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LOCARNO 2022 Compétition

Patricia Mazuy • Réalisatrice de Bowling Saturne

"Il fallait que je prenne mon sujet à bras de corps, et que je fasse preuve de courage"

par 

- La réalisatrice française nous parle de ce film noir très sombre, avec un personnage central très effrayant

Patricia Mazuy • Réalisatrice de Bowling Saturne
(© Alexandre Ean)

Patricia Mazuy a présenté son nouveau film, Bowling Saturne [+lire aussi :
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bande-annonce
interview : Patricia Mazuy
fiche film
]
, en compétition internationale cette année au Festival de Locarno. Elle y raconte l’histoire violente d’un jeune homme perdu qui non seulement reprend le bowling de son père décédé, mais hérite aussi d’une partie de sa face obscure. Nous avons interrogé la réalisatrice sur les symboles de masculinité, le choix d'un bowling comme décor de l'action et le comédien qui joue le rôle principal.

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Cineuropa : D’où vient l’idée d’utiliser un bowling comme décor pour ce film ?
Patricia Mazuy: J’ai besoin d’avoir des endroits marquants comme décors pour mes films. L'idée du bowling m'a plu, parce que c’est un lieu très tranquille quand il est fermé, et très bruyant quand Il est ouvert. Je trouvais que c’était aussi un espace assez graphique, avec des lignes et des formes claires. J’aimais aussi le fait que le lieu soit souterrain et puisse représenter la descente du personnage principal dans les entrailles du père.

Avez-vous été inspirée par un vrai fait divers criminel ?
Non. L’objectif du film était d’analyser le passage à l’action, le glissement qui se produit pour y arriver. Le personnage central ne l'avait pas prévu, mais il y vient.

Pourquoi était-il important que la scène de violence soit si radicale ?
Il fallait que je prenne mon sujet à bras le corps et que je fasse preuve de courage. Cette scène ne pouvait pas juste passer. C'eût été trop accommodant, et il était trop important que cette scène soit forte, puisqu'elle devait informer l’ensemble du film. Elle a été assez difficile à tourner. Nous l’avons préparée comme une scène de comédie musicale. Le spectateur est censé avoir une impression d'action en temps réel, nous devions être très précis.

Le monde des chasseurs est par excellence un symbole de masculinité.
Il y a aussi des femmes qui chassent, mais oui, c’est un symbole d'un patriarcat ancestral. Il y a un autre type de violence qui va avec, de nature morale. Leur vision est terrifiante et cauchemardesque. Quand le héros voit son père pendant son safari, quelque chose bascule en lui. Il s’identifie avec la proie, il sait que sa fin est proche.

Quelle était la chose la plus importante que devait représenter votre personnage central, Armand ?
Il était important qu’il s'engage dans un parcours dense et complexe. Au début, c’est un jeune homme qui souffre ; après, il devient un monstre.

Comment Achille Reggiani a-t-il préparé ce rôle ?
Il était primordial qu'il se concentre. Il s’est isolé et s'est préparé d’un coup pour toutes les phases du développement du personnage. Le tournage a été assez chaotique : nous avons dû faire d'un coup toutes les scènes qui se déroulent dans l''ascenseur, de même que toutes celles qui se passent sur l'allée du parking, bien qu’elles ne se produisent pas dans l’ordre chronologique dans le scénario.

Comment l’avez-vous trouvé et pourquoi l’avez-vous choisi pour ce rôle ?
C’est mon fils et il est comédien de théâtre. Je l’ai vu jouer sur scène des rôles très forts. Il était important de trouver une distance professionnelle à travers notre travail.

Qu’est-ce qui vous a inspirée pour le décor de l’appartement du père du héros ?
Je voulais faire référence au sujet du colonialisme. L’appartement est complètement baroque, très effrayant. C’est un lieu de terreur et de peur pour le héros aussi, quand il y entre pour la première fois. Après, il se l'approprie : il enfile le gilet de son père et devient une version de lui.

Le plus gros de l’histoire se passe la nuit, les couleurs que vous utilisez sont très sombres. Quels étaient les aspects principaux de votre approche visuelle pour ce film ?
Comme c'est un bowling en sous-sol, on ne sait jamais vraiment s'il fait jour ou nuit. J’aimais bien ça. Pour ce qui est de l’esthétique du film, je voulais utiliser tous les éléments et procédés du film noir. Les deux femmes sont censées représenter la lumière. L'une sort, l’autre fuit. Elles devaient toutes deux être aussi vivantes que possible.

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(Traduit de l'anglais)

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