camp. Commence pour elle un long combat pour le faire libérer et qu'ils aient enfin une vie de famille normale.

Le film, inspiré d'une histoire vraie, propose une variation intéressante sur le sujet de la crise des migrants en explorant un cas qui en dit long sur l'Europe, et souligne la folie de la bureaucratie européenne. Bien que Kimmy fasse des recherches poussées sur le droit de la liberté de mouvement et s'assure bien que Nazir remplit toutes les conditions requises, elle est ballottée d'un bureau du gouvernement à l'autre sans que personne n'accepte la responsabilité de ce champ administratif en particulier. Sa frustration face à cette situation est très bien exprimée par Klaver, qui injecte dans son personnage la dose parfaite de désespoir, d'émotion et de détermination. Le plus ridicule (et révélateur) dans son histoire est le fait qu'elle est forcée de recourir à un stratagème : faire un scandale dans le camp lui-même pour attirer l'attention des médias et qu'enfin son affaire avance.

L'histoire des personnages avant le film est relatée par bribes à travers de brèves scènes tournées caméra à l'épaule : des flashbacks sur de belles plages colorées qui contrastent cruellement avec le désespoir et la noirceur de la situation en Tunisie pendant les soulèvements. Malgré quelques petites imperfections (comme les boums lourds et irritants qu'on entend à chaque coupure du montage, même quand il ne se passe rien, et les musiques tonitruantes qui soulignent trop fort les émotions dépeintes dans les scènes les plus sentimentales), Rafaël est un travail solide qui fait réfléchir et qui devrait, dans un monde juste, réveiller un peu les décideurs et les amener à adopter une attitude plus humaine, nourrie de plus de compassion, par rapport à la situation des réfugiés.

Rafaël est une coproduction entre les Pays-Bas, la Belgique, l'Italie et la Croatie qui a réuni les efforts de Rinkel Film BV, Menuet, Jaako Dobra, Evangelische Omroep et Verdeoro. Les ventes internationales du film sont assurées par la société italienne Intramovies.

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(Traduit de l'anglais)

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