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Maria Blom • Réalisatrice

Dalecarlians

par 

- Maria Blom, devenue l'un des "nouveaux visages du cinéma suédois", a évoqué pour Cineuropa sa première expérience cinématographique et sa passion pour les acteurs

Cineuropa: Parlons d'abord de vous. Comment la femme de théâtre que vous êtes est-elle passée derrière la caméra? Cette transformation est-elle liée avec votre rencontre avec le producteur Lars Jönsson (Memfis Film & TV)?
Maria Blom: J'ai rencontré Lars pour la première fois il y a cinq ans. À l'époque, je travaillais à plein temps pour le théâtre. J'avais envie de m'essayer au cinéma, mais je ne voulais pas précipiter les choses. Certaines de mes pièces ayant attiré les spectateurs en nombre, on m'avait déjà fait des offres pour des projets de films, mais Lars m'a proposé de faire un film d'essai que l'on ne montrerait à personne et l'idée m'a plu. J'ai apprécié le personnage et le fait qu'il était prêt à me laisser le temps; j'ai donc accepté.

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La pièce Dalecarlians existait déjà et vous l'aviez déjà montrée au public. Pour quoi la reprendre pour un premier long métrage?
Quand j'ai écrit la pièce Dalecarlians [+lire aussi :
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, je pensais déjà qu'elle se prêterait bien à une adaptation pour le cinéma. Les personnages (et le fait que toutes les générations sont représentées) me plaisaient; j'avais envie de passer plus de temps avec eux. Qui plus est, l'action se situe à Dalecarlia, le village natal de mon père, or j'aime beaucoup les couleurs des paysages de là-bas ainsi que le dialecte. D'ailleurs, j'ai quitté Stockholm il y a deux ans pour m'y installer.

Est-ce que c'était important pour vous de vous entourer de collaborateurs expérimentés, tels que l'un des monteurs, Michal Leszczylowski (qui a travaillé avec, notamment, Ingmar Bergman et Andrei Tarkovski) et Peter Mokrosinski, un des directeurs de la photographie les plus populaires en Suède?
Absolument. C'est aussi pour cela que j'ai accepté de travailler avec Lars Jönsson, qui a une carrière impressionnante (c'est lui qui a lancé Lukas Moodysson et Josef Fares). Avec lui à mes côtés, Peter Mokrosinski et le reste de l'équipe, je n'ai pas été nerveuse parce que je savais que j'étais en de bonnes mains. Je leur faisais confiance pour me signaler mes erreurs. Lars, par exemple, regardait les prises tous les jours; à deux reprises, il m'a conseillé de refaire une scène. J'ai adoré collaborer avec Peter comme directeur de la photographie, et il a dit que de son côté, Dalecarlians est l'un des film sur lesquels il a eu le plus de plaisir à travailler.

Quid du casting, comment avez-vous choisi les acteurs et actrices?
J'avais vu Kajsa Ernst (qui joue Eivor, la soeur aînée) dans un petit théâtre un an auparavant, au moment où j'écrivais le texte de la pièce, et elle m'avait beaucoup plu. Quant à Sofia Helin (l'actrice principale, qui joue Mia), Nous allions aux mêmes cours de théâtre en 2001; nous avions déjà travaillé ensemble sur mes pièces. Je cherchais des gens ouverts, pas des acteurs narcissiques mais des gens agréables sur le plan personnel avec qui j'aurais grand plaisir à travailler. Mon idée concernant les acteurs, c'est qu'il faut leur faire jouer des rôles qui sont à l'opposé de ce qu'ils sont dans la vie. J'aime bien les défis. Je ne m'appuie pas sur un storyboard. J'improvise avec les acteurs pendant les répétitions et ensuite, je demande au directeur de la photographie de filmer comme je l'entends. J'attends des acteurs qu'ils deviennent des personnages et rien d'autre, des personnages sans aucun rapport avec leur vraie personnalité.

