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KARLOVY VARY 2022 Proxima

Mladen Kovačević • Réalisateur de Another Spring

“C’est une réminiscence intime, surtout au regard de cette nouvelle pandémie, sur des événements qui remontent au début des années 1970”

par 

- Entretien avec le documentariste pour savoir dans quelle mesure c’est le Covid-19 qui l’a amené à évoquer l’épidémie de variole de 1972 en Yougoslavie

Mladen Kovačević • Réalisateur de Another Spring

Après la première mondiale de Merry Christmas, Yiwu [+lire aussi :
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à Rotterdam en 2020, le documentariste serbe Mladen Kovačević allait commencer le tournage d'un projet qu’il prévoyait de tourner dans huit pays. Et puis, bien sûr, il y a eu le Covid-19. "Ç'eût été une folie de se lancer là-dedans avec toutes les restrictions mises en place", a-t-il dit lors de notre entretien, sur le balcon de son hôtel à Karlovy Vary, où son nouveau long-métrage, Another Spring [+lire aussi :
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, a fait sa première dans la section compétitive Proxima.

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Depuis son premier film, 4 Years in 10 Minutes [+lire aussi :
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, réalisé en found footage, Kovačević avait envie d’utiliser de nouveau du matériel d’archives, de sorte que l’idée lui est revenue tout de suite. Parmi les experts médicaux qui ont commencé à apparaître dans les médias, un des plus en vue était le professeur d’épidémiologie Zoran Radovanović, qui a été au coeur de la dernière grande épidémie de variole du monde, survenue en Yougoslavie en 1972, et qui a écrit un livre sur la question, intitulé Variola Vera.

"J’avais le sentiment que ma vie avait soudainement changé, et ça m’a très vite inspiré. Presque le même jour, j’ai pensé à la variola vera et l'épidémie de 1972", se remémore le réalisateur. Dans la foulée, le producteur Iva Plemić Divjak est allé en librairie acheter le livre et ils ont commencé à travailler sur le film. Même si l'ouvrage est le travail d'un professionnel de la médecine et qu'il n'a pas de structure narrative à proprement parler, la chronologie et la chaîne des événements étaient là.

"Dès que vous vous mettez à lire, vous vous rendez compte que la structure est là. C'est ce qui est le plus intéressant pour moi, quand je trouve ces structures présentes naturellement, qui n’ont pas être forcées", explique Kovačević. La première partie de l’histoire, qui raconte comment la variole est arrivée en Yougoslavie depuis le bazar de Bagdad, ressemble à un récit de procédure policière, "mais dès le moment où le narrateur et personnage principal, à savoir le Dr. Radovanović, entre en scène, l'histoire devient plus un thriller, parce qu’ils sont activement en train de se battre contre cette maladie", raconte le réalisateur.

Utiliser le matériel d’archives

La Radio-télévision serbe (RTS), qui a hérité des archives de l’ancienne chaîne TV Belgrade, de l'époque yougoslave, avait encore les images de cette époque, mais rien n'avait été numérisé. Ainsi, quand l’équipe de production les a informés qu’elle faisait un film, ils ont tout scanné en 2K, ce qui a fait de RTS un coproducteur du documentaire. D’autres sources se sont ajoutées : la chaîne kosovare TV Priština, l’antenne de l’armée Zastava Film et les Actualités yougoslaves. Cette diversité signifiait qu’il y avait des écarts dans l'apparence des différents matériels. "Au-delà du fait qu'on a ralenti les images sur plus ou moins toute la durée du film, nous n’avons pas essayé d’unifier visuellement les matériels", explique Kovačević.

En les ralentissant de 30 % par rapport à la vitesse originelle, l'équipe a pratiquement réinterprété les images avec un point de vue ultérieur de 50 ans. "L'idée était que ça aiderait à faire en sorte que les archives ressemblent à des ressouvenirs, qui se forment lentement. Il y a aussi un ton évoquant le thriller, menaçant, car une maladie dangereuse se répand à l'insu de tous, partout dans le pays".

Le design sonore et la musique

Quand vous avez un film qui consiste avant tout en des images d'archives défilant au ralenti, un design sonore réaliste est hors de question. Quand Kovačević, la monteuse Jelena Maksimović et le designer sonore Jakov Munižaba se sont mis à travailler sur le montage, ils ont utilisé de la musique électronique expérimentale yougoslave des années 1960 et 1970, "mais cette musique est très éclectique et impatiente, et elle change d'humeur trop rapidement, se souvient le réalisateur, et je n’aime pas couper les travaux d’autres gens".

Parfois, les décisions créatives viennent de moments d’inspiration ; d’autres fois, elles sont le résultat d’une coïncidence. Il s’est trouvé que cette même semaine, Munižaba a été nommé directeur du studio électronique de Radio Belgrade, qui héberge le légendaire synthétiseur analogique-numérique Synthi 100, fabriqué sur mesure par l'enseigne britannique Electronic Music Studios en 1971. "Certaines des musiques que nous avions utilisées au montage ont en fait été réalisées sur ce synthétiseur, alors j’ai demandé à Jakov : "Pourquoi n'essaierais-tu pas de faire quelque chose de similaire ?'", raconte Kovačević. Cette musique bourdonnante, fortement atmosphérique, est devenue la première bande originale de film qu'ait entièrement composée Munižaba, après plus de 90 travaux en tant que designer sonore.

Le narrateur fiable

Kovačević voulait que le Dr. Radovanović soit le seul à parler dans le film, alors ils ont passé une semaine au studio, pour enregistrer environ 20 heures de matériel audio.

"C’est un narrateur fiable qui a revisité ses souvenirs maintes et maintes fois et qui les a confrontés avec les faits, et ses souvenirs sont complétés par des interviews d’archives, précise le réalisateur. Il raconte la version officielle des événements, mais ce n’est pas un film polémique ou historique : c'est une réminiscence intime, surtout au regard de cette nouvelle pandémie, sur les événements du début des années 1970".

Cette qualité des souvenirs du médecin est renforcée par le fait que l’épidémie de 1972 a marqué le début de la carrière de Radovanović, de sorte qu'on peut imaginer que c'est l’événement le plus important de sa vie professionnelle, or en termes de dramaturgie, plus une chose est importante pour un personnage, plus le film est captivant.

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(Traduit de l'anglais)

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