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PRODUCERS ON THE MOVE 2022 France

Judith Lou Lévy • Productrice, Les Films du Bal

"Marier le plaisir et l’exigence, c’est là que se situe l’expérience de cinéma la plus forte"

par 

- La pilote des Films du Bal, représentante française des Producers on the Move revient sur son parcours, sa ligne éditoriale, ses projets et sa vision de la conjoncture du marché

Judith Lou Lévy • Productrice, Les Films du Bal

Fondatrice en 2011 de la société parisienne Les Films du Bal (qu’elle co-dirige avec Ève Robin), Judith Lou Lévy compte à son actif Le Genou d’Ahed [+lire aussi :
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de Nadav Lapid (prix du jury l’an dernier à Cannes), Atlantique [+lire aussi :
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de Mati Diop (Grand Prix à Cannes en 2019), Funambules [+lire aussi :
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d’Ilan Klipper (ACID Cannes 2020 Hors les murs) et Fort Buchanan [+lire aussi :
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de Benjamin Crotty (Locarno Signs of Life 2014), sans oublier la coproduction entre autres de Zombi Child [+lire aussi :
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de Bertrand Bonello (Quinzaine des Réalisateurs 2019). Elle est représentante française des Producers on the Move de l’EFP de cette année.

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Cineuropa : Pourquoi êtes-vous devenue productrice et quelles ont été les principales étapes de votre parcours ?
Judith Lou Lévy : J’ai eu un parcours universitaire en sciences politiques et le cinéma m’est apparu comme une manière de travailler et de transformer les représentations collectives. Après mon diplôme de Sciences Po Paris en 2007, j’ai travaillé auprès de différents cinéastes et producteurs qu’on pourrait qualifier de radicaux comme Gilles Sandoz et Isild Le Besco. Mais j’ai eu assez rapidement le sentiment que pour développer les films qui m’intéressaient, il fallait que j’ai la responsabilité du choix des projets et de les mener à bien, et j’ai fondé Les Films du Bal en 2011. Dans ce cheminement, j’ai rencontré de jeunes cinéastes, notamment Mati Diop. Nous partagions ce désir de faire exister ce que l’on pourrait appeler des images manquantes et de croiser des influences liées au cinéma de genre comme Fog de John Carpenter avec un travail qu’elle avait initié à Dakar dans son premier court métrage. L’idée était d’échapper aux stéréotypes d’images fabriquées par l’Europe en oeuvrant davantage dans le métaphorique et le genre.

Comment définiriez-vous la ligne éditoriale des Films du Bal ?
Porter, soutenir et défendre des voix très singulières du cinéma d’auteur, mais en les amenant aussi vers des thématiques et des approches qui puissent rencontrer un public large. Car il faut décloisonner ce qui a été longtemps entretenu, cette séparation entre ce qui serait un cinéma d’auteur sérieux nécessitant une forme d’éducation préalable au film et un cinéma davantage de divertissement. Je crois beaucoup au fait de pouvoir marier le plaisir et l’exigence, c’est là que se situe l’expérience de cinéma la plus forte. Avec mon associée, Ève Robin, nous tenons également beaucoup à défendre la salle et à défendre le cinéma dans un moment où l’industrie, notamment en France, est traversée par des questionnements sur la frontière entre l’audiovisuel et le cinéma. Je pense que le cinéma est le fer de lance de l’exception culturelle dans le monde et qu’à ce titre, il faut le défendre dans son régime d’exception, défendre la salle et les auteurs de cinéma car c’est là qu’est le futur de la création. En tous cas, c’est là qu’il faut se battre.

Dans ce contexte et pour les films ambitieux mais exigeants que vous produisez, les coproductions internationales ou les alliances avec des producteurs français sont-elles indispensables ?
Le cinéma représente aussi un univers de création absolument unique car la diversité de sources de financement offre une certaine forme de liberté éditoriale. C’est cette diversité qui permet une grande variété de films. Les coproductions internationales, en particulier européennes sont clairement un moyen de donner à des films d’auteur un souffle très nécessaire par rapport à un marché qui se réduit sur le plan national. Et la solidarité des productrices et producteurs à l’échelle même des pays (comme le pool de sociétés françaises qui s’était constitué pour soutenir Le Genou d’Ahed) peut également être une manière d’avancer ensemble sur des propositions audacieuses.

Quels sont vos projets en cours ?
Nous avons beaucoup de projets de longs métrages qui ont mûri au fil des dernières années. Nous entrons dans un nouveau cycle de production pour 2022-2024. Nous continuons naturellement avec les auteurs que nous avons déjà accompagnés comme Nadav Lapid, Mati Diop (actuellement en production sur un documentaire au sujet politique très fort dont je ne peux pas parler davantage) et Benjamin Crotty (pour un projet très ambitieux en coproduction avec Moonshaker). Mais nous travaillons aussi le cinéma de genre avec deux projets de premiers longs que je vais porter à Cannes pour Producers on the Move. Car les films d’horreur et de science-fiction sont un point de rencontre intéressant entre des auteurs et le marché. Ainsi, le chef-opérateur Tom Harari (qui a travaillé avec son frère Arthur sur Onoda [+lire aussi :
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, mais aussi entre autres pour Katell Quillévéré et Guillaume Brac) va passer à la réalisation avec La Plante, une sorte de film catastrophe autour de l’écologie qui glisse peu à peu vers l’horreur et qui raconte aussi notre appréhension d’un destin qui nous échappe et qui nous sépare, en tant qu’humain, du vivant, avec la revanche d’une créature végétale extrêmement invasive. Nous espérons également tourner à l’automne Vourdalak d’Adrien Beau, une adaptation de la première nouvelle vampirique écrite en Europe au XIXe siècle. Le tout sans oublier, entre autres, un projet de Aude Léa Rapin.

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