email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2022 Compétition

Sylvie Verheyde • Réalisatrice de Stella est amoureuse

“Je pense qu’aujourd’hui, de nombreux adolescents se sentent très seuls et ont du mal à trouver leur manière propre de s'exprimer”

par 

- La réalisatrice française remonte le temps en réfléchissant à ses jeunes années, plus d’une décennie après son premier film autobiographique, Stella, salué, à l’époque, à la Mostra de Venise

Sylvie Verheyde • Réalisatrice de Stella est amoureuse

Sylvie Verheyde, qui présente actuellement en compétition internationale au Festival de Locarno son septième long-métrage, Stella est amoureuse [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Sylvie Verheyde
fiche film
]
, nous révèle certains détails quant à son lien personnel avec l’intrigue du film, à la reconstitution des années 1980 et à ses choix esthétiques.

Cineuropa : Vous avez commencé votre parcours autobiographique filmique avec Stella [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
(présenté aux Giornate degli autori de Venise en 2008), qui réfléchissait sur votre enfance, alors que Stella est amoureuse parle de vos années d’adolescence. Pourquoi avez-vous décidé de revenir à l’histoire de votre vie ?
Sylvie Verheyde : Le premier film, Stella, suit une jeune fille qui vient d’un milieu peu aisé et qui est sur le point d’entrer au collège quand elle découvre un nouveau monde, le monde de la culture. Stella est amoureuse parle d'une adolescente un peu plus grande dans une phase de sa vie où elle quitte le milieu social auquel appartiennent ses parents. Elle a le sentiment qu’elle n’en fait plus partie, mais elle ne s’identifie pas avec l’environnement de ses amis non plus. Elle a besoin de trouver son univers, sa place dans la vie. Je crois que de nos jours, de nombreux adolescents se sentent très seuls et ont du mal à trouver leur manière propre de s'exprimer. Quand j’étais jeune, il y a eu des progrès de faits pour ma génération, mais hélas, ce n'est plus le cas maintenant. C’est pour cela que j’espère qu’à travers mon parcours, les adolescents pourront se rendre compte que c'est à eux qu'il incombe de trouver leur propre voie.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

C’est un plaisir de regarder un film d’apprentissage qui n’est pas noyé dans l’alcool, les drogues ou les abus sexuels. Les années 1980 étaient-elles vraiment aussi innocentes ?
Pas du tout, mais elles l'ont été pour moi. En effet, les drogues étaient partout et Stella grandit aux Bains Douches, c'est-à-dire un environnement risqué, plein de toxicomanes et de prostituées. Cependant, elle ne boit même pas d'alcool, car elle se sent rejetée par ce comportement. Elle préfère prendre l’aspect positif de la vie, qui se reflète dans sa passion pour la danse. La boîte où elle va pour s’amuser est un point de rencontre pour différents types de personnes issues de différents milieux, donc on peut s'y mélanger à n’importe quelle sphère sociale. Quand elle rate son bac, l'anxiété monte : elle est peut-être en train de dériver et s'engager sur la mauvaise voie – dans les années 1980, il y avait beaucoup d’héroïne, et la fin de la décennie a également connu la menace du SIDA. C’était une époque très difficile de manière générale, mais pour moi, ce club était un lieu heureux. C'est ainsi que le personnage de Stella parvient à se préserver.

C’est aussi un film très atmosphérique. Il semble que vous ayez fait un gros effort pour recréer des décors vintage, des intérieurs typiques de l’époque, etc. Cela a-t-il été difficile ?
Il y avait deux points importants dans ce processus. D’abord, la reconstitution historique de l’époque n’était pas censée devenir un autre personnage dans le film parce que mon approche personnelle était guidée par un sentiment intérieur : je devais rester très proche de sa perception à elle. Bien sûr, tous les détails et toutes les références à l’époque devaient être très précises, mais il ne s'agissait pas d'en faire une obsession non plus. Mon objectif était de rester concentrée sur son regard à elle, qui est essentiel. Bien sûr, j'ai veillé à choisir les bons vêtements et les bons morceaux de musique, mais je n’ai jamais rappelé aux comédiens qu’ils jouaient dans un film en costumes. Je voulais qu’ils jouent naturellement et spontanément. La seule fois où j’ai dû leur rappeler qu’ils jouaient des personnages appartenant au passé, c’était par rapport au langage utilisé, pour qu’ils évitent l'argot contemporain.

Quelles qualités cherchiez-vous, en choisissant vos comédiennes ?
Pour les auditions et les essais filmés, je leur ai fourni des extraits de dialogue mais aussi des choses à faire en danse. Certaines sont des danseuses professionnelles, mais pas toutes. J’ai rencontré Flavie Delangle, qui joue Stella, dès la première semaine et son style de danse m’a convaincue. Ce n'est pas une danseuse professionnelle, mais elle est à l'aise avec son corps et se meut avec beaucoup de naturel. Étant d’un milieu populaire moi-même, j’ai aussi reconnu ça dans sa manière de parler et son langage corporel, ce qui était important pour moi.

Financer un film en costumes qui n’est pas nécessairement relié à l'Histoire ou à la politique n’est pas facile, je suppose. Quel était le point le plus vendeur du film ?
Dès le début, ça a été facile, parce que Stella a eu du succès et que j’avais déjà prouvé que j'étais capable de faire un film en costumes peu onéreux. La popularité du genre récit d'apprentissage a également aidé. Ce pour quoi j'ai dû me battre tient plus aux ambitions du film : les producteurs voulaient plus de danse professionnelle pour pouvoir, ensuite, vendre le film aux chaînes de télévision aussi, alors que j’insistais pour avoir des scènes dansées non-chorégraphiées.

Stella est amoureuse a une fin ouverte. Est-ce que vous prévoyez de faire un troisième chapitre ?
Je n’y ai jamais pensé, mais si je le fais un jour, ce sera sur Stella faisant des films. Puisque le cinéma vit un grand tournant et qu'il est en train de complètement changer, cela pourrait être une bonne occasion pour moi de réfléchir sur la question et d'élaborer une méditation sur l’état de l'art filmique de nos jours.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy