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SAN SEBASTIAN 2014 Compétition

Vie sauvage : Education clandestine

par 

- Cédric Kahn a dévoilé à San Sebastian un film explorant sans préjugés la radicalité d'un père en fuite pendant 11 ans avec ses deux enfants

Vie sauvage : Education clandestine

La question de l'individu et de la société a toujours passionné le cinéaste français Cédric Kahn qui s'est très souvent penché sur des personnages "inadaptés" ou désireux de sortir des sentiers battus (de Roberto Succo à L'ennui, en passant par Feux rouges ou Une vie meilleure [+lire aussi :
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), et se débattant dans une fuite en avant où les sentiments jouent un rôle déterminant. Aussi n'est-il pas étonnant que le réalisateur ait été attiré par "l'affaire Fortin", un fait divers très médiatisé en 2009 lors de l'arrestation d'un père ayant soustrait ses deux jeunes fils à leur mère avant de disparaître avec eux pendant 11 ans pour une vie clandestine et à priori heureuse en pleine nature. Cette histoire hors normes (qui a déjà inspiré La belle vie [+lire aussi :
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de Jean Denizot) a fourni à Cédric Kahn la trame de Vie sauvage [+lire aussi :
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, dévoilé aujourd'hui en compétition au 62ème Festival de San Sebastian.

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Explorant avec une relative douceur un comportement radical, le long métrage retrace avec habileté cette plongée dans la marginalité où le présent refuse d'envisager l'avenir, où un père et ses deux fils tentent de vivre en osmose dans la France contemporaine comme des Indiens d'Amérique échappant aux décisions judiciaires et à la police, tandis que plane le souvenir évanescent d'une mère éplorée et une intéressante interrogation sur le libre arbitre, livrée au spectateur sans chercher à l'influencer.

Démarrant à toute allure sur la fuite de Nora (Céline Sallette) qui embarque ses trois enfants afin d'échapper à une vie de couple enlisée avec Paco (un très bon Mathieu Kassovitz), son refus de la société de consommation, sa caravane, ses animaux, ses cheveux longs... Comme dans de nombreuses séparations, les enfants sont pris dans la tenaille affective et le conflit parental, les disputes virulentes et les décisions de justice. S'estimant lésé car il n'a pas la garde des enfants, Paco décide de disparaître dans la nature avec les deux plus jeunes, Tsali et Okyesa (âgés de 7-8 ans) qui le suivent volontairement. S'ensuivent des années d'itinérance solidaire nourries de réflexes de clandestins (vie dans l'isolement des campagnes ou dans des communautés "baba", cache-cache pour éviter la gendarmerie, mensonges et fausses identités, moments difficiles de dénuement, etc.) et d'une atmosphère de liberté joyeuse qui n'empêche pas Paco de mener lui-même très sérieusement l'éducation scolaire de ses deux fils. Mais le temps passe et à l'adolescence, Tsali et Okyesa (qui n'ont jamais oublié leur mère) se heurtent aux limites de cette existence...

Construit à base d'ellipses, Vie Sauvage prend notamment le parti de traiter les trois premières années de l'histoire avant de passer subitement à la dernière année où tout va se dénouer. Un choix qui offre au film un magnifique terrain d'expression pour s'immerger dans la relation entre le père et les deux enfants, et pour restituer au mieux leurs conditions de vie dans la nature. Ensuite, même s'il est très bien orchestré avec d'autres acteurs crédibles qui incarnent les deux fils adolescents, ce grand saut opéré dans le temps constitue une rupture légèrement au désavantage du film qui devient plus mélodramatique. Néanmoins, ce côté un peu inégal n'efface pas la qualité d'un long métrage sensible et très bien mis en scène qui pose avec justesse et sans préjugés la question de l'utopie à l'épreuve de la réalité.

Produit par Kristina Larsen pour Les Films du Lendemain et coproduit par Les Films du Fleuve (la société belge des frères Dardenne), Vie sauvage sera distribué le 29 octobre dans les salles françaises par Le Pacte qui pilote aussi les ventes internationales.

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