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FILMS République Tchèque

Krásno : le cinéma tchèque s'aventure en eaux troubles

par 

- Avec son humour noir, la comédie décalée Krásno explore un terrain peu commun pour une production tchèque

Krásno : le cinéma tchèque s'aventure en eaux troubles
Krásno de Ondřej Sokol

Le cinéma tchèque de ces dernières années a tendance à pécher par uniformité : les drames comme les comédies en tous genres ont tendance à adopter le même style rétro, un mouvement général démenti de loin de loin par des nouveaux venus qui prennent le risque de déconcerter le public habitué à ce cinéma lisse. C'est le cas de l'acteur, metteur en scène de théâtre et réalisateur de télévision Ondřej Sokol, dont le premier long métrage pour le cinéma, Krásno [+lire aussi :
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 (du lac portant le même nom, qui joue un rôle crucial dans le récit), a pris les spectateurs par surprise. Son entreprise audacieuse et inusitée a marqué une rupture d'autant plus nette avec les standards habituels qu'elle a trouvé des échos parmi les sorties récentes, ce qui est plutôt bon signe pour le cinéma national.

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Krásno, annoncé comme une comédie noire, un genre peu populaire en République tchèque (la dernière tentative dans ce sens a été Tacho, un film réalisé en 2010 qui parlait de courses de vitesse et de cancer), s'inspire ouvertement de la poétique des frères Coen. Ses éclairages faibles et sa palette de marrons renvoient aux conventions du film noir (le directeur de la photographie Tomáš Sysel a aussi évoqué le tableau Nighthawks d'Edward Hopper), tandis que l'intrigue elle-même frôle la comédie loufoque à l'américaine (on y trouve notamment plusieurs références nettes à Burn After Reading [+lire aussi :
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). “Ce film, qui s'inspire de faits réels qui nous ont beaucoup affectés et influencés dans nos vies, n'est pas pour nous une production comme une autre, mas un projet profondément personnel. Bien que les événements évoqués soient affreusement tragiques, la manière dont leurs protagonistes ont réagi nous a paru tellement absurde et incroyablement cocasse que nous avons décidé de faire une comédie sur la mort de la mère de mon meilleur ami", explique le réalisateur.

Le film commence par des retrouvailles, celle des deux héros, Adam et Michal (joués par Sokol lui-même et par Martin Finger, qui a co-écrit le scénario avec lui), de retour dans leur village natal, Šumperk, le temps d'un week-end. Michal vient voir son père mourant, bien que sa relation avec lui se soit fortement dégradée depuis la mort mystérieuse de sa mère, dont il le tient coupable. Les deux hommes renouent dans le cadre d'une plus vaste réunion avec d'anciens camarades de lycée, au cours de laquelle ils se saoulent comme des perdus et sèment la pagaille. À ce stade, le rythme de l'intrigue s'accélère jusqu'à la fin du premier acte, après quoi le film bascule dans le genre du récit de détective, car Michal est tellement convaincu que le décès de sa mère a quelque chose de pas net qu'il se lance dans une enquête.

Les créateurs du film prennent manifestement un grand plaisir à diriger les scènes vers des points culminants drôles et dérangeants à la fois. Les plans d'ouverture se jouent avec ironie des comédies nostalgiques populaires, pour bifurquer abruptement et entraîner le spectateur dans un revirement tragique inattendu qui implique un innocent jeu d'enfant dans le lac qui donne son nom au film. Un certain fatalisme est maintenu tout au long du film, de même que certains motifs et gags récurrents. Les séquences, assemblées comme un patchwork, nourrissent une trame centrale assez libre et avant tout fondée sur les personnages, comme dans un sitcom (Sokol ayant joué dans une émission d'impro comiques, il a de l'expérience en la matière). Les créateurs ont un penchant non seulement pour l'humour noir, mais pour l'humour pince-sans-rire, rare dans le cinéma tchèque actuel. Enfin, l'acteur de renom international Karel Roden livre une performance superbe dans son rôle secondaire de croque-mort compatissant.

Krásno marque non seulement des débuts prometteurs pour Sokol en tant que réalisateur de cinéma, il annonce l'aube d'un renouveau pour la production tchèque, un renouveau confirmé par l'arrivée d'un autre long métrage intéressant, To See the Sea, écrit et réalisé par le populaire acteur de comédies pour ados Jiří Mádl, qui passe pour la première fois derrière la caméra.

Krásno a été produit par Love.FRAME en coproduction avec la Télévision tchèque, Frame1oor, Magiclab, Sound4film et Lightservice. Le film est distribué par Bontonfilm.

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(Traduit de l'anglais)

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