email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2022 Compétition

Ann Oren • Réalisatrice de Piaffe

"Je trouvais très intéressante la psychologie du dressage, la relation entre cheval et cavalier"

par 

- La réalisatrice israélienne installée à Berlin nous parle de son premier long-métrage, un travail très ambitieux sur le plan formel

Ann Oren • Réalisatrice de Piaffe
(© Bjørn Melhus)

Cette année au Festival de Locarno, en compétition internationale, le public a pu découvrir en première mondiale Piaffe [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ann Oren
fiche film
]
, de l’artiste et réalisatrice Ann Oren. Oren est née en Israël, elle a étudié à New York et elle vit à présent à Berlin. Nous l’avons interrogée sur sa fascination pour les chevaux et le travail des bruiteurs.

Cineuropa : Pouvez-vous nous en dire plus sur l'appareil très spécial qui fait que l’héroïne rencontre le botaniste ?
Ann Oren : C’est un Photoplastik que j’ai vu à Varsovie, un appareil pré-cinématographique qui permet de visionner des images. Le tout premier contient des images sur l’Histoire de Varsovie. Je me suis tout de suite dit que cet appareil avait quelque chose de cinématographique, dans le mécanisme par lequel il opère aussi. Pour en profiter, des gens s’assoient dans le noir, comme dans un cinéma normal. S’ils veulent, ils peuvent avoir une liaison secrète sans que personne ne le remarque. La scène avec le Photoplastik est aussi une des premières scènes du scénario que j’ai écrites. Le bruiteur, vers la fin du film, va à l’intérieur de la construction et devient le film que les autres, ceux qui sont à l’extérieur, peuvent voir. Nous avons joué avec le son d’un projecteur de film pour renforcer ce motif.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

D’où vient l’idée du film ?
J’ai toujours voulu faire un film sur un bruiteur. Je suis fascinée par ce métier. Il a quelque chose de fou là-dedans, dans l'idée de se perdre dans une salle obscure et d'imiter rigoureusement chaque chose qui est à l’écran. Et personne ne sait que vous existez. Je pense que c’est une idée contemporaine du travail. Beaucoup de professionnels travaillent seuls, détachés du monde. Un bruiteur m’a dit, une fois, que c’est très étrange de travailler dans une pièce complètement silencieuse, à construire soi-même toutes les couches sonores, et puis de ressortir dans la rue où d'un coup, c'est trop. C’est une des choses qui a inspiré la publicité au centre de l’histoire, et la crise nerveuse de Zara, ainsi que l’expérience limite de l'héroïne.

Pourquoi avez-vous choisi le motif des chevaux ?
Les chevaux ont aussi un lien avec l’histoire du cinéma. Pour Eva, c'est la première fois qu'elle est confrontée à cet animal, alors tout un univers imaginaire s’ouvre à elle. Avec la queue qui se met à pousser sous son dos, elle gagne en intuition, une intuition qu’elle ne se permettait pas d’écouter au début. J’ai trouvé très intéressante la psychologie du dressage, la relation entre cavalier et cheval. Tout semble se faire avec aise, on dirait une danse, et ça requiert la soumission du cheval. Il y a un jeu de soumission et de consentement. Quand vous allez dans des écuries, vous ne voyez presque que des femmes. J’ai lu un livre sur la relation entre les chevaux et les femmes. À cheval, les femmes gagnent en puissance ; elles se sentent plus fortes et plus grandes.

Avez-vous fait beaucoup de recherches pour le film ?
Oui, nous avons bien approfondi tous les personnages. C'est ce que nous avons fait aussi pour le botaniste. J’ai étudié les fougères, par exemple. Elles me rappelaient la forme d'une tête de cheval. J’ai aussi été fascinée par le fait que ces plantes ont les deux organes reproducteurs, et que cette plante est culte – beaucoup de gens sont obsédés par les fougères.

D’où vient votre inspiration cinématographique ?
Comme inspiration, je pourrais citer Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette. Ce n’est pas une influence directe, mais j’aime la relation intuitive entre les deux personnages. Je pense qu'elle est magique, pas entièrement logique, et les actrices sont captivantes.

Pourquoi Simone Bucio était-elle la comédienne qu'il vous fallait pour ce rôle ?
En écrivant, je n’avais pas une comédienne particulière en tête, c’était difficile de songer à quelqu’un que je pouvais projeter dans ce rôle. Et puis j’ai rencontré Simone et j’ai trouvé que c’était une vieille âme, ce qui m'a beaucoup plu car cette histoire est censée être atemporelle. Avec elle, j’ai eu une impression magnétique. Quand nous avons parlé de l’histoire du film, elle s'y est totalement rapportée. J’étais complètement charmée par elle, je pouvais voir le personnage en la regardant. Elle est mexicaine et ne parle pas allemand, donc elle a dû apprendre les dialogues pour le film.

Quels étaient les points importants dans votre approche visuelle pour ce film ?
J’ai choisi les couleurs très soigneusement. Il y a beaucoup de bleu et de rouge. Par ailleurs, j'ai décidé de tourner en 16 mm parce que je voulais une image qui ait ce type de grain, qu'elle ait une dimension viscérale. Un film doit vous happer, vous faire vivre une expérience physique, et le travail sur le son vient au soutien de ça : son et image sont deux parties du même tout. Enfin, je voulais traiter les chevaux et les plantes, toutes les espèces, comme des personnages.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy