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SARAJEVO 2017 Compétition Documentaires

Mr Gay Syria : défendre les minorités dans un environnement hostile

par 

- La journaliste et réalisatrice turque Ayşe Toprak évoque le sujet sensible et peu connu des communautés LGBTQI marginalisées au sein des réfugiés syriens

Mr Gay Syria : défendre les minorités dans un environnement hostile

Après avoir travaillé de nombreuses années aux États-Unis, la journaliste Ayşe Toprak est revenue dans sa Turquie natale en 2011. Malgré les tensions qui affectent cruellement son pays depuis quelques temps, elle a choisi d’attirer l’attention, en faisant des documentaires, sur les communautés les plus marginalisées. En collaboration avec Al Jazeera, Toprak a ainsi fait des courts-métrages documentaires comme Don’t Tell Us Fairytales (2013) et The Fashion Issue (2013). Son premier long-métrage documentaire, Mr Gay Syria [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, vient d’être présenté dans le cadre de la Compétition Documentaires du 23e Festival de Sarajevo, où il a gagné le Prix des Droits de l’Homme (lire l’article).

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Hussein est un barbier qui vit à Istanbul, un jeune homosexuel de 24 ans marié et père d’un enfant. C’est aussi un réfugié syrien. Toute sa vie, il a fait semblant d’être hétérosexuel, l’homosexualité étant condamnée par la loi dans son pays d’origine. Depuis qu’il habite en Turquie, Hussein a eu la possibilité de se dévoiler davantage. Mahmoud Hassino, également syrien, également réfugié, vit de son côté à Berlin. Il est ouvertement gay, et milite pour les droits de la communauté LGBTQI. Avec la petite communauté LGBTQI syrienne qui vit à Istanbul, il décidé d’organiser un concours de beauté baptisé “Mr Gay Syria”. Le prix pour le gagnant : un voyage à Malte pour représenter le pays dans le cadre de “Mr Gay World” et représenter sa communauté face au monde. Hussein décide d’y participer.

À première vue, on peut penser que Mr Gay Syria est un documentaire de plus sur la crise des réfugiés, mais ce film est bien plus que ça, et c’est tant mieux : Toprak utilise la prémisse sus-décrite pour parler de quelque chose plus vaste que les problèmes actuels. En suivant les histoires personnelles de ses deux personnages principaux et les gens qui les entourent, elle nous plonge au coeur du combat quotidien de quelqu’un qui est membre de plusieurs minorités marginalisées en même temps. Une histoire comme celle de Mr Gay Syria pourrait en théorie être considérée comme triviale, l’homophobie pouvant paraître un problème mineur dans le cadre d’une guerre civile qui dure depuis six ans. Cependant, la réalité de cette situation n’en est que plus terrifiante pour la communauté des réfugiés gay, car elle signifie qu’ils n’ont aucun moyen, jamais, d’être en sécurité. Ceux qui ont fui leurs foyers sont encore en danger dans leur pays d’accueil, et ce danger peut venir de leur propre famille et de leurs propres, car leur “secret” a maintenant été révélé.

Malgré la dureté du sujet qu’il évoque, Mr Gay Syria parvient à respirer et sortir du pur drame à travers de touches d’humour. Hussein comme Mahmoud font tout leur possible pour dédramatiser leurs angoisses en essayant de faire comme si de rien n’était face à une exposition qui pourrait potentiellement faire s’écrouler leurs vies.

Malgré la relative tolérance que ces réfugiés y trouvent, la Turquie n’est pas le pays idéal pour tourner un film sur les droits des homosexuels, de sorte qu’on ne peut que louer la bravoure de Toprak et son équipe, bien que le récit ait parfois tendance à devenir plus factuel et moins cinématographique, surtout que le film offre des moments où les émotions prévalent et transcendent tout le reste, posant sur ces personnages une lueur d’espoir qui fait également du bien au spectateur. Mr Gay Syria n’est résolument pas un autre récit sombre sur le désespoir, car il laisse entrevoir que l’amour est plus fort que n’importe quelle tragédie.

Mr Gay Syria est une coproduction franco-germano-turque qui a réuni les efforts d’Antoine Simkine (Les Films d'Antoine), Christine Kiauk et Herbert Schwering (Coin Film) ainsi qu’Ekin Çalışır (Toprak Film), avec le soutien du Fonds régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, du Programme de l’Institut Sundance pour le documentaire, du Forum du film d’Antalya, du New Film Fund, de Meetings on the Bridge et de la Fondation Rosa Luxemburg. Les ventes internationales du film sont gérées par la société britannique Taskovski Films Ltd.

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(Traduit de l'anglais)

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