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CANNES 2022 Un Certain Regard

Davy Chou • Réalisateur de Retour à Séoul

“Je prends beaucoup de plaisir à aider les réalisateurs à réaliser leur vision, quand j’admire vraiment leur talent”

par 

- CANNES 2022 : Nous avons rencontré le réalisateur franco-cambodgien, qui livre un film impressionnant et intime sur l’adoption et l’identité

Davy Chou • Réalisateur de Retour à Séoul
(© Julien Lienard)

Le réalisateur Davy Chou a présenté son nouveau film Retour à Séoul [+lire aussi :
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à Cannes dans la section Un Certain Regard. Il s’agit de son deuxième long-métrage après Diamond Island [+lire aussi :
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, mais Chou est également très actif en tant que producteur : c’est dans ce rôle qu’il était présent à Cannes l’année dernière avec Onoda, 10 000 nuits dans la jungle [+lire aussi :
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. Nous l'avons interrogé sur son personnage principal, interprétée par une actrice qui fait ici ses débuts à l'écran, sur son approche de la culture sud-coréenne et sur son lien personnel avec l’histoire.

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Cineuropa : D’où vient votre intérêt pour ce sujet ? Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
Davy Chou :
L’idée est née d’une expérience personnelle que j’ai vécue il y a un peu plus de dix ans. Une amie dont je suis proche est née en Corée du Sud, mais vit en France. Elle a vécu les mêmes expériences que l'héroïne de mon film. Nous sommes allés ensemble en Corée du Sud. Au début, il était clair que nous n’irions pas voir son père coréen parce qu’elle avait une relation difficile avec lui, mais ensuite, après quelques jours au Festival du film de Busan, elle m’a soudainement fait part de sa volonté d’aller le voir malgré tout et m’a demandé si je voulais l’accompagner. Quelques jours plus tard, nous avons pris le bus et nous avons fini par nous retrouver face à face avec sa famille : son père et sa grand-mère. Je suis resté sans voix par rapport à cette situation, car j’étais très ému.

Comment avez-vous trouvé votre actrice principale et les acteurs qui jouent sa famille ?
Ça a été très dur de trouver l'actrice principale. Elle devait pouvoir accéder à des états émotionnels très sombres, faits de colère et d’autodestruction, ainsi que naviguer dans des zones plus joyeuses et charismatiques, ou d'autres plus vulnérables. Je me suis aperçue qu’il n’était pas facile de trouver une actrice d’origine coréenne en France. Finalement, j’ai trouvé Park Ji-Min. Elle n’a pas été adoptée, mais elle est née en Corée et elle a déménagé en France à l’âge de huit ans. Elle a ce talent qu’ont les acteurs non-professionnels, celui de ne pas trop montrer son ego. Ensemble, nous avons discuté des dialogues et changé beaucoup de choses.

Je me suis senti très reconnaissant de pouvoir travailler avec de grands acteurs coréens, comme Oh Kwang-Rok, qui joue régulièrement dans les films de Park Chan-wook. Il a une grande sensibilité. Quant à Kim Sun-young, qui joue la tante, c'est l’actrice la plus connue de notre film. Ça a été un privilège de pouvoir travailler avec de tels artistes. Je les ai mélangés avec des acteurs européens. C’était très excitant, de mélanger différentes origines et langues et différents styles de jeu. Je pense que l'idée de mêler des cultures et des identités différentes, et d'en jouer pour montrer à quel point il est difficile, parfois, de créer des liens, est vraiment au cœur du film.

La quête identitaire et celle de la place qu'on a dans la vie est un thème récurrent dans vos films. Selon vous, quel est le moteur de votre envie de faire des films ?
Je pense qu’inconsciemment, bien que ça puisse paraître évident pour certains, mon histoire et mon parcours personnel ont influencé la façon dont je vois les choses et les films que j’ai décidé de faire. Mes parents ont quitté le Cambodge dans les années 1970, juste avant le régime des Khmers rouges. Une grande partie de ma famille est morte sous ce régime, et le reste a décidé de vivre en France. Ainsi, j’ai été élevé dans une sorte ignorance par rapport au Cambodge, et ce n’est qu’à l’âge de 25 ans que j’ai décidé d’y aller et d’en apprendre plus. Tout comme le personnage de Freddie, j’ai commencé à explorer un passé que j'étais conscient d'avoir, mais dont j’ignorais les détails.

Vous étiez présent à Cannes l’année dernière en tant que producteur pour Onoda. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités et vos projets en tant que producteur ?
Je suis producteur depuis 2010. Depuis, je me suis progressivement investi dans l’industrie cinématographique cambodgienne. J’ai été en contact avec des réalisateurs et des aspirants réalisateurs cambodgiens qui voulaient faire des films, mais qui déploraient un manque de producteurs locaux. J’ai senti qu’ils avaient énormément de talent et de choses à dire, et donc j’ai décidé de m’impliquer. Remplir ces deux rôles est assurément difficile, parce qu'il s’agit de deux énergies différentes, qui sont parfois contradictoires. En six ans, j’ai produit environ cinq ou six courts-métrages tout en écrivant mon propre film. Mes deux dernières grosses productions, deux longs-métrages, étaient White Building [+lire aussi :
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, projeté l’année dernière à Venise, et Onoda, à Cannes. Ça a été très stimulant. Je prends beaucoup de plaisir à aider les cinéastes à donner forme à leurs idées, quand j’admire vraiment leur talent, mais je pense que cela m’a également fait grandir en tant que réalisateur, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi à travers les différentes expériences de vie et perspectives.

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(Traduit de l'anglais par Marine Régnier)

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