Quel genre d'histoire aimez-vous raconter?
Ce qui m'intéresse avant tout, c'est l'audience. Quand j'écris, je pense à certaines personnes en particulier et j'essaie d'imaginer quel type d'histoire ils voudraient entendre ou voir. Un de mes thèmes préférés, c'est l'idée qu'il faut être gentils les uns avec les autres et ne jamais juger — c'est comme ça que je suis dans la vie! Mes histoires sont des récits à personnages. C'est autour d'eux que je crée le reste; je reconstitue le cadre dans lequel ils évoluent.

Le drame familial et l'ambiance oppressante de ce film en forme de huis-clos rappelle le travail d'Ingmar Bergman. Est-ce que Bergman vous a influencée?
Ingmar Bergman est d'une autre génération par rapport à moi; je le connaissais à peine quand j'étais plus jeune. Je n'avais pas l'impression d'appartenir au même milieu culturel. De toutes façons, j'étais plutôt marginale. Dans l'ensemble, je ne pense pas avoir été particulièrement influencée. Ce sont surtout des ambiances qu'il m'arrive d'emprunter à des films ou productions qui me plaisent. En termes de réalisateurs, j'aime bien, par exemple, Tim Burton et Cameron Crowe, des réalisateurs qui osent être sentimentaux. Ceci étant, dans ma méthode de travail avec les acteurs, je me rapproche plutôt de Mike Leigh. Il élabore les personnages avec les acteurs; c'est pendant qu'il tourne qu'il décide de les rendre plus réalistes, ou plus sensibles...

En tant que metteur en scène, qu'est-ce qui donne le plus de satisfactions: faire une pièce ou un film?
Dans le cas d'un film, on travaille énormément et avec beaucoup de personnes sur une période de temps assez courte, donc le rythme est intense. Il faut vraiment aller de l'avant, et c'est une attitude qui me correspond. Si quelqu'un n'est pas d'accord, il faut le convaincre et ça aussi, ça me plaît. Ce qui est fantastique dans un film c'est aussi filmer en extérieur, dans le monde réel, parce qu'on a un contact direct avec la nature et la population locale. Ce que j'aime au théâtre, c'est le fait de pouvoir prendre toutes les décisions, d'être le vrai chef. Quand je mets une pièce en scène, je n'admets aucune remarque et ça me convient très bien comme ça.

Que ressentez-vous par rapport au fait que votre premier long-métrage est un gros succès en Suède —avec près de 800 000 entrées depuis le mois de décembre?
C'est fantastique. Je me réjouis que les spectateurs aient aimé mon premier film, mais je vais continuer de travailler sur les images. Il me faudra peut-être cinq films avant d'être vraiment satisfaite du résultat. Je dois dire que contrairement à beaucoup de réalisateurs pour qui travailler avec les acteurs est difficile au début, ce n'était pas le cas pour moi parce que j'ai l'habitude de travailler avec des acteurs, donc je ne suis pas une débutante, du moins pas à cet égard.

Êtes-vous en train de préparer un prochain film?
Je vais d'abord prendre six mois sabbatiques et rester tranquillement à la maison. À l'automne, je commencerai l'écriture d'un nouveau scénario original pour Lars Jönsson.


Biographie
Maria Blom, née en 1971, se destinait au métier de coiffeuse mais l'école ayant refusé sa candidature, elle s'est dirigée vers les cours de théâtre à la Södra Latin High School. Depuis, elle n'a plus quitté le théâtre. C'est au Backstage/Théâtre de la Ville de Stockholm, avec des pièces encensées par la critique comme Sårskorpor et Rabarbers, que Maria Blom a élargi son public, dépassant largement le cercle réduit des aficionados. De sa première collaboration avec Memfis est né un pilote, Fishy, drame des relations humaines situé à Fisksätra, dans la banlieue de Stockholm. Maria Blom vit à présent, depuis deux ans, à Dalecarlia.

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