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CANNES 2022 Hors-compétition

Nicolas Bedos • Réalisateur de Mascarade

“Je ne m’efforce pas, jamais, de faire des films qui soient populaires”

par 

- CANNES 2022 : Le réalisateur français nous parle de sa passion toujours confirmée pour les grandes actrices et de sa présence à Cannes en tant que réalisateur et non en tant que célébrité

Nicolas Bedos  • Réalisateur de Mascarade
(© Magali Bragard)

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, présenté hors-compétition au 75e Festival de Cannes, est le troisième film de Nicolas Bedos à faire sa première sur la Côte d’Azur, un endroit qui a aussi un rôle de premier plan dans le film. Le réalisateur a partagé avec nous certaines pensées sur sa passion irrépressible pour les grandes actrices et sur sa présence au festival en tant que réalisateur et non comme célébrité.

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Cineuropa : Votre film s'ouvre sur une citation de W. Somerset Maugham sur la Côte d’Azur. Dans quelle mesure l'esprit de l'écrivain est-il présent dans ce film ?
Nicolas Bedos :
C'est un auteur que j'adore, en particulier pour sa manière de mêler mélancolie et sarcasme. Il est dur avec ses personnages, comme moi, mais je ressens aussi de l’affection à leur égard, ce qui dans une certaine mesure les rédime à la fin. Il a vécu dans une maison sublime du Cap Ferrat et adore la Côte d’Azur, une Côte d’Azur qui a changé, hélas, avec le passage du temps et la spéculation immobilière.

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. Est-ce que vous le pressentiez, et vous laisseriez-vous pressentir quelque chose de similaire avec Mascarade ?
Je ne sens ni ne sais jamais rien avant. Je commence plusieurs scénarios que j’abandonne ensuite, et il faut beaucoup d’efforts pour vraiment décider que oui, il y en a un sur lequel je veux m’engager et avec lequel je veux passer plusieurs années de ma vie à travailler. Ça ne dépend pas que de l’histoire, mais aussi du sentiment de plaisir qu’il amène, et d'anxiété aussi, pourquoi pas ? Mais je ne m’efforce pas, jamais, de faire des films pour qu'ils soient populaires. Mascarade me fait l'effet d'être un peu plus risqué que La Belle Époque, parce qu’il est beaucoup plus sombre.

La Belle Époque réunissait Daniel Auteuil et Fanny Ardant, et Mascarade a également une troupe prestigieuse, menée par Isabelle Adjani. Cela vous intéresse, de jouer avec les images de ses icônes du cinéma françaises ?
Dans le cas d’Auteuil et Ardant, je me suis contenté de puiser dans leur génie comme interprètes. Avec Adjani aussi mais ici, je me suis effectivement amusé à jouer avec son image, à lui donner une ambivalence. En France, Adjani incarne l’essence même du jeu d'acteur : il y a quelque chose de totalement onirique, chez elle, sa vie même l'est, y compris sur le plan privé, et avec le temps, elle s'est mise à incarner ce que ça signifie pour une actrice de vieillir. Tout cela a fourni des éléments utiles pour composer son personnage dans le film, ce qui est parfait pour nous les voyeurs, les amoureux de films comme celui-ci qui parlent de ces stars de cinéma.

S'agissant de stars de cinéma qui vieillissent, il est presque impossible de ne pas penser à Norma Desmond, le personnage interprété par Gloria Swanson dans Boulevard du crépuscule de Billy Wilder. Est-ce que vous avez mis un peu de Norma dans Adjani, ou avez-vous au contraire essayer de l'éviter ?
J'ai fait exactement ça : j’ai essayé de l’éviter. Sunset Boulevard, mais le symbolisme appuyé et les interprétations emphatiques de l'époque ne fonctionnent plus aujourd’hui. En règle générale, j’essaie de rester à distance de ce qui m'a influencé, au moins consciemment. Au niveau inconscient, je suis sûr qu’elles continuent de me diriger.

Quels genres d’expériences filmiques ou de stars vous ont influencé, ou du moins affecté ?
En voyant L'Enfer de Claude Chabrol, je suis tombé aussi profondément amoureux d'Emmanuelle Béart que François Cluzet dans le film. J'ai perdu la tête pour Meryl Streep dans Le Choix de Sophie et Michelle Pfeiffer dans Les Liaisons dangereuses. Ces trois actrices ont été mes premiers amours, avec ce que cela suppose d'excitation, de langueur amoureuse et de désir physique, et tout ça au cinéma, longtemps avant que je ne tombe amoureux d’une femme en chair et en os. Et j’espère que cette Mascarade que j’ai faite peut honorer une dette que j'avais auprès du cinéma, exprimer ce sentiment de désir et de souffrance que l'amour entraîne, peut-être même pour quelqu’un de 15 ou 17 ans qui rentrerait par accident dans une salle et verrait ce film.

Y a-t-il de grandes actrices françaises avec qui vous aimeriez travailler par la suite ?
Oui, et quand il n'y en aura plus, je n'aurais qu'à prendre un bateau et traverser la Manche, et travailler avec de grandes actrices britanniques.

Faire des films n'est qu’une seule de vos nombreuses activités. En France, vous êtes plus connu devant la caméra, surtout à la télévision. Est-ce que vous sentez la différence dans le contexte d'un festival, où on va se concentrer sur votre travail comme réalisateur ?
C’est ma troisième fois à Cannes avec un film. Au début, ça m’a angoissé, mais maintenant moins – même si je n'arrive toujours pas à y croire. J’ai des interviews avec des journalistes étrangers qui me parlent d'amour du cinéma et de ses mystères. En tant que quelqu’un qui est connu en France, une célébrité dans le vrai sens du terme, je dirais, dans le sens où on discute souvent de ma vie et de ma famille, c’est extrêmement agréable de pouvoir parler de la raison profonde pour laquelle je suis ici, c'est-à-dire du film que je présente.

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(Traduit de l'anglais)

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