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LOCARNO 2022 Cineasti del presente

Julie Lerat-Gersant • Réalisatrice de Petites

“L’attention des comédiennes était détournée de leur jeu, et cela a rendu l’ensemble bien plus authentique et naturel”

par 

- La réalisatrice française nous parle de son film, où une adolescente doit trouver une manière de se libérer de sa mère pour décider du sort de l’enfant qu’elle-même porte

Julie Lerat-Gersant • Réalisatrice de Petites

Le premier long-métrage de la réalisatrice française Julie Lerat-Gersant a fait sa première au Festival de Locarno dans la section Cineasti del Presente. Petites [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Julie Lerat-Gersant
fiche film
]
est le portrait intime d’une jeune femme qui se bat pour un avenir meilleur, pour elle et l’enfant qu’elle attend. Nous avons interrogé la réalisatrice sur ce qui lui a donné envie de raconter cette histoire, sur son travail avec les acteurs et sur sa méthode pour tourner avec des enfants.

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Cineuropa : Pourquoi avez-vous voulu raconter cette histoire ?
Julie Lerat-Gersant
: J’ai travaillé pendant plusieurs semaines dans un centre maternel, comme tutrice dans le cadre d'ateliers d’écriture destinés à des jeunes filles de 15 et 16 ans. J’ai été impressionnée par le fait qu'à leur jeune âge, elles portent le poids d'autant de responsabilités. Elles naviguent entre leur maternité et leur propre enfance. Cette expérience qu’elle vivent les ramène constamment à leurs propres relations avec leurs parents, particulièrement avec leur mère. J’ai été fascinée par cette répétition des schémas familiaux, que beaucoup d’entre nous connaissent, et me suis demandé comment faire pour échapper à ce cercle vicieux.

Comment avez-vous mené vos recherches et développé le scénario ?
J’ai passé dix semaines dans le centre en question, mais j’ai aussi beaucoup discuté avec des experts, à savoir des éducateurs et des psychologues. En écrivant le scénario, j’étais constamment confrontée à la réalité. Je voulais être aussi réaliste et crédible que possible. Par ailleurs, j’ai été témoin du placement d’un enfant par les services d'aide sociale à l'enfance : j'ai vu combien c'est traumatisant pour l'enfant comme pour la mère. Ça m’a beaucoup touchée.

Est-ce que vous avez aussi travaillé avec des acteurs non-professionnels ? Comment avez-vous trouvé la comédienne qui joue le rôle principal ?
Tous les personnages principaux ont été confiés à des acteurs professionnels. Seuls quelques rôles secondaires sont interprétés par des non-professionnels. Quant à Pili Groyne, qui joue Camille, il nous a fallu longtemps pour la trouver. Nous voulions quelqu’un qui ait une certaine maturité dans son jeu, mais qui soit encore jeune. Nous avons envisagé de prendre une comédienne dans sa vingtaine, mais on voyait qu'elle était plus âgée. Pili est une actrice belge qui a déjà joué dans plusieurs productions. Elle s’est avérée être exactement ce que l’on cherchait.

Comment s'est-elle préparée pour ce rôle ?
Nous avons beaucoup parlé du film et des sujets qu’il aborde. Nous avons discuté de ce que ça signifie qu'être mère, et de la manière dont le personnage réagit aux autres. Je voulais, par exemple, qu'elle voit un reflet d’elle-même dans le personnage de la petite Diana – incarnée, soit dit en passant, par ma fille à moi. Pili et elle ont passé beaucoup de temps ensemble ; elles se sont habituées l'une à l’autre et se sont beaucoup apprécié.

A-t-il été difficile de tourner avec des enfants ?
Avant toute chose, il fallait que tout soit très bien organisé. Il y a des réglementations strictes en France par rapport aux tournages impliquant de jeunes enfants et sur le nombre d’heures qu’ils sont autorisés à passer sur un plateau, par exemple. Nous avons dû traiter avec leurs parents et être précautionneux. Les adultes ont dû s’adapter aux enfants et à leur rythme, mais finalement, ça a eu des très bons effets : l’attention des comédiennes était détournée de leur jeu, et cela a rendu l’ensemble bien plus authentique et naturel.

Est-ce que vous aviez le sentiment que l’histoire vous parlait aussi à vous, personnellement ?
Au début, je pensais qu’il n’y avait rien de moi dedans, mais ensuite, au-delà du fait que mon second prénom est Camille, je me suis rendu compte que c’est un film qui parle d'apprendre à grandir et d'apprendre à se séparer de sa propre mère. Ça m’a rappelé ma propre enfance et ma relation avec ma mère. Plus tard, quand j’attendais ma fille, ma mère est tombée dans le coma j’ai dû commencer ma nouvelle vie de mère sans elle, ce qui a rendu la séparation inévitable.

La caméra est toujours placée très près de Camille. Il n’y a qu'une scène où on ne la voit pas. Quels étaient pour vous les aspects les plus importants de votre approche visuelle ?
Comme c’était mon premier long-métrage, j’ai pris mon temps pour développer son esthétique, avec ma cheffe opératrice. Je voulais que la caméra montre constamment l’héroïne, soit proche d’elle et la montre dans les détails les plus intimes. Nous avons joué avec des gros plans très serrés et des plans plus ouverts, de manière à montrer l’évolution de Camille, qui est d’abord dans l’ombre de sa mère, puis entre dans sa propre lumière. Je voulais aussi que la caméra devienne un élément du groupe. Nous avons essayé de tourner en faisant le moins de coupes possible.

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(Traduit de l'anglais)

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