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CANNES 2015 Un Certain Regard

L'étage du dessous : "Il se croit bon, le pauvre ?"

par 

- CANNES 2015 : Radu Muntean dévoile un film psychologique très subtil et remarquablement mis en scène sur un homme aux prises avec sa conscience

L'étage du dessous : "Il se croit bon, le pauvre ?"
Teo Corban dans L'étage du dessous

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en 2008 et Mardi après Noël [+lire aussi :
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en 2010, le cinéaste roumain Radu Muntean a confirmé tout son grand talent de mieux en mieux maîtrisé avec l'excellent L'étage du dessous [+lire aussi :
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, présenté au Certain Regard du 68ème Festival de Cannes. Fondé sur un style privilégiant la suggestion à travers l'image et ne veillant à livrer au spectateur que le minimum de clés d'interprétation, le réalisateur offre un très belle démonstration du pouvoir de la mise en scène et de l'observation. Une approche psychologique mise au service d'une intrigue astucieusement développée à la lisière du thriller et brossant également de manière souterraine un intriguant discours sur l'humain, l'animalité et la toxicité de la modernité.

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Démarrant à un rythme soutenu et assez énigmatique, L'étage du dessous reste collé aux basques de Sandu Patrascu (le très bon Teo Corban), un père de famille hyperactif passant sa vie toujours en mouvement et portable en main pour gérer sa petite affaire d'intermédiaire en démarches administratives afin de changer les plaques d'immatriculation des véhicules. Centré sur cette activité professionnelle, sur son chien (qui participe à des concours) et sur son régime alimentaire, ce personnage plutôt banal voit son existence bouleversée par un événement survenant dans l'immeuble où il vit avec sa femme et son jeune fils Matei. Il surprend en effet par hasard une dispute très houleuse entre deux de ses voisins, une femme et un homme (qui occupent deux appartements différents), et ce dernier aperçoit Sandu. Quelques heures plus tard, la femme est morte et la police sur les lieux. Est-ce un accident ? Un crime ? Nul ne le sait et Sandu va taire l'épisode qu'il a entendu. Un silence qui va peu à peu le travailler, tout comme il travaille Vali (Iulian Postelnicu), le voisin concerné par les soupçons (mais que personne ne soupçonne) qui se rapproche très vite de Sandu en faisant appel à ses services professionnels et en s'immisçant dans son foyer. Une relation tendue emplie de non-dit se noue entre les deux protagonistes, perturbant Sandu de plus en plus profondément...

Doté d'une science très aigüe du cadre, plaçant à merveille ses comédiens dans des espaces restreints, jouant avec les bordures de l'image et les ressources du hors champ, Radu Muntean scrute la moindre inflexion du visage de plus en plus pensif et mal à l'aise de son personnage principal. Grâce à des plans séquences à la durée extrêmement très bien calibrée entre la plongée immersive nécessaire à la manifestation des nuances de la vérité intérieure et le rythme indispensable à une progression de l'intrigue stimulant l'intérêt du public, le cinéaste roumain donne à L'étage du dessous un zest de suspense et une immense ouverture à toutes les hypothèses. Cette oeuvre conçue comme un millefeuille et qui ne délivre aucun mot de passe distille, sous sa surface de "duel" psychologique au parfum policier, des pistes de réflexion sur la conscience, la culpabilité, le secret, la cellule familiale, l'éducation parentale, l'animalité et la communication dans un environnement de nouvelles technologies envahissantes, etc... Une multitude de thématiques esquissées avec la plus grande discrétion par Muntean qui a l'élégance de laisser le spectateur totalement libre de ses pensées et qui réduit à minima l'usage des symboles visuels et dialogués. Un parti-pris hyper cinématographique qui fait de L'étage du dessous une oeuvre très aboutie dans ses intentions et qui marque une nouvelle étape réussie dans l'évolution d'un cinéaste dont chaque film est désormais attendu avec le plus grand intérêt.

Coproduction associant la Roumanie, la France, l'Allemagne et la Suède, L'étage du dessous est vendu à l'international par la société allemande Films Boutique.

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