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CANNES 2022 Séances spéciales

Patricio Guzmán • Réalisateur de Mon pays imaginaire

“L’avenir n'est pas écrit ; ceux qui protestent oeuvrent pour une société qu’ils aimeraient et espèrent voir”

par 

- CANNES 2022 : Le réalisateur chilien décortique pour nous son documentaire, sur les soulèvements qui ont eu lieu dans son pays en octobre 2019

Patricio Guzmán  • Réalisateur de Mon pays imaginaire

En octobre 2019, 1,5 million de Chiliens sont descendus dans les rues de Santiago pour demander des changements dans la constitution, afin de rendre le Chili plus démocratique, d’améliorer les systèmes de l’éducation et de la santé et de permettre la construction d’un nouveau pays. C’est un événement que le réalisateur Patricio Guzmán (Nostalgie de la lumière [+lire aussi :
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]
) attendait depuis toujours, depuis qu’il a participé aux manifestations de 1973. À l’occasion du Festival de Cannes, Guzmán a évoqué pour Cineuropa les raisons pour lesquelles il a réalisé Mon pays imaginaire [+lire aussi :
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interview : Patricio Guzmán
fiche film
]
, qui a été projeté parmi les séances spéciales de l’événement.

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Cineuropa : Avez-vous été surpris par ce qui s’est passé le 17 octobre 2019, ou avez-vous toujours pensé que l’esprit qui avait propulsé Aliende au pouvoir au Chili reviendrait ?
Patricio Guzmán :
Ça a été un choc. Personne ne s’attendait à cela. Du jour au lendemain, un changement s’est produit, et c'était un mouvement sans leader. Il s'est constitué à cause de ce que les gens écrivaient sur internet et puis soudain, tout le monde était dans les rues.

Pensez-vous que les soulèvements réussissent plus difficilement quand ils sont sans leader ?
Ça n'a pas été un problème. Au début, il s'agissait d'étudiants qui manifestaient à propos du métro. L’objectif était clair : se retrouver sur la place et manifester. Ce qui a été surprenant, c’est qu’un million de gens sont descendus dans les rues.

Étiez-vous là comme témoin des faits, et saviez-vous d’emblée que vous en feriez un documentaire ?
Non, j’étais à Paris quand c'est arrivé. J’ai vu tout cela se dérouler à la télévision. Je n’ai décidé de faire ce film qu'après, et puis je suis allé au Chili deux fois, pour enregistrer et filmer ce qui se passait. Nous y sommes allés en octobre et en novembre 2020 pour la première fois. Nous avons eu des difficultés à cause du confinement, les deux fois.

Dans le film, vous faites contraster votre propre expérience dans les années 1970 et le fait d’avoir été emprisonné dans le stade national avec ce qui se passe aujourd’hui. Pensez-vous que ces mouvements sont similaires ?
Non. Ce qui se passe aujourd’hui est très différent de ce qui s’est passé avant. Ce qui est similaire, c’est que les deux sont des moments de protestation. Cependant, deux époques très différentes.

Quelle est la signification de ce titre ? Parce que c’est le Chili : ce n’est pas un pays imaginaire
C’est vrai, ce n’est pas un pays imaginaire. Cependant, c’est un pays difficile et compliqué. Ce que nous entendions par "pays imaginaire", c’est que le futur n’est pas écrit, or ces manifestants s'efforcent d'établir une société qu’ils aimeraient et espèrent voir. C’est le futur pays qui est imaginaire, jusqu’à ce qu’il devienne réalité.

Le film est moins philosophique que certains de vos documentaires antérieurs, et plus direct, aussi. Pourquoi avez-vous décidé de faire cela ?
C’est du reportage. J’ai fait cela parce que c’est la manière la plus directe de raconter cette histoire. Faire ce film a été une décision spontanée. Je voulais montrer ce qui se passait. Point n'était besoin d’en faire une fable.

Comment avez-vous choisi les têtes parlantes qui apparaissent dans le documentaire ?
Nous avions une liste de 40 à 50 femmes. Nous voulions nous concentrer sur la parole des femmes, parce que c’est la grande différence entre les années 1970 et aujourd’hui : le rôle des femmes dans la vie publique. Aujourd’hui, les femmes ont une place centrale dans la vie publique et leur parole est importante, et elle a été particulièrement fondamentale dans le contexte de ce mouvement.

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(Traduit de l'anglais)

